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De la fréquentation à l’action : quand la donnée réinvente le tourisme

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People enjoying sunset in front of tagus river the seaside in front of Praca do commercio.Portugal. Lisbon. VR environment, technology
Six ans après la pandémie, le tourisme mondial n’a jamais été aussi dynamique. Pourtant, cette vitalité s’accompagne de tensions croissantes : saturation des sites, déséquilibres locaux, enjeux environnementaux… Comment préserver l’attractivité des destinations sans compromettre leur durabilité ? Pour un nombre croissant d’acteurs, une réponse s’impose : mieux piloter, en s’appuyant sur des données disponibles en temps réel.

Un article écrit par Niki Hublot, Country Leader France chez Confluent

 

Une fréquentation record, des tensions accrues

L’Organisation mondiale du tourisme estime que les flux internationaux atteindront 1,8 milliard de voyageurs d’ici 2030. Un chiffre qui illustre le rebond spectaculaire d’un secteur autrefois à l’arrêt. Pourtant, cette reprise s’accompagne d’un constat partagé sur tous les continents : les bénéfices du tourisme ne sont pas équitablement répartis, tandis que les pressions sur les infrastructures, les ressources naturelles et la vie locale s’intensifient.

En France aussi, les exemples se multiplient. Dans les Calanques, près de Marseille, la fréquentation de la crique de Sugiton est désormais encadrée pour en protéger l’écosystème. À Annecy, la régulation des meublés touristiques s’accélère, avec la possibilité de réduire le nombre de jours de location autorisés. Également, depuis cette année, Chamonix exige une autorisation obligatoire et appliquera des quotas pour les locations saisonnières. Autant de mesures qui visent à mieux répartir les flux et à préserver un équilibre fragile.


 

Des données pour agir, pas seulement observer 

Pour opérer cette transition, les données en temps réel constituent un levier puissant. Il ne s’agit plus de collecter des indicateurs une fois par an, mais d’obtenir une visibilité continue sur les usages, les déplacements, les comportements.

Capteurs de fréquentation, données mobiles anonymisées, billetterie intelligente ou encore analyse des réseaux sociaux : autant de sources qui, une fois combinées, permettent d’anticiper les pics de fréquentation, de proposer des alternatives en temps réel ou d’optimiser les infrastructures. L’objectif : mieux répartir les flux, limiter la pression sur les sites sensibles, et enrichir l’expérience des visiteurs comme celle des habitants.

Certaines destinations ont déjà franchi le pas. Florence s’appuie sur l’application Feel Florence pour orienter les touristes vers des lieux moins fréquentés. VisitScotland utilise l’IA et le streaming de données pour aider les zones rurales à mieux gérer les afflux saisonniers. À Abu Dhabi, les responsables du site d’Al Ain, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, pilotent les flux grâce à des capteurs environnementaux et de fréquentation.

 

Réactivité, sécurité, durabilité : une même exigence

Les cas d’usage ne se limitent pas à la gestion des foules. Le streaming de données peut également renforcer la sécurité des visiteurs face aux aléas climatiques, aux mouvements sociaux ou aux incidents imprévus. Dans plusieurs villes, les opérateurs de transport utilisent déjà des flux de données pour alerter en temps réel sur les perturbations, adapter les itinéraires et fluidifier la circulation.

En montagne, des capteurs météo et de fréquentation permettent d’alerter les randonneurs et d’optimiser l’intervention des secours. À l’échelle locale, ces systèmes contribuent à faire du tourisme un levier plus résilient, capable de s’ajuster en continu aux contraintes du terrain.

Des destinations plus intelligentes, plus inclusives

Ce nouveau pilotage suppose évidemment une évolution des pratiques et des infrastructures. Les collectivités, les offices du tourisme, les transporteurs ou encore les opérateurs culturels doivent investir dans des outils capables de capter et traiter des flux de données en temps réel, mais surtout, ils doivent apprendre à collaborer.

Car la puissance de ces données ne réside pas seulement dans leur volume ou leur vitesse, mais dans leur partage. C’est en croisant les expertises et les informations que les territoires pourront faire émerger des modèles touristiques plus justes, plus durables, et plus inclusifs.

 


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