Le président américain Donald Trump a annoncé samedi l’instauration de droits de douane de 30 % sur les importations en provenance de l’Union européenne et du Mexique, durcissant ainsi les relations commerciales avec deux partenaires clés des États-Unis, en dépit de longues semaines de négociations.
Faits marquants
- Samedi matin, Donald Trump a publié sur son compte Truth Social deux lettres adressées à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et à la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, les informant que l’administration Trump imposait des droits de douane de 30 % sur leurs importations.
- Les droits de douane devraient entrer en vigueur le 1er août et ne comprennent pas de droits de douane distincts sur des secteurs spécifiques, tels que l’acier ou l’automobile.
- Le tarif de 30 % imposé à l’Union européenne a pris de court les responsables européens. Des sources proches des négociations indiquaient en effet que Bruxelles était en pourparlers avec l’administration Trump pour maintenir le taux tarifaire existant de 10 %. Contrairement à d’autres pays, les représentants de l’UE pensaient échapper à une notification officielle imposant de nouvelles taxes. L’annonce de Washington est donc apparue comme une rupture soudaine du dialogue en cours.
- Dans la lettre adressée au gouvernement mexicain, Donald Trump reproche au pays son incapacité à enrayer le trafic de fentanyl vers les États-Unis, imputant cette défaillance aux cartels de la drogue. « Le Mexique m’a aidé à sécuriser la frontière, MAIS ce que le Mexique a fait n’est pas suffisant », écrit-il, soulignant une coopération jugée insuffisante par Washington.
- L’avenir du tarif de 30 % reste incertain. Dans sa lettre, Donald Trump avertit que ce taux pourrait encore être relevé si l’Union européenne ou le Mexique venait à riposter. Malgré cette mise en garde, les deux partenaires pourraient poursuivre les négociations avec Washington d’ici à la date butoir du 1eraoût, dans l’espoir d’éviter une nouvelle escalade commerciale.
- Donald Trump laisse entrevoir une possible baisse du tarif de 30 %, à condition que les pays concernés fassent des concessions. Il évoque notamment la suppression des barrières commerciales aux importations américaines. Dans le cas du Mexique, il lie explicitement un éventuel allègement des droits de douane à l’arrêt complet du trafic de fentanyl vers les États-Unis.
Quelle a été la réaction des pays concernés ?
Le Mexique ne s’est pas encore exprimé sur les nouveaux tarifs douaniers annoncés par Donald Trump. En revanche, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a vivement réagi dans un communiqué publié samedi. Elle a dénoncé une mesure susceptible de perturber « des chaînes d’approvisionnement transatlantiques essentielles », au détriment des entreprises, des consommateurs et des patients des deux côtés de l’Atlantique.
Sans annoncer de mesures de rétorsion immédiates, Mme von der Leyen a toutefois prévenu que l’Union européenne « continuerait à œuvrer en vue d’un accord d’ici au 1er août », tout en soulignant que Bruxelles se tenait prête à adopter « toutes les mesures nécessaires pour défendre les intérêts de l’UE, y compris des contre-mesures proportionnées si besoin ».
Quels produits sont visés par ces droits de douane ?
L’Union européenne a exporté pour 605,8 milliards de dollars de marchandises vers les États-Unis en 2024, ce qui en fait collectivement le plus grand partenaire commercial de Washington. Parmi les produits européens susceptibles d’être frappés par la nouvelle taxe de 30 % figurent les machines, les équipements électriques, l’électronique, les dispositifs optiques, photographiques et médicaux, ainsi que les avions, les plastiques, les boissons et les cosmétiques.
Les produits pharmaceutiques, principale exportation de l’UE vers les États-Unis cette année, échappent pour l’instant à ces nouvelles mesures. Donald Trump a toutefois évoqué la possibilité d’imposer des droits de douane de 200 % sur ce secteur stratégique.
Le Mexique, autre partenaire commercial majeur avec 505,9 milliards de dollars d’exportations vers les États-Unis en 2024, pourrait également être impacté. Les produits les plus exposés sont les automobiles et pièces détachées, l’électronique, les machines, les produits agricoles, le pétrole et les équipements médicaux. Néanmoins, l’administration Trump a prévu des droits de douane spécifiques pour l’automobile, et de nombreuses incertitudes subsistent quant à la portée exacte du tarif de 30 %.
Les produits couverts par l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), tels que les avocats, les fruits et légumes, le caoutchouc ou encore certains plastiques, seraient exclus du dispositif. Des responsables de l’administration ont suggéré que le taux distinct de 35 % imposé au Canada suivrait une logique similaire, mais aucune clarification n’a encore été donnée concernant l’application des nouveaux droits sur les exportations mexicaines.
Contexte clé
Les courriers adressés par Donald Trump à l’Union européenne et au Mexique s’inscrivent dans une nouvelle salve de notifications envoyées ces derniers jours par son administration à plusieurs partenaires commerciaux majeurs. Outre l’UE et le Mexique, des pays comme le Japon, la Corée du Sud, le Canada et le Brésil sont également visés par de nouveaux droits de douane.
Ces mesures relancent la politique tarifaire du « Jour de la libération », une initiative de Trump prévoyant des taxes douanières massives sur la quasi-totalité des pays partenaires. Brièvement appliquée en avril, cette offensive avait provoqué une forte chute des marchés, poussant l’administration à suspendre les tarifs pendant 90 jours.
À l’époque, les responsables de la Maison Blanche s’étaient engagés à profiter de cette trêve pour conclure rapidement des accords commerciaux, promettant « 90 accords en 90 jours ». Or, seuls quelques accords ont été officiellement signés, notamment avec le Royaume-Uni, le Vietnam et la Chine.
Face à l’absence de progrès, Donald Trump a décidé de reprendre la main en notifiant unilatéralement l’instauration de nouveaux droits de douane, par le biais de lettres envoyées dès lundi. Dans le même temps, son administration a prolongé la trêve tarifaire jusqu’au 1er août. Le président américain, toutefois, entretient le flou sur la possibilité d’une nouvelle prolongation, multipliant les déclarations contradictoires à ce sujet.
Un article de Alison Durkee pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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