C’est l’une des plaintes les plus courantes sur le lieu de travail aujourd’hui : tout semble important et on n’a jamais assez de temps. Selon le rapport L’Anatomie du travail d’Asana, « 74 % des travailleurs disent qu’ils se sentent obligés d’être productifs plutôt que stratégiques ».
Ce défi est particulièrement marqué dans les environnements au rythme effréné, où la pression d’en faire toujours plus l’emporte souvent sur la capacité à faire des choix judicieux. Lorsque les employés peinent à hiérarchiser leurs priorités, le stress et l’épuisement s’installent, entraînant des échecs dans l’atteinte des objectifs et une perte de direction stratégique. Et lorsque dirigeants et équipes réagissent constamment plutôt que de réfléchir, l’innovation en souffre. Alors, comment les professionnels peuvent-ils améliorer leur capacité à établir des priorités lorsque les demandes ne cessent de croître ? Des experts proposent des solutions pour éviter le piège de l’urgence et maîtriser cette compétence essentielle.
Pourquoi l’établissement des priorités est-il plus complexe qu’il n’y paraît ?
Beaucoup considèrent l’établissement des priorités comme une simple question de discipline ou de gestion du temps. Cependant, au fond, il s’agit avant tout d’une compétence décisionnelle qui nécessite jugement, perspective et une vision claire de ce qui compte réellement, tant pour la tâche immédiate que pour l’ensemble du contexte. Michael Bungay Stanier, auteur de The Coaching Habit, m’a expliqué que les dirigeants confondent souvent activité et progrès. « Nous nous concentrons sur le travail bien fait et manquons l’occasion de faire ce qui est vraiment important », a-t-il commenté. Le problème n’est pas un manque de volonté de prioriser, mais plutôt une incapacité à se poser les bonnes questions sur ce qui mérite réellement de l’attention.
Comment les dirigeants peuvent-ils clarifier l’établissement des priorités au travail ?
L’ambiguïté est l’un des principaux obstacles à une hiérarchisation efficace des priorités. Lorsque les objectifs sont flous, tout semble avoir la même importance, créant ainsi de la confusion et du stress chez les employés, qui ne savent plus quoi privilégier. David Burkus, psychologue organisationnel et auteur de Leading From Anywhere, m’a expliqué que l’une des meilleures choses qu’un dirigeant puisse faire est de surcommuniquer sur ce qui constitue la réussite. « Les gens ont besoin de plus qu’une simple liste de tâches. Ils ont besoin de décisions à prendre », a-t-il précisé. Cette clarté permet aux équipes de faire des choix éclairés et d’aligner leurs efforts sur les résultats essentiels.
Lorsque les organisations définissent des priorités claires et les réexaminent régulièrement, il devient plus facile pour chacun de distinguer l’urgence du travail véritablement stratégique. Cela encourage également une meilleure délégation, collaboration et gestion du temps.
Pourquoi l’émotion joue-t-elle un rôle clé dans l’établissement de vos priorités ?
L’émotion joue un rôle clé dans l’établissement des priorités au travail, bien plus qu’on ne le pense. Même lorsque les objectifs sont clairs, les émotions peuvent compliquer la hiérarchisation des tâches. Parfois, les gens acceptent des missions pour être utiles, éviter des conflits ou prouver leur valeur. Mais dire oui sans réflexion conduit à une surcharge de travail et à des résultats insatisfaisants. Laura Huang, professeure à Harvard et auteure de Edge: Turning Adversity Into Advantage, m’a expliqué comment les professionnels peuvent gérer leur perception et utiliser l’intelligence émotionnelle face aux pressions liées à la priorisation. « Vous ne pouvez pas toujours contrôler ce qui se présente à vous, mais vous pouvez influencer la façon dont les autres perçoivent votre valeur », a-t-elle souligné. Ce conseil est crucial pour ceux qui se sentent obligés d’accepter tout pour préserver leur réputation. Prioriser efficacement consiste à se concentrer sur ce qui compte vraiment.
Les habitudes de priorisation au travail : comment briser le cycle de l’urgence constante
De nombreuses entreprises évoluent sous une pression constante, mais il est crucial de se rappeler que ce qui paraît urgent n’est pas toujours important. Les dirigeants qui confondent urgence et importance risquent de favoriser une culture de l’agitation au détriment de l’impact réel. Pour y remédier, les équipes doivent adopter des réflexes de questionnement avant de se lancer dans une tâche : Quel est le coût de ne pas agir immédiatement ? Quelles priorités abandonnons-nous en acceptant cette tâche ? Résolvons-nous vraiment le bon problème ?
Bien que ces interrogations puissent sembler ralentir l’action, elles permettent en réalité de mieux structurer les efforts. Lorsqu’elles sont systématiquement intégrées, elles aident les équipes à sortir de la réactivité et à se concentrer sur ce qui crée véritablement de la valeur.
Ce qui se passe lorsque les employés apprennent à mieux hiérarchiser leurs priorités
Lorsque les employés apprennent à mieux hiérarchiser leurs priorités, les effets sont rapidement visibles. Les réunions se raccourcissent, les objectifs deviennent plus clairs, et l’impression de courir après le temps disparaît. Mais surtout, c’est la confiance qui en ressort renforcée.
Libérés de l’angoisse d’accepter tout ce qui se présente, ceux qui ont la possibilité de prioriser prennent davantage la parole, demandent des clarifications et concentrent leurs efforts là où cela compte vraiment. Ils n’agissent plus par peur, mais choisissent leurs priorités avec réflexion.
Michael Bungay Stanier a souligné cet aspect essentiel lors de notre échange : « La curiosité est la première étape de l’établissement des priorités. Quand les gens se demandent “Pourquoi ceci ?” au lieu de s’empresser de répondre “Et ensuite ?”, ils se rapprochent d’un travail véritablement significatif. »
Dans un monde où les demandes sont constamment croissantes, l’établissement des priorités devient une compétence clé. Les dirigeants qui en font une compétence à enseigner, plutôt qu’une simple habitude individuelle, placent leurs équipes sur la voie du succès. Cela commence par la clarté, passe par des conversations courageuses, et se termine par la confiance nécessaire pour se concentrer sur l’essentiel. Car, au fond, si tout semble urgent, rien ne l’est vraiment. Les professionnels les plus efficaces ne sont pas ceux qui font tout, mais ceux qui choisissent ave discernement.
Une contribution de Diane Hamilton pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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