Le chef du gouvernement a indiqué qu’il engagera la responsabilité de son gouvernement le 8 septembre, lors d’une session parlementaire exceptionnelle, afin d’obtenir une « clarification » sur la stratégie de réduction du déficit public.
La rentrée politique s’annonce chargée. Ce lundi 25 août, le Premier ministre, François Bayrou, a tenu une conférence de presse, un mois après la présentation du budget 2026. Le Béarnais a rappelé qu’il tenait à réaliser près de 44 milliards d’économies. Invoquant la gravité de la situation, le locataire de Matignon a promis que « tout le monde participera » à l’effort demandé. Outre le prochain texte budgétaire, d’autres gros dossiers seront mis sur la table comme la programmation énergétique, la réforme de l’audiovisuel public, ou encore le retour de la loi Duplomb.
Budget 2026
L’exécutif entre dans une zone de turbulences avec le budget 2026. François Bayrou présentera son projet le 1er octobre en Conseil des ministres, avant un examen par les députés mi-octobre pour les finances de l’État, puis la semaine suivante pour la Sécurité sociale. L’objectif affiché : 44 milliards d’euros d’économies.
« La France ne peut pas ignorer ce danger, a expliqué François Bayrou évoquant le surendettement lors de la conférence de presse.. Alors, j’entends très bien ceux, nombreux parmi nos compatriotes, qui disent : “Mais il y a aucune raison que ce soit à nous qu’on demande des efforts”, mais cela me permet de rappeler à tout le monde que la dette, ce ne sont pas les gouvernements qui la consomment. Cette dette colossale, elle a été, année après année, consommée en dépenses courantes et en protection de nos concitoyens »
Pour tenter de rallier à la fois les groupes parlementaires et l’opinion, Bayrou avait déjà lancé début août une campagne de communication pédagogique pour sensibiliser les français face à la « malédiction » de la dette publique. Mais plusieurs propositions, comme la suppression de jours fériés ou l’instauration d’une « année blanche », sont loin de faire l’unanimité. François Bayrou a rappelé que la mesure visant la suppression de deux jours fériés était « discutable et amendable », comme l’ensemble des pistes évoquées lors de la présentation de ses orientations budgétaires.
Le Premier ministre, qui gouverne sans majorité, sait qu’il joue sa survie : le RN et la gauche menacent de déposer une motion de censure, Reste que la rue pourrait gronder avant même les débats : une mobilisation est annoncée le 10 septembre par des collectifs de « gilets jaunes », des internautes et plusieurs syndicats. Force ouvrière a déjà déposé un préavis de grève courant de septembre à novembre. « « J’ajoute que ces derniers jours, sur ce débat s’est greffé un mouvement de contestation radicale dont LFI et M. Mélenchon a maintenant pris la tête, qui vise, selon leurs propres termes, à “bloquer tout” et à la grève générale », a pointé le Béarnais.
Session extraordinaire au Parlement
Le Premier ministre a annoncé engager la responsabilité du gouvernement le 8 septembre lors d’une session extraordinaire au Parlement afin de parvenir à une « clarification » dans la lutte contre le déficit public.
« C’est la raison pour laquelle j’ai demandé au Président de la République, et qu’il a accepté de convoquer le Parlement en session extraordinaire le lundi 8 septembre », a souligné le Premier ministre. « J’engagerai ce jour-là la responsabilité du gouvernement sur une déclaration de politique générale, conformément à l’article 49, alinéa premier, de notre Constitution ».
Vers un acte 2 de la loi agricole Duplomb ?
Le feuilleton autour de la loi agricole Duplomb est loin d’être clos. Bien que promulgué par Emmanuel Macron le 12 août, le texte a été amputé par le Conseil constitutionnel quelques jours plus tôt, qui a invalidé la réautorisation exceptionnelle de l’acétamipride, un insecticide très contesté.
Cette décision n’a pas découragé ses partisans. La FNSEA et d’autres syndicats agricoles réclament déjà un nouvel outil législatif pour permettre l’usage de la molécule, qu’ils jugent vitale pour certaines productions, notamment la filière betteravière. Laurent Duplomb, sénateur et auteur de la loi, n’écarte pas cette perspective.
En sens inverse, les députés écologistes ont annoncé le dépôt d’une proposition de loi visant à supprimer l’ensemble du dispositif. Une mobilisation citoyenne massive – plus de deux millions de signatures pour une pétition réclamant l’abandon de la loi – pourrait également contraindre la conférence des présidents des deux assemblées à inscrire un débat parlementaire, sans vote. La réunion doit avoir lieu à la rentrée et l’exécutif a d’ores et déjà indiqué qu’il y prendrait part.
Quid de la réforme de l’audiovisuel public ?
La réforme de l’audiovisuel public continue de diviser. L’objectif affiché : rassembler Radio France, France Télévisions et l’INA au sein d’une même holding. Adoptée au Sénat en deuxième lecture, juste avant la trêve estivale, la proposition de loi portée par Rachida Dati a bénéficié d’un « vote bloqué » qui a mis fin à toute discussion sur le fond.
Mais le texte, qui doit encore repasser par l’Assemblée nationale à une date non fixée, s’annonce semé d’embûches. Fin juin, une motion de rejet préalable avait déjà stoppé net les débats dans l’hémicycle. La gauche est vivement opposée à la promulgation du texte. La majorité présidentielle pourrait compter sur une certaine neutralité du Rassemblement national, qui penche pour l’abstention, selon son vice-président Sébastien Chenu. De quoi donner un peu d’air à la ministre de la Culture, déterminée à faire aboutir une réforme qu’elle défend comme indispensable pour renforcer la cohérence et la compétitivité du service public face aux géants du streaming et aux mutations numériques.
Programmation énergétique
La loi de programmation énergie-climat, qui doit fixer la stratégie française pour la période 2025-2035, promet de nouvelles passes d’armes au Parlement. Déposée par le sénateur LR Daniel Grémillet et adoptée au Sénat le 8 juillet, elle sera de retour à l’Assemblée nationale fin septembre, après un premier examen marqué par de vives tensions. Les députés macronistes et la gauche avaient alors rejeté le texte, dénonçant notamment les amendements de la droite et du RN visant à instaurer un moratoire sur les énergies renouvelables, rétablir des tarifs régulés du gaz ou encore relancer la centrale de Fessenheim.
Conscient du caractère explosif du dossier, François Bayrou a choisi de temporiser. Le 5 août, il a annoncé le report de la publication du décret sur la programmation pluriannuelle de l’énergie, document stratégique qui fixe les priorités d’action de l’État en matière énergétique. L’objectif affiché : ouvrir un temps de concertation et de consultation avec les forces politiques et les acteurs concernés.
Ce décret est pourtant très attendu par les professionnels du secteur, qui y voient une feuille de route indispensable. Mais le gouvernement doit composer avec un climat de défiance : le Rassemblement national a menacé de déposer une motion de censure si l’exécutif venait à publier ce texte réglementaire avant la fin du processus parlementaire sur la loi Grémillet.

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