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L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel rejette toute accusation de complaisance à l’égard de Moscou

Angela MerkelSource : Getty Images

L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a affirmé que la Russie aurait envahi l’Ukraine bien plus tôt sans les mesures prises par l’Allemagne et ses alliés. Les responsables allemands sont confrontés à des accusations selon lesquelles leurs liens économiques historiquement forts avec la Russie constituent une forme de complaisance à l’égard de Moscou.

 

Principaux faits

  • Dans sa première interview depuis qu’elle a quitté ses fonctions il y a près de six mois, Angela Merkel aurait défendu son opposition au lancement du processus d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN en 2008, une décision qualifiée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky de « mauvais calcul ». La même année, l’OTAN avait accepté que l’Ukraine rejoigne l’alliance, mais sans toutefois fixer de calendrier précis.
  • Angela Merkel a fait valoir qu’à l’époque de la décision de 2008, l’Ukraine souffrait de corruption et n’avait pas de gouvernement démocratique stable. Elle a ajouté que Vladimir Poutine aurait réagi avec colère si l’Ukraine – un ancien État soviétique que la Russie cherche à maintenir dans son orbite depuis des décennies – avait rejoint l’alliance de l’OTAN, selon une traduction de ses propos par l’Associated Press.
  • Angela Merkel a également défendu le rôle de l’Allemagne dans la négociation des accords de Minsk de 2014 et 2015. Ces accords avaient permis d’ouvrir un dialogue sur l’autonomie gouvernementale pour deux régions de l’est de l’Ukraine qui ont été partiellement reprises par des séparatistes soutenus par la Russie à partir de 2014, termes auxquels l’Ukraine s’était opposée, selon la traduction de Politico.
  • Angela Merkel aurait déclaré qu’elle ne s’excuserait pas pour ces positions, arguant que, même si elle n’avait pas abouti, la diplomatie avec la Russie n’était pas nécessairement mauvaise. Elle a par ailleurs concédé qu’elle n’avait pas réussi à construire une « architecture de sécurité » pour empêcher l’invasion.
  • Angela Merkel a ajouté que l’invasion de l’Ukraine était « une grosse erreur de la part de la Russie », selon l’AP.
  • Angela Merkel a admis que les sanctions contre la Russie après l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014 « auraient pu être plus fortes », mais a déclaré que des mesures de cet ordre n’étaient pas fortement soutenues à l’époque, selon la traduction de l’AP.

 

Citation importante

« J’ai essayé de travailler dans le sens de la prévention des méfaits », a déclaré Angela Merkel, selon Politico. « Et si la diplomatie ne réussit pas, cela ne veut pas forcément dire qu’elle s’était trompée. Je ne vois donc pas pourquoi je devrais dire : « c’était une erreur ». Et donc je ne m’excuserai pas ».

 

Le contexte

Bien que les relations entre Merkel et Poutine aient souvent été tendues, l’Allemagne et la Russie ont été étroitement liées par le commerce : en 2021, la Russie a fourni environ 55% des importations de gaz naturel de l’Allemagne, 35% de ses importations de pétrole et 50% de ses importations de charbon. Mme Merkel et ses partisans ont fait valoir que le renforcement des relations commerciales avec la Russie pourrait contribuer à lier la Russie à un système international multilatéral et fondé sur des règles. Ses détracteurs ont accusé le gouvernement Merkel de privilégier les intérêts économiques de l’Allemagne par rapport aux préoccupations internationales en raison de la dépendance de l’Allemagne à l’égard de l’énergie russe, une ligne de critique qui s’est accentuée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février. Après l’invasion, l’Allemagne a d’abord hésité à soutenir des restrictions radicales sur les importations d’énergie russe, arguant que de telles mesures nuiraient davantage à l’Union Européenne qu’à la Russie. Toutefois, l’Allemagne s’est depuis engagée à interdire les importations de pétrole russe d’ici à la fin de l’année et espère mettre fin à sa dépendance à l’égard du gaz naturel russe d’ici à 2024. Peu avant l’invasion, l’Allemagne a annulé le gazoduc Nord Stream 2, toujours inachevé, reliant la Russie à l’Allemagne, privant potentiellement la Russie de dizaines de milliards de dollars de revenus.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Zachary Snowdon Smith

 

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