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De la grande distribution au gouvernement : qui est Serge Papin, le nouveau ministre des PME ?

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Sege papin a été nommé ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat dans le gouvernement de Sébastien Lecornu, un portefeuille stratégique dans un contexte économique incertain.
Figure consensuelle de la grande distribution, il hérite d’un portefeuille stratégique dans un climat économique tendu, où les petites entreprises réclament visibilité et réformes concrètes.

Il a longtemps incarné une grande distribution plus humaine, attachée à la coopération plutôt qu’à la confrontation. À 70 ans, Serge Papin, ancien PDG de Système U, revient sur le devant de la scène, cette fois sous les ors de la République. Le Vendéen a été nommé ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat dans le gouvernement de Sébastien Lecornu – un portefeuille stratégique dans un contexte économique incertain [et socialement fracturé.

Fils d’épiciers, autodidacte passé par un BEP de commerce, Papin a fait ses armes dans les rayons avant d’en gravir tous les échelons. Entré chez Unico dans les années 1970, il rejoint ensuite la centrale régionale de Système U, dont il prendra la présidence en 2005. Treize ans durant, il fait de la coopérative une alternative crédible aux géants de la distribution, misant sur la proximité, la valorisation des producteurs et la transparence dans les prix – des valeurs qui deviendront sa marque de fabrique.

 

L’interlocuteur des agriculteurs et des industriels

Lors des États généraux de l’alimentation en 2017, son franc-parler et son sens du compromis en font un acteur clé du dialogue entre agriculteurs, industriels et distributeurs. Ses propositions influenceront directement la loi ÉGalim, qui vise à rééquilibrer les relations commerciales dans la chaîne agroalimentaire. En 2020, le ministère de l’Agriculture le missionne à nouveau pour améliorer le dispositif : son rapport servira de base à ÉGalim 2, adoptée un an plus tard.


« Je crois au dialogue tripartite, pas au bras de fer », aime-t-il rappeler – une philosophie qu’il promet de transposer dans son nouveau rôle ministériel.

Sa nomination intervient à un moment charnière. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, la conjoncture reste morose. La consommation stagne malgré le reflux de l’inflation, les marges des entreprises s’érodent et l’incertitude fiscale mine la confiance. Selon le baromètre Bpifrance-Rexecode publié en septembre, la « faiblesse persistante de la demande » demeure le principal frein à l’activité des PME. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) réclame plus de visibilité, une baisse durable des impôts de production – dont la CVAE – et une simplification administrative jugée indispensable par de nombreux acteurs économiques.

 

Figure de la société civile

Le nouveau ministre devra composer avec ces attentes pressantes, tout en défendant un équilibre budgétaire déjà fragile. La facturation électronique, prévue pour 2026, constitue un autre dossier sensible : de nombreux entrepreneurs redoutent une réforme coûteuse et mal calibrée malgré les garanties de Bercy quant à son accompagnement progressif.

Dans un gouvernement qui peine encore à asseoir sa légitimité, le profil de Serge Papin tranche avec celui des technocrates. Pragmatique, enraciné, porté sur le dialogue, il incarne un trait d’union entre la France des grandes surfaces et celle des petits commerces. « La société civile peut apporter une contribution », explique-il au Monde. «Toute ma carrière a été tournée vers l’intérêt général, et notamment celui des familles ».

S’il a souvent dénoncé les excès d’un capitalisme « trop financier et pas assez coopératif », il prône désormais une relance « par le travail, la proximité et la confiance ». Populaire auprès du monde économique, il incarne ce trait d’union entre la France des rayons et celle des ministères. Et dans un gouvernement à l’équilibre fragile, il aura la lourde tâche de prouver qu’un patron de supermarché peut aussi défendre les petits commerces.

 


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