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Les données objectives et les prévisions présentent deux scénarios bien différents sur l’impact des droits de douane aux États-Unis

Droits de douane
Donald Trump. | Source : Getty Images

Il existe une différence flagrante entre les récentes nouvelles économiques positives et les prévisions, y compris les propres suggestions du président américain Donald Trump concernant les droits de douane.

 

Le rapport sur l’emploi du mois d’avril était solide, avec 177 000 créations d’emplois et un taux de chômage stable à 4,2 %. Plutôt qu’une forte hausse des prix, il y a eu une légère désinflation jusqu’en mars 2025. Le marché boursier s’est fortement redressé après les creux d’avril. Ce sont là de bonnes nouvelles qui laissent présager un impact limité des droits de douane sur l’économie américaine au cours des premiers mois de 2025.

Cependant, les prévisions pour l’économie américaine restent globalement pessimistes. Selon une étude de l’université du Michigan, les enquêtes auprès des consommateurs montrent une baisse de la confiance dans l’économie. Même Donald Trump a récemment fait preuve de prudence concernant les droits de douane. Il a suggéré que les enfants devraient réduire leurs achats de poupées et de crayons, comme le rapporte USA Today.

Le président américain a toutefois rejeté l’idée que les droits de douane pourraient entraîner une hausse des prix, affirmant : « Non. Je pense que les droits de douane vont être très bénéfiques pour nous, car ils vont nous rendre riches. »

 

Le risque de récession

Les marchés prédictifs voient une probabilité élevée de récession aux États-Unis en 2025. Le site de prévisions Kalshi estime actuellement cette probabilité à un peu plus de 60 %. Cette prévision est davantage fondée sur les données actuelles, car la croissance américaine a effectivement ralenti au premier trimestre, selon les dernières estimations du Bureau of Economic Analysis.

Toutefois, ce ralentissement était largement dû à la hausse des importations avant l’entrée en vigueur des droits de douane et ne semblait pas indiquer un véritable affaiblissement de la consommation américaine, qui est souvent à l’origine des récessions.

En règle générale, deux trimestres de croissance négative sont synonymes de récession. Néanmoins, cela semble peu probable au premier semestre, car les prévisions de croissance économique des réserves fédérales d’Atlanta et de New York indiquent une croissance positive au deuxième trimestre, même si de nombreuses données économiques supplémentaires doivent encore être publiées. Ces prévisions seront mises à jour au fur et à mesure.

 

Les données à venir

Bien sûr, les données actuelles solides et les prévisions négatives pourraient toutes deux se révéler exactes si l’économie venait à s’affaiblir dans les prochains rapports. Cependant, les principales mesures tarifaires ont été annoncées en avril, et le chômage est resté stable ce mois-là.

Néanmoins, les entreprises commencent à revoir leurs prévisions financières pour 2025 face à l’incertitude. Par exemple, le fabricant de jouets Mattel a retiré ses prévisions dans son rapport sur les résultats et a déclaré qu’il prévoyait de prendre des mesures, notamment « si nécessaire, des mesures tarifaires dans ses activités aux États-Unis ». Cependant, l’entreprise « accélère également la diversification de sa chaîne d’approvisionnement et réduit davantage sa dépendance vis-à-vis des produits provenant de Chine ».

Ford a récemment estimé dans son rapport sur les résultats que les droits de douane pourraient réduire son bénéfice avant intérêts et impôts de 1,5 milliard de dollars en 2025.

 

La baisse des voyages vers les États-Unis

Une conséquence secondaire des politiques américaines semble être la baisse du nombre de visiteurs internationaux dans le pays. Le tourisme européen vers les États-Unis semble avoir fortement diminué selon les données communiquées en mars, mais il est possible que le changement de date de Pâques ait eu une incidence, celle-ci tombant en mars en 2024 et en avril en 2025.

De plus, il n’y a pas nécessairement de cause directe liée aux droits de douane, car le tourisme vers les États-Unis pourrait avoir baissé en réaction à une politique américaine plus isolationniste en général. Les touristes ne paient pas de droits de douane spécifiques. Cela dit, les Américains eux-mêmes semblent continuer à voyager à un rythme similaire à celui d’avant, même si le nombre d’arrivées internationales est en baisse.

 

À surveiller

Les données économiques à venir seront déterminantes. Les rapports sur l’emploi pour mai et juin seront publiés respectivement le 2 juin et le 3 juillet et seront suivis de près. Si ces rapports ne font état d’aucun impact des droits de douane, les données et prévisions peu encourageantes pourraient alors s’avérer excessivement pessimistes.

Les données sur l’inflation seront également importantes pour évaluer l’ampleur de l’impact des droits de douane sur les prix. L’inflation de l’indice des prix à la consommation pour avril, dont la publication est prévue le 13 mai, devrait être relativement modérée. Toutefois, les publications de l’indice des prix à la consommation (IPC) pour les mois suivants pourraient être plus révélatrices en ce qui concerne les droits de douane.

Les publications de l’indice des prix à la production (IPP) pourraient également être utiles, car l’IPP permet de saisir les variations de prix des matières premières et des produits intermédiaires en amont des consommateurs, qui pourraient en ressentir les effets dans les mois suivants. Les données de l’IPP pour avril seront publiées le 15 mai, et celles de mai le 12 juin.

Pour l’instant, malgré toutes les craintes liées aux droits de douane, les données économiques concrètes, malgré une croissance négative au premier trimestre, sont peut-être étonnamment solides compte tenu des nombreuses prévisions négatives.

Il faudra plusieurs mois avant que les économistes puissent commencer à évaluer pleinement l’impact des droits de douane, qui sont bien sûr susceptibles d’être négociés et ajustés, ce qui crée une incertitude supplémentaire. Pour l’instant, on observe une combinaison relativement inhabituelle de préoccupations économiques élevées et de données économiques globalement solides.

 

Une contribution de Simon Moore pour Forbes US, traduite par Flora Lucas


À lire également : Que révèlent les premières données sur l’impact des droits de douane sur l’économie américaine ?

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