Le nombre de personnes sans aucune activité a augmenté de 0,2 % au deuxième trimestre, selon la Dares. La publication de ces chiffres intervient alors que le gouvernement prépare une nouvelle réforme de l’assurance chômage, quelques mois seulement après la précédente.
Ce qu’il faut retenir
Les dernières statistiques de la Dares sur le chômage, publiées ce mardi, peuvent sembler encourageantes à première vue. Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A — c’est-à-dire sans aucune activité — aurait reculé de 5,7 % entre fin mars et fin juin 2025, pour s’établir à 3,2 millions de personnes en moyenne. Cette baisse intervient après une hausse de 8,7 % au premier trimestre.
Toutefois, cette lecture brute est faussée par plusieurs effets mécaniques liés à la réforme de France Travail, entrée en vigueur le 1er janvier. Trois biais principaux perturbent les données : l’inscription automatique de certains publics (notamment les bénéficiaires du RSA et les jeunes), les changements dans les règles d’actualisation, et une baisse des radiations en raison du nouveau régime de sanctions.
Une fois ces éléments neutralisés, on observe en réalité une légère hausse de 0,2 % du nombre de demandeurs d’emploi sans activité. Cela représente environ 6 100 inscrits supplémentaires entre avril et juin. La tendance reste modérée, mais elle confirme un ralentissement persistant du marché du travail.
Pourquoi c’est important à suivre
La publication de ces chiffres intervient à un moment clé pour l’exécutif, qui s’apprête à lancer une nouvelle réforme de l’assurance chômage. Un document de cadrage sera transmis dans les prochains jours aux partenaires sociaux afin d’engager une négociation sur les futures règles d’indemnisation.
L’enjeu est double : garantir la soutenabilité financière du régime tout en renforçant l’incitation à la reprise d’emploi. Le gouvernement vise des économies comprises entre 2 et 2,5 milliards d’euros par an entre 2026 et 2029, voire jusqu’à 4 milliards à terme, selon les estimations du ministère du Travail.
Dans ce contexte, certaines pratiques sont pointées du doigt, notamment les ruptures conventionnelles, parfois perçues comme un outil détourné d’accès aux allocations. Si le Medef reconnaît certains abus, il appelle toutefois à une approche ciblée pour éviter de pénaliser les entreprises qui recourent à ce dispositif de manière légitime.
Citation principale
« Il y a des comportements déviants, je dirais, mais comme il peut y en avoir sur l’assurance-chômage, comme il peut y en avoir sur les arrêts de travail. Ce sont des minorités de gens qui pénalisent en définitive la collectivité », a déclaré Patrick Martin, président du Medef, sur Franceinfo.
Le chiffre à retenir : 3,2 millions de personnes
C’est le nombre moyen de personnes inscrites en catégorie A à France Travail au deuxième trimestre 2025. Une fois neutralisés les effets de la réforme, cela représente une progression de 0,2 %, après une hausse de 0,8 % au premier trimestre. Sur six mois, la hausse atteint environ 31 000 personnes, selon les calculs des Échos.
Ce chiffre souligne que si le marché du travail ne s’effondre pas, il ne montre pas non plus de signes clairs de reprise. Il illustre la complexité croissante de l’interprétation des données statistiques en période de transition réglementaire. Par ailleurs, le nombre de demandeurs d’emploi sans activité reste supérieur de 5 % à celui enregistré un an plus tôt.
À surveiller
L’Insee anticipe une légère hausse du taux de chômage, qui pourrait atteindre 7,7 % de la population active d’ici la fin 2025. Dans ce contexte incertain, la perspective d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage pourrait raviver les tensions sociales.
Les syndicats dénoncent une pression croissante exercée sur les demandeurs d’emploi et les travailleurs précaires, d’autant plus mal perçue qu’un nouvel accord sur la gouvernance du régime est récemment entré en vigueur. Ce texte, signé fin 2024, entérinait le retour des partenaires sociaux dans la gestion du système.
Face aux objectifs budgétaires de l’exécutif, les principales organisations syndicales ont lancé une pétition commune contre ce qu’elles qualifient de « budget Bayrou ». Au 29 juillet, celle-ci avait recueilli près de 275 000 signatures. La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a dénoncé une réforme qui s’apparenterait, selon elle, à « un carnage total pour les demandeurs d’emploi ».
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