Une tribune écrite par Caroline Maitrot-Feugeas, CEO et fondatrice de Nomad Education
L’IA s’installe dans l’école comme hier l’imprimerie, la calculatrice ou Internet. La question n’est plus de savoir si elle y entrera, mais comment l’intégrer, la maîtriser et la transmettre intelligemment.
La peur comme obstacle, la formation comme réponse
Comme pour chaque révolution, la peur domine. Mais la seule manière de la dépasser est la formation. Former les enseignants pour qu’ils comprennent et maîtrisent ces outils. Former les élèves pour qu’ils les utilisent avec vigilance et esprit critique. Former les familles pour qu’elles puissent accompagner leurs enfants.
Le pire des risques serait de laisser l’IA s’imposer sans accompagnement, accentuant la fracture entre ceux qui sauront en tirer parti et ceux qui la subiront.
Redonner au professeur sa place grâce à l’IA
L’IA ne remplacera jamais un professeur. Un enseignant n’est pas un simple transmetteur de savoirs : c’est un pédagogue, un guide, parfois une révélation. Mais l’IA peut renforcer ce rôle, en libérant du temps et en donnant de nouveaux leviers pour accompagner les élèves.
Aujourd’hui, deux formes d’IA transforment l’éducation : la générative, qui enrichit les contenus et multiplie les exercices ; et la recommandation, qui détecte les forces et les lacunes pour proposer des parcours personnalisés. En les combinant, il devient possible de soutenir les élèves en difficulté tout en stimulant ceux qui veulent aller plus loin.
Une opportunité pour réduire les inégalités
Les inégalités sociales restent l’un des principaux défis éducatifs. Selon PISA 2022, dans les pays de l’OCDE, les élèves issus de milieux favorisés obtiennent en moyenne 93 points de plus en mathématiques que les élèves défavorisés (1). L’écart dépasse même ce seuil dans 22 pays et économies. Ces écarts rappellent combien le statut socio-économique continue de peser sur la réussite scolaire.
L’intelligence artificielle peut contribuer à réduire ce fossé, à condition d’être pensée comme un outil de démocratisation et non de sélection. Elle permet de rendre accessibles des ressources de qualité, y compris dans les territoires où le soutien scolaire est rare ou coûteux. En France, le marché du soutien scolaire pèse 2 milliards d’euros, et concerne plus d’1 million d’élèves, la déscolarisation est en hausse, et notre place ne cesse de chuter dans les classements. Dans ce contexte, proposer des alternatives inclusives et accessibles est devenu un enjeu majeur.
Former aujourd’hui pour réussir demain
Le monde de demain sera façonné par l’intelligence artificielle. Ne pas former les jeunes dès aujourd’hui, ce sont les priver des compétences nécessaires à leur avenir. L’école doit assumer cette responsabilité : non pas interdire ou craindre l’IA, mais en faire un objet d’apprentissage. Apprendre à utiliser l’IA, c’est aussi apprendre à douter, vérifier, remettre en cause. Autrement dit, donner aux élèves les moyens de rester acteurs de leur avenir plutôt que spectateurs.
L’IA n’est ni une menace ni une panacée. C’est un outil. Refuser de l’intégrer reviendrait à préparer nos enfants à un monde qui n’existera plus. Notre responsabilité est claire : former, accompagner et transmettre, pour en faire un levier de réussite et non une source d’inégalités.
L’éducation a toujours eu pour mission de préparer les jeunes à la société qui les attend. Cette société sera numérique et augmentée par l’IA. Il est temps d’arrêter d’avoir peur, et de construire une pédagogie à la hauteur de ce défi.
Sources :
(1) OCDE – Résultats du PISA 2022 (Volume I)
À lire également : L’IA en éducation : un défi d’équilibre entre technologie et compétences humaines

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