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“Walking management”, le management qui marche

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Employees Discussing Project in Modern Office Hallway, Mature Businessman and Mid Adult Businesswoman Talking, Colleagues Having Business Conversation in Corporate Work Space Corridor
Le temps où le manager était isolé dans sa “tour d'ivoire” est révolu. Le "walking management" consiste à aller spontanément à la rencontre des collaborateurs pour ressentir le terrain et les besoins réels qui échappent aux circuits traditionnels. C'est en déambulant que le manager tisse des liens solides et reste ancré dans la réalité. Mode d’emploi !

Un article écrit par Salomon PARIENTI, Directeur général ARMATIS FINANCIAL SERVICES

 

Faire un pas vers l’autre

“Si tu n’arrives pas à penser, marche. Si tu penses trop, marche. Si tu penses mal, marche encore.” On ne peut que constater la justesse de cette maxime de Jean Giono en regardant l’histoire du management.” Bien avant nos contemporains, Aristote enseignait en marchant avec ses élèves… Le Walking management a été popularisé sous l’acronyme MBWA (Management By Wandering Around) par Tom Peters et Robert H. Waterman dans leur bestseller, “Le Prix de l’excellence” (1982). Le message est clair : l’efficacité managériale de notre temps repose sur la proximité et le contact direct avec les équipes, sur le terrain. Dans nos métiers de la relation client, aller spontanément à la rencontre des collaborateurs dans les centres de contacts est une source d’inspiration et d’information précieuse. C’est en échangeant directement avec les conseillers que l’on peut identifier les tâches qui peuvent être automatisées (via la RPA, Robotic Process Automation) et celles qui ne le peuvent pas. L’observation de leurs gestes et de leurs activités permet de valider concrètement les processus à automatiser. Par ailleurs, les groupes de discussion (focus groups) sont essentiels pour recueillir les avis et les besoins des clients de nos partenaires.

 


Une réponse aux maux de l’entreprise moderne

C’est sur le terrain que l’on “prend la température”. C’est là où on vérifie que nos discours commerciaux reflètent la réalité. Plus généralement, le walking management répond à plusieurs défis. En premier lieu, les managers sont souvent retenus à leur bureau par une accumulation constante de tâches administratives, “parfois enfermés dans un entre-soi”. Les yeux rivés sur des chiffres qui ne correspondent pas toujours à la réalité qui est plus complexe. Même lorsqu’ils quittent leur bureau, ils se rendent généralement dans des salles de réunion où ils retrouvent leurs collègues, qui sont souvent, eux aussi, assis derrière des bureaux situés à proximité. Par ailleurs, la lutte contre la sédentarité est un enjeu de taille dans l’entreprise. Les Français passent en moyenne 7h24 par jour assis, un chiffre alarmant qui favorise les maladies et impacte directement la productivité. La marche offre une bouffée d’oxygène. Ensuite, la “réunionite” : les salariés consacrent en moyenne 4h30 par semaine aux réunions, dont la moitié est jugée improductive. Le walking management apporte une solution à ce fléau. La distance parcourue matérialise le temps qui passe, incitant les participants à optimiser leurs échanges et à aller droit au but.

 

Plusieurs déclinaisons

Le Walking management est une bonne alternative aux réunions trop formelles ou aux entretiens annuels dénués d’authenticité. Cette pratique est particulièrement adaptée aux entretiens individuels, aux séances de brainstorming et aux réunions créatives. Une étude de l’Université de Stanford a démontré que la marche augmentait la créativité de 60% en moyenne, stimulant particulièrement les “pensées divergentes” – celles qui génèrent les idées innovantes. Emery Jacquillat, ex-PDG de la Camif et cofondateur des “entreprises à mission”, a par exemple révolutionné ses entretiens annuels en marchant dans le Marais Poitevin. La posture est différente puisqu’on n’est plus face à face, mais côte à côte en progressant ensemble dans un cadre plus naturel. Les résultats sont probants : après deux ans et demi de pratique, les relations managériales se sont transformées, la hiérarchie s’estompe et la parole se libère. Au-delà de la créativité, les walking meetings améliorent la communication, renforcent la cohésion d’équipe et favorisent les échanges authentiques. L’activité physique stimule la circulation sanguine et oxygène le cerveau. Les entreprises qui investissent dans le sport au travail constatent d’ailleurs une hausse de productivité et une réduction du turnover.

 

Mise en œuvre

Planification : il est indispensable d’identifier les périodes optimales pour vous déplacer dans l’entreprise, en tenant compte des pauses et des activités clés. Il convient aussi de préparer une liste de contrôle : il est essentiel d’établir une checklist pour évaluer divers aspects comme le flux de travail, la qualité, les stocks, la maintenance, les compétences des opérateurs, la formation, l’environnement, la santé et la sécurité.

Exécution : Pendant vos déplacements, il est impératif d’observer attentivement les processus et la qualité du travail. Il est recommandé d’engager volontiers des conversations : on devrait discuter avec les collaborateurs en utilisant des questions ouvertes pour comprendre leurs tâches, leurs défis et leurs idées d’amélioration.

Action : Il est utile de partager vos observations et suggestions avec les équipes. Il est aussi judicieux de profiter de ces interactions pour mieux connaître les employés et développer des relations. Enfin, il est important de féliciter les efforts et les réussites des employés pour renforcer leur motivation.

Et vous, prêts à chausser vos baskets pour vos prochaines réunions ?

 


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