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Budget 2026 : tour d’horizon des hausses d’impôts prévues par le gouvernement

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Sébastien Lecornu a prononcé ce 14 octobre son très attendu discours de politique générale | Source : Getty Images
Pour ramener le déficit public à 4,7 % du PIB en 2026, le gouvernement entend augmenter les impôts de près de 14 milliards d’euros en 2026.

Il y aura bien une hausse d’impôts. Le projet de loi de finances 2026 (PLF 2026) présente une série de mesures fiscales destinées à atteindre cet objectif, dans une trajectoire visant un retour sous les 3 % d’ici 2029. Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a confirmé le 15 octobre que les hausses d’impôts s’élèveront à 14 milliards d’euros. Entre prolongations d’impôts exceptionnels, création de nouvelles contributions et recentrages de niches fiscales, l’effort ciblera les hauts revenus, les grandes entreprises et certains secteurs bénéficiant d’avantages anciens. Forbes revient sur les principales mesures prévues.

 

Contribution sur les hauts revenus et taxe sur les holdings

La contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (ou contribution différentielle sur les hauts revenus, CDHR), instaurée dans le budget 2025, devrait être prolongée d’un an. Elle cible les contribuables dont les revenus dépassent 250 000 € pour une personne seule et 500 000 € pour un couple, afin d’assurer un taux d’imposition minimum de 20 %. Dans la même logique, une taxe sur le patrimoine financier des holdings sera instaurée. Ces deux mesures sont chiffrées à environ 2,5 milliards d’euros dans le document budgétaire. La Cour des comptes table quant à elle sur un gain de 1,3 milliards d’euros.

Le gouvernement évoque aussi une « contribution exceptionnelle des grandes fortunes », dont les recettes pourraient être affectées à la défense, à l’écologie ou aux infrastructures. Ce concept s’inspire du débat autour de la taxe “Zucman”, mais cette version ne sera pas retenue dans le PLF 2026.


 

Grands groupes et entreprises : entre surtaxe et allègements ciblés

La surtaxe sur les bénéfices des 400 plus grandes entreprises pourrait être reconduite pour une année supplémentaire, mais son taux serait réduit de moitié par rapport à 2025. Le rendement attendu est de 4 milliards d’euros. En parallèle, le gouvernement prévoit une baisse de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Le taux maximal passerait de 0,28 % à 0,19 % en 2026, avec une suppression progressive jusqu’à 0, en 2028 (deux ans plus tôt que prévu). Le coût pour l’État est estimé à 1,3 milliard d’euros.

Le PLF prévoit aussi d’appliquer le mécanisme d’impôt minimal sur les multinationales lié à l’accord OCDE/G20 (le « Pilier 2 ») : les groupes dont le chiffre d’affaires mondial dépasse 750 millions d’euros devront avoir un taux d’imposition effectif d’au moins 15 %. Le rendement anticipé est de 500 millions d’euros.

 

Gel du barème de l’impôt sur le revenu et suppression de niches fiscales 

Annoncé par François Bayrou mi-juillet, le texte prévoit un gel des tranches du barème de l’impôt sur le revenu, alors que celles-ci doivent normalement être indexées sur l’inflation. Cette mesure doit affecter l’ensemble des contribuables payant l’IR (environ la moitié des foyers) et rapporterait environ 1,9 milliard d’euros, selon les estimations de Bercy.

Les indemnités journalières versées aux personnes atteintes d’une affection de longue durée (ALD), jusqu’ici exonérées d’impôt, seront désormais soumises à l’impôt sur le revenu. Cette mesure, issue d’une recommandation de l’Inspection générale des finances, pourrait rapporter entre 600 et 700 millions d’euros à l’État, mais suscite déjà de vives critiques en raison de son impact social.

Le gouvernement supprime également la réduction d’impôt accordée aux parents d’élèves du secondaire et du supérieur, jugée obsolète et peu efficace. Ce dispositif, qui permettait de déduire entre 61 et 183 euros selon le niveau d’enseignement, bénéficiait encore à 4,5 millions de foyers l’an dernier.

Enfin, l’exécutif concède une rare baisse ciblée de l’impôt sur le revenu : il prévoit de « doubler le plafond de versements ouvrant droit au taux majoré de 75 % de la réduction d’impôt au titre des dons des particuliers », en le portant à 2 000 euros, afin de soutenir les associations d’aide aux plus démunis, confrontées à une stagnation des dons.

 

Hausse de la fiscalité sur les énergies vertes 

Les carburants dits « verts » perdront progressivement leurs avantages fiscaux. Dès 2026, le B100 (colza) sera taxé comme le gazole classique, tandis que le carburant E85 (éthanol) verra sa fiscalité alignée sur celle du sans-plomb sur trois ans. La FNSEA s’alarme déjà des conséquences pour les agriculteurs français et du risque de report sur des carburants fossiles importés, jugeant la mesure contre-productive pour la souveraineté énergétique agricole.

La filière photovoltaïque sera également mise à contribution. L’impôt sur les centrales solaires mises en service avant 2021 est doublé, pour un gain estimé à 50 millions d’euros par an. Le gouvernement envisage aussi une révision rétroactive des tarifs d’achat garantis, une mesure très controversée déjà abandonnée en 2023 faute d’accord européen.

 

Taxe sur les produits et activités polluants 

Les industriels devront désormais contribuer au paiement de la taxe européenne sur le plastique non recyclé. Dès 2026, ils seront mis à contribution à hauteur de 30 euros par tonne de plastique non recyclée, montant qui atteindra 150 euros en 2030. Cette participation devrait rapporter entre 25 et 30 millions d’euros par an.

La taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) augmentera de 10 % dès 2026. Son tarif passera de 65 à 105 euros la tonne de déchets enfouis d’ici 2030. Les recettes, actuellement de 750 millions d’euros, devraient dépasser le milliard à cette échéance. Les collectivités locales dénoncent toutefois une fiscalité jugée injuste, estimant ne pas avoir la maîtrise du volume de déchets produits.

 


Lire aussi : Déficit, retraites, 49.3… ce qu’il faut retenir du discours de politique générale de Sébastien Lecornu

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