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Les élections présidentielles sont-elles une chance pour nos médias déclinants ?

Si on regarde ce qui s’était passé aux États-Unis en 2017, on peut le croire. Les abonnements au Washington Post avaient triplé, ceux du New York Times avaient doublé et même des journaux moins partisans, plus business, avaient vu leurs abonnements augmenter considérablement.

 

Les médias généralistes français vont-ils connaître un âge d’or ?

Dans notre France d’aujourd’hui qui est, depuis les gilets jaunes, dans une atmosphère relativement gazeuse, la phrase d’un politique sur l’inflation, sur le pass vaccinal ou sur l’immigration peut-elle devenir l’allumette qui enflammera les débats et qui relancera ainsi la lecture des médias d’opposition audit politique ?

 

Prise de conscience des journalistes de leur responsabilité sociétale et relance de l’audience

Tout d’abord, certains, vexés du succès non anticipé dans les sondages de certains candidats, risquent de se mettre à afficher ouvertement des opinions pas toujours objectives, en ne citant que les idées subversives, et, sans s’intéresser aux Français d’à côté.

Savoir aussi que, depuis quelques années, la circulation circulaire de l’information, ou déluge d’informations formatées diffusées par les News Chanels les avaient amenés à prendre des risques avec la qualité desdites informations, et cela avait généré une relative perte de crédibilité.

Avec cette élection, certains médias pourraient être amenés à clarifier leurs bonnes pratiques, en recommandant à leurs troupes de ne pas exprimer d’opinions trop partisanes et de s’abstenir de faire la promotion de leurs visions politiques.

Mais, devant la polarisation des débats et le besoin de polémiques, ces recommandations pourraient vite être oubliées.  Cela est à déplorer.

 

Ne pas oublier que, parmi les procédés pour convaincre en politique, la vérité est assez souvent exclue.

Sans vouloir être critique, le discours n’est souvent qu’un instrument d’obtention du pouvoir. Car il faut bien admettre qu’en politique, si on veut conserver une bonne santé mentale, il vaut mieux avoir la mémoire courte. Deux exemples, la dénucléarisation et la désindustrialisation qui étaient vantés par la plupart des politiques au cours des vingt dernières années et qui, se révélant parfois utopiques, semblent aujourd’hui subitement passées de mode.

 

Pourquoi les candidats populistes pourraient relancer les médias ?

Parce qu’au cours des vingt-cinq dernières années, l’alternance ayant remplacé l’alternative, l’aménagement du statu quo prévalait, les candidats ne s’affrontant que sur des sujets sociétaux, et très peu sur les sujets économiques ou géopolitiques.  Le résultat fut que nos présidents étaient trop souvent élus par défaut, une majorité de citoyens votant pour quelqu’un d’autre ou plus généralement s’abstenant.

Cette année en fait, avec la multiplication des candidats « non alignés » sur ce statu quo, et qui se retrouvent face à des candidats ayant changé de camps, les électeurs ont pris conscience qu’ils étaient face à une sorte de fiction de démocratie représentative, et qui dit fiction dit un peu télé-réalité, dit aussi addiction aux polémiques.  

 

Quand les candidats se transforment en acteurs, polémistes et influenceurs

La politique c’est devenu un métier coaché par des communicants spécialistes en éléments de langage, en discours, en image, en rhétorique. Et pour être élu, acheté, il faut être le meilleur comédien influenceur. On a tous remarqué qu’on voit de plus des politiques verser une larme lors d’un évènement.  Grace ou à cause de cela, la politique est devenue un divertissement dont on mesure l’audience, le nombre d’auditeurs, de téléspectateurs et de lecteurs.  

Et ceux qui réussissent, qui génèrent donc de l’audience, du lectorat, sont ceux qui ont de l’éloquence, une force de conviction, d’improvisation, qui maîtrisent la rythmique, le suspens, la gestuelle, le crescendo, et eux seuls peuvent relancer le business des médias, de plus en plus à l’affût de ces polémiques.  

 

Ce rebond d’intérêt pour les médias peut-il durer ?

Depuis 30 ans, comme évoqué, la compétition entre candidats plus ou moins sociaux-démocrates ne s’opposant que sur des sujets sociétaux, la politique « consensuelle » mobilise de moins en moins. De nouvelles philosophies politiques sont donc apparues pour remobiliser les jeunes, friands de réseaux sociaux ceux-ci ayant vu l’envers du décor, avaient perdu tout intérêt pour les élections. D’où ce nouveau segment de marché ou philosophie politique alternative, l’écologie et le changement climatique. Et c’est bien vu, car tout ce qui s’y oppose est perçu comme idéologiquement réactionnaire, donc excessivement facile à combattre.

En générant de plus en plus des affrontements pimentés, chaque camp fabrique des ennemis de l’intérieur, donc alimente les polémiques, donc génère de l’addiction en amenant à ses « followers » la nourriture mentale qu’ils souhaitent recevoir, et cela est bon pour les médias. En résumé, il semblerait que tout le monde y trouve son compte.  

La seule vraie question à se poser aujourd’hui est : cela n’est-il pas très néfaste pour notre loufoque démocratie qui s’essouffle ?

 

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