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Si j’étais candidat… Stanislas de Rémur, CEO et cofondateur d’Oodrive : « Je mettrais rapidement en place l’autonomie numérique française. »

Oodrive

Tandis que 80 % du Cloud mondial est entre les mains d’une poignée d’hébergeurs américains ou chinois, et alors même que la data représente « l’énergie de demain », il est temps que les données stratégiques des entreprises et administrations françaises soient mises en lieu sûr. Pour cela, si j’étais candidat, je proposerais une série de mesures, afin de sécuriser cette data sensible.

 

En droit français, une donnée sensible représente une catégorie particulière de données à caractère personnel, relevant d’informations liées à une personne, telles que son origine, sa génétique, ses opinions politiques, sa santé, son orientation sexuelle, etc. Au sein de l’entreprise, cette définition peut être étendue à d’autres informations éminemment critiques ou stratégiques, liées à des accords, des contrats, la politique salariale, des brevets, des business plans etc…

On comprend rapidement l’enjeu qu’il y a à maintenir ces informations en lieu sûr et à tout faire pour éviter qu’elles ne soient pillées, détournées ou supprimées. Dans un but de clarification, je commencerais par mobiliser les acteurs et instances représentatifs du numérique pour créer un référentiel commun et officiel, permettant d’identifier et de classifier les différents types de données en fonction de leur valeur, de leur caractère et/ou de leur sensibilité. 

 

Stanislas de Rémur, CEO et cofondateur d’Oodrive

 

Imposer l’hébergement des données sensibles auprès d’acteurs européens référencés

Une fois ce référentiel validé, j’imposerais aux très grandes entreprises françaises (+ de 5 000 salariés) et OIV/OSE (Opérateurs d’Importance Vitale & Services Essentiels), de classer leurs données d’ici fin 2022. Elles auront par ailleurs l’obligation légale d’héberger celles définies comme « sensibles » dans les datacenters d’acteurs exclusivement français ou européens d’ici fin 2023. Cet impératif pourrait être étendu 1 an plus tard aux entreprises de plus de 250 salariés. Une instance de contrôle devra alors être mise en place pour garantir la bonne exécution de cette obligation.

Cela nécessitera au préalable de référencer les hébergeurs dont le siège social, la cotation boursière et la majorité entrepreneuriale sont 100 % français ou européens. En effet, un siège social enregistré en France ne suffit pas à garantir la nationalité des entreprises, qui peuvent être détenues par des fonds extra-européens. 

Par ailleurs, je sensibiliserais le reste du secteur professionnel à ces enjeux économiques et géopolitiques d’indépendance numérique française. Dans cette optique, l’État devra lui-même se montrer exemplaire, afin d’impulser le changement. 

 

Homogénéiser les politiques cyber au niveau européen

L’ensemble de ces obligations s’accompagnera de la nomination d’un Coordinateur Cyber dans chaque pays européen, afin de coordonner l’action des États pour lutter contre les cybermenaces qui explosent. Cette recommandation est aujourd’hui soutenue par de nombreux acteurs et associations. Ce modèle existe déjà pour le traitement des données personnelles. Chaque pays européen dispose, en effet, d’un organisme équivalent à la CNIL, dont les représentants se rencontrent régulièrement pour établir des règles du jeu communes. Il est important de conduire la même démarche dans le cadre de la cybersécurité. Actuellement, celle-ci est gérée de façon autonome par chaque pays, avec des niveaux de sécurité très hétérogènes. Une politique cyber commune et exigeante sera la garantie d’une meilleure protection des données sensibles de nos entreprises. 

Enfin, toutes ces mesures permettront le déploiement à l’échelle française d’une totale étanchéité aux lois non européennes et garantiront enfin, aux données personnelles des citoyens, une immunité optimale. 

 

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