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Budget 2026 : la Sécurité sociale à l’épreuve du réalisme budgétaire

Le gouvernement « Lecornu II » s'attaque à un chantier à risque : rétablir les comptes de la Sécurité sociale sans briser le pacte social français. Le déficit dépassera les 22 milliards d'euros en 2025, en aggravation par rapport aux 18,2 milliards enregistrés en 2024.

Avec plus de 666 milliards d’euros de dépenses prévues en 2025 et près de 680 milliards pour le PLFSS 2026 – soit plus que le budget de l’État, la Sécurité sociale reste le cœur du modèle français. L’exécutif promet un reflux du déficit à 17,5 milliards dès 2026, grâce à des économies ciblées et à une croissance jugée robuste. Un pari qui paraît difficilement réalisable dans un contexte de ralentissement économique et de tensions inflationnistes.

 

Une rigueur assumée et des économies ciblées

Le nouveau budget, qui se veut de responsabilité pour rattraper une dette colossale, impose une dose de rigueur rarement vue depuis la pandémie. Voici les mesures budgétaires annoncées pour 2026 :

  • Un ONDAM (objectif national des dépenses d’assurance-maladie) plafonné à +1,6 % pour 2026 [, soit bien en dessous de la tendance (+3-4 %). Autrement dit, moins d’augmentations de budget pour les établissements et les soins ;
  • Un gel partiel des retraites de base ;
  • Près de 7 milliards d’euros d’économies dans la santé à travers un meilleur contrôle des arrêts maladie et la baisse du plafond des indemnités journalières (de 1,8 SMIC à 1,4 SMIC) ;
  • Une réduction des allègements de cotisations patronales de 1,6 milliard d’euros.
  • Une hausse des franchises médicales et participations forfaitaires est prévue, sur les boîtes de médicaments, actes paramédicaux ou encore les transports sanitaires ;
  • Une mesure sur les mutuelles de santé complémentaires avec une contribution exceptionnelle de 2,25 % est prévue pour 2026, afin d’augmenter les recettes.
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Ces mesures, que l’exécutif décrit comme « techniques », sont en réalité hautement politiques. Dans un pays où la protection sociale est vue comme un droit, la moindre coupe est perçue comme une atteinte symbolique. Elles tombent dans un climat social déjà tendu, où chaque effort demandé est perçu comme une injustice.


Un dérapage pourrait être redouté : population déjà fragilisée par l’inflation et la réforme des retraites, crise de confiance autour de la parole publique, majorité parlementaire relative qui rend chaque vote incertain. Pour les syndicats, le ton est donné : « On ne réduit pas un déficit en appauvrissant les assurés », prévient la CFDT. Les hôpitaux, eux, craignent un nouveau resserrement après des années de sous-dotation.

 

Un PLFSS qui risque de faire du bruit

Mardi dernier, les ministres de la Santé, des Comptes publics, du Travail ou encore des Solidarités, ont répondu devant les députés à une série de questions et critiques sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Une « copie de départ  » dont l’Assemblée nationale va se saisir. Le projet de budget 2026 sur la Sécurité sociale prévoit des économies stratosphériques pour réduire le déficit à 17,5 milliards en 2026. 

Selon un décompte opéré par l’Assemblée Nationale vendredi soir, pas moins de 1 575 amendements ont été déposés sur le PLFSS, de près de 680 milliards d’euros de dépenses, soit plus que le projet de budget de l’État. Les débats devraient se terminer en commission vendredi prochain avant de voir le texte arriver dans l’Assemblée le 4 novembre, avec un vote prévu le 12, avant transmission au Sénat.

 

La Sécurité sociale en péril ?

L’objectif du gouvernement Lecornu II reste ambitieux puisqu’il vise un retour à l’équilibre d’ici 2030. Mais derrière cette trajectoire, c’est une refonte implicite du modèle qui pointe avec une Sécurité sociale recentrée sur ses missions essentielles, plus sélective dans ses aides et plus stricte dans sa gestion. Si les partisans y voient une adaptation nécessaire à un monde post-pandémie contraint budgétairement, les opposants, eux, dénoncent une privatisation progressive de la solidarité, cachée sous le couvert de la « responsabilité ».

L’Hexagone pourra-t-il réduire les dépenses de la sécu sans provoquer un nouveau séisme social ?

 


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