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Quel impact le plan IA de Trump pourrait-il avoir sur les conseils d’administration ?

Trump
Le président américain Donald Trump. Source : Getty Images

Le plan d’action de Donald Trump sur l’intelligence artificielle, intitulé « Gagner la course à l’IA : le plan d’action américain pour l’IA » et dévoilé mercredi, détaille les opportunités et les défis technologiques auxquels devront faire face les dirigeants d’entreprise américains.

 

D’une part, le plan affiche un objectif ambitieux : accélérer les efforts des États-Unis pour asseoir leur leadership mondial dans le domaine de l’intelligence artificielle et de ses infrastructures stratégiques.

D’autre part, la volonté de limiter ce que l’administration considère comme une réglementation gouvernementale trop contraignante pourrait inciter les entreprises à compenser en instaurant elles-mêmes des garde-fous internes plus robustes pour gérer les risques liés à l’IA.


 

Que contient le plan d’action de Trump sur l’IA ?

Le président américain a dévoilé un ambitieux plan d’action pour faire des États-Unis un leader incontesté de l’intelligence artificielle. Composé de plus de 90 mesures fédérales, ce programme s’articule autour de trois axes : accélérer l’innovationbâtir l’infrastructure américaine de l’IA et renforcer le leadership diplomatique et sécuritaire à l’international.

Concrètement, le plan mise sur l’exportation des technologies d’IA « made in USA », la construction accélérée de centres de données, la suppression de réglementations fédérales jugées trop contraignantes pour l’innovation, ainsi qu’une révision des règles de marchés publics afin de favoriser des modèles d’IA considérés comme factuellement fiables et idéologiquement neutres.

Le New York Times a décrit ce programme comme une « ouverture totale » offerte aux entreprises pour développer l’IA sans encadrement réel ni garde-fous, tout en insistant sur l’importance d’une IA dépourvue de tout biais partisan.

Le cœur du plan repose sur une idée simple : pour dominer la course mondiale à l’IA, les États-Unis doivent privilégier l’agilité plutôt que la régulation. Une vision qui tranche nettement avec celle de l’Union européenne, qui mise au contraire sur un cadre réglementaire strict pour encadrer cette technologie.

En parallèle, Trump a signé trois décrets : l’un interdit à l’administration fédérale de recourir à des systèmes d’IA jugés idéologiquement orientés, un autre accélère certains projets d’infrastructure en IA, et le dernier facilite l’exportation de technologies d’IA développées sur le sol américain.

 

Comment les entreprises réagissent-elles au plan IA de Trump ?

Face au plan d’action de Trump sur l’intelligence artificielle, les conseils d’administration des grandes entreprises pourraient emprunter deux voies stratégiques.

La première consisterait à engager un dialogue approfondi entre les administrateurs et la direction pour évaluer les implications du plan sur la stratégie IA de l’entreprise. Cela inclurait la mise en place de mécanismes internes de suivi, ainsi que l’identification des opportunités ouvertes par cette politique fédérale pour renforcer les capacités d’acquisition et de déploiement de technologies d’IA.

La seconde approche, plus délicate, soulèverait des interrogations sur les risques : en réduisant fortement l’intervention réglementaire de l’État, ce plan pourrait transférer davantage de responsabilités aux entreprises en cas de dérives. Les conseils d’administration devront donc évaluer si cette nouvelle liberté ne s’accompagne pas d’un surcroît de risques juridiques et réputationnels.

Dans les deux cas, ces réflexions devront s’appuyer sur une évaluation lucide des compétences internes du conseil d’administration en matière d’IA. Est-il suffisamment outillé pour encadrer et surveiller l’intégration croissante de l’IA dans les activités de l’entreprise ?

Pour guider cette introspection, le rapport 2024 de la Commission d’experts de la National Association of Corporate Directors, intitulé Technology Leadership in the Boardroom, pourrait servir de référence utile.

 

Une gouvernance de l’IA fiable, sûre et digne de confiance

Des discussions plus franches sur la responsabilité et les risques permettraient d’évaluer la nécessité de renforcer les mécanismes de contrôle de l’IA au sein des conseils d’administration, avec l’instauration de normes spécifiques garantissant fiabilité, sécurité et confiance. Par ailleurs, les conseils pourraient s’interroger sur l’opportunité d’une supervision accrue afin de prévenir et gérer les problèmes récurrents liés à une utilisation irresponsable de l’IA, tels que la fraude, la discrimination, les biais, la désinformation, les pratiques anticoncurrentielles, ainsi que les impacts sur l’emploi et l’autonomie des travailleurs.

Les conseils d’administration devraient également consulter leurs experts pour déterminer s’il convient d’élargir leurs programmes de conformité, notamment pour anticiper d’éventuelles politiques gouvernementales sur l’objectivité des systèmes d’IA, ainsi que leur gestion de sujets sensibles comme la diversité, l’équité, l’inclusion, le changement climatique ou la lutte contre la désinformation.

S’engager dans cette démarche demandera aux conseils un investissement conséquent en temps, en analyses, en évaluations, en débats internes et en consultations externes, bien au-delà de leurs efforts actuels dans le domaine de l’IA.

La grande question de gouvernance soulevée par ce plan d’action est de savoir si les conseils d’administration décideront de compenser le manque de régulation globale de l’IA par une supervision interne renforcée, et s’ils pourront le faire sans engendrer une lourdeur bureaucratique coûteuse.

 

Une contribution de Michael Peregrine pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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