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SOCO, le retour d’une madeleine de Proust en cuir

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Marque emblématique des années 80, SOCO renaît sous l’impulsion de deux entrepreneuses qui misent sur l’héritage, la mémoire collective et l’usage contemporain.

 

Une icône du quotidien remise en lumière

En redonnant vie à SOCO, deux entrepreneuses remettent sur le devant de la scène une marque qui a laissé une empreinte forte dans le secteur de la maroquinerie française des années 1980 et 1990. Fondée en 1932 dans un ancien atelier de tannerie à Bort-les-Orgues, dans le centre de la France, SOCO s’était imposée à l’époque par son style audacieux et ses finitions marquées. Sacs structurés, contrastes affirmés, design fonctionnel : ses modèles accompagnaient une génération de femmes dans leur quotidien. La marque s’est ensuite effacée, sans disparaître complètement.

En 2020, Marie Mignon et Marie Pandrau-Mignon, deux belles-sœurs aux parcours complémentaires – l’une issue du droit et de l’immobilier, l’autre de la mode – décident de s’y intéresser. Elles découvrent que la marque existe toujours, endormie dans le portefeuille de Le Tanneur. Au lieu de créer un label ex nihilo, elles choisissent de s’appuyer sur cet héritage. « L’ADN SOCO était très fort, très reconnaissable. Il y avait quelque chose à faire », explique Marie Pandrau-Mignon. Elles testent l’écho de la marque en rachetant d’anciens modèles. Dans la rue, certains sont immédiatement identifiés. D’autres évoquent des souvenirs précis, à l’image de l’emblématique sac à dos porté par Helen, l’un des personnages féminins de la série américaine Seinfeld.

Entre réinterprétation et continuité

Relancer une marque historique implique un équilibre entre mémoire et adaptation. Les deux fondatrices s’emparent de ce défi en s’appuyant sur les codes originels, tout en les adaptant aux usages actuels. Elles analysent les modèles iconiques, les déclinent en formats plus pratiques et retravaillent les finitions. Le geste est précis, jamais nostalgique. « Ce sont des sacs comme on aimerait les porter aujourd’hui, avec poches zippées, anses amovibles, formats adaptés à la vie active », résume Marie Mignon.

Certains modèles, comme la besace, sont réédités en version mini. Les finitions, quant à elles, conservent la signature visuelle : surpiqûres contrastées, crantages, boucles affirmées. Le logo d’inspiration western a été revu sans trahir l’esprit d’origine. La gamme reste resserrée, avec quatre modèles déclinés en plusieurs matières et coloris. À côté des sacs, une collection d’accessoires – porte-cartes, ceintures, foulards – utilise les mêmes codes graphiques, dans une logique de cohérence visuelle et de valorisation des matériaux. La fabrication est assurée au Portugal, dans un souci de qualité, avec une attention particulière portée aux détails et aux savoir-faire. Chaque pièce vise à conjuguer durabilité, utilité et fidélité à l’identité initiale de la marque.

Une mémoire réactivée, une marque repositionnée

Si SOCO peut s’appuyer sur un capital affectif, la relance s’est construite autour d’une stratégie claire. Le style, à la croisée du western, du fonctionnel et du luxe discret, parle à une clientèle urbaine, mobile, attentive à la qualité mais sensible aux marques qui savent évoluer et se réinventer. « Les gens apprécient les couleurs qui rappellent les codes du western », observe Marie Mignon. Les modèles visent un public précis : femmes actives, souvent mères, à la recherche de sacs qui suivent les usages sans renoncer à une singularité esthétique. SOCO revendique un équilibre entre fidélité à son histoire et adaptation aux modes de vie actuels. Après une première phase centrée sur la vente directe, la marque commence à structurer sa présence physique. Le développement du réseau de distribution s’appuie sur une sélection ciblée de points de vente. Le lancement du wholesale est en cours, avec l’éventualité d’un showroom pour accompagner cette phase. Une nouvelle collection est prévue pour l’été 2025. En relançant SOCO, les deux fondatrices n’ont pas seulement remis un nom sur le marché : elles ont reconnecté un objet à une mémoire collective. Et posé les bases d’un nouveau cycle pour une marque qui avait su, en son temps, conjuguer utilité et désir.

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NOM : SOCO

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