Avec une matière innovante, esthétisme assumé et artisanat du détail, Bibelot Studio rassemble des objets artisanaux durables, ludiques et sensibles
Un parcours de designer-maker, au plus près de la matière
À l’origine de Bibelot Studio, il y a un geste, une intuition et un regard : ceux d’Anouk Paradis, designer industriel devenue designer-maker. Son goût pour la création s’ancre dans l’enfance, mais c’est dans son atelier montréalais qu’il prend forme, entre esquisses, expérimentations et gestes répétés. « Je fais tout, de la conception à la fabrication », explique-t-elle, refusant de cloisonner ses compétences à la simple modélisation. Le matériau, lui, occupe une place centrale dans sa démarche.
Après avoir longtemps travaillé le béton, Anouk se tourne vers la Jesmonite – un composé innovant et écologique. Une matière qui a tout de suite réussi à la séduire par sa malléabilité, son absence de toxicité et sa faible empreinte carbone. « Je cherchais un substitut durable au béton, sans compromis esthétique », confie-t-elle. C’est chose faite : cette résine minérale devient son terrain d’expression favori, idéale pour ses créations sensibles et colorées.
Anti-minimalisme joyeux
Chez Bibelot Studio, chaque pièce raconte une histoire, loin des diktats de la sobriété contemporaine. « Les gens ont longtemps voulu des objets très neutres, très beiges… Moi, j’avais envie d’apporter une touche de couleur, de jeu, de fantaisie dans le quotidien », affirme Anouk. Courbes douces, teintes franches, lignes ludiques : ses objets évoquent à la fois l’univers du jouet et celui du design pop. Une esthétique colorée, franche et assumée qui tranche avec les tendances dominantes plus sobres (parfois peut-être trop) et revendique un art de vivre plus libre.
Le nom même du studio, Bibelot, n’est pas anodin : une manière de réhabiliter cet objet souvent jugé kitsch ou désuet. « Je voulais redonner de la valeur à ces petits objets qu’on choisit avec le cœur, qui nous accompagnent et nous parlent ». Vaisselle, cendriers, pièces décoratives : chacune de ses créations de la boutique Bibelot Studio mêle fonctionnalité et poésie, sans jamais céder aux modes éphémères.
Créer autrement : entre défis artisanaux et projets d’avenir
Derrière l’univers pop de Bibelot Studio, se cache une rigueur artisanale et un quotidien fait de défis concrets. « L’espace, la cadence de production, la gestion des pics de demande… tout cela demande une grande flexibilité », explique Anouk Paradis, qui rêve d’un équilibre plus stable entre création et distribution. Elle utilise l’impression 3D pour prototyper ses formes, fabrique ses propres moules en silicone, et coule elle-même chaque pièce en Jesmonite – un processus entièrement maîtrisé.
Les projets à venir de cette designer à suivre ? Une collection de mobilier en collaboration avec d’autres designers montréalais, une entrée dans la nouvelle vitrine de la boutique de Musée des Beaux-Arts de Montréal en septembre, et une présence affirmée dans des boutiques de design canadien. Si ses débuts ont été marqués par des petits objets testant les limites du matériau, elle ambitionne désormais de concevoir des pièces centrales, comme une table, toujours dans cet esprit artisanal, engagé et sensoriel.
Anouk Paradis incarne une nouvelle génération de créateurs pour qui l’objet est à la fois vecteur d’émotion, de réflexion et d’impact. En redéfinissant le bibelot comme une pièce essentielle du quotidien, elle signe une vision profondément humaine du design avec une touche de fun.
Crédit photo : Gabrielle Valevicius & Ewen Tortellier