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T+1 : êtes-vous sûr que votre asset manager est prêt ?

En octobre 2027, votre asset manager ne disposera plus que de 24 heures pour gérer les flux de change. Chaque retard, chaque erreur, chaque dépendance à un fournisseur invisible peut coûter des centaines de milliers d’euros. Et quand quelque chose tourne mal, c’est le nom de votre gestionnaire qui apparaît sur votre relevé de compte.

Une tribune écrite par Julien Meyfret, Fondateur d’Outputs Synergy Partners

 

C’est le choc du T+1, qui divise par deux les délais de règlement des transactions financières en Europe, passant de 48 heures à moins de 24 heures.

 


Pourquoi le T+1 change tout

Aujourd’hui, les asset managers dépendent de fournisseurs externes, les custodians, pour gérer le marché des changes. Vous ne les avez pas choisis, vous ne les connaissez probablement pas, et leur performance conditionne directement la bonne exécution de vos ordres.

Entre le custodian et l’asset manager, il y a le middle-office, chargé de vérifier les flux et de contrôler les montants. Sous T+2, il avait 48 heures pour détecter et corriger les anomalies. Sous T+1, il dispose de 24 heures, ce qui réduit fortement les marges d’erreur.

Aux États-Unis, où le T+1 est déjà en vigueur depuis mai 2024, le taux d’échecs de règlement a rapidement grimpé de 2 % à 5 %. L’Europe, avec ses flux multi-devises et multiples fuseaux horaires, est encore plus exposée.

Le problème principal ? Cette dépendance au custodian n’est pas toujours documentée, testée ou comprise par les investisseurs.

 

Trois questions que tout investisseur doit poser

  1. « Avez-vous testé vos procédures en conditions réelles ? »

Votre gestionnaire a-t-il simulé les scénarios critiques : jours fériés à l’étranger, confirmations tardives, montants divergents ?

Les stress-tests sont-ils documentés et audités, ou s’agit-il de promesses sur PowerPoint ?

 

  1. « Que se passe-t-il si votre custodian a un problème ? »

Votre asset manager dépend d’un fournisseur invisible. Si ce custodian rencontre un problème technique ou un retard, existe-t-il un plan B ? Des solutions alternatives ? Les conditions ont-elles été négociées pour limiter le risque ?

 

  1. « Pouvez-vous me montrer la documentation pour les régulateurs ? »

Dès 2026, les régulateurs européens et français intégreront le T+1 dans leurs cycles de supervision. Les preuves concrètes attendues : procédures documentées, stress-tests réalisés, responsabilités clarifiées. Votre gestionnaire est-il prêt à les fournir aujourd’hui, et non en 2027 ?

Une variation de 3 à 5 points de base sur un portefeuille d’un milliard d’euros représente 300 000 à 500 000 € par an. Ce n’est pas négligeable.

 

Ce que vous êtes en droit d’attendre

Le T+1 n’est pas un détail technique réservé aux spécialistes : c’est un enjeu de gouvernance et de diligence fiduciaire. Votre asset manager ne peut pas se défausser sur un fournisseur invisible. C’est lui qui doit prouver qu’il maîtrise l’ensemble de la chaîne, y compris les parties externalisées.

Le 11 octobre 2027, c’est dans 24 mois. La préparation opérationnelle nécessite 12 à 18 mois. Si votre gestionnaire ne peut pas répondre clairement à ces trois questions aujourd’hui, c’est le moment de les poser.

En finance, il n’y a pas de seconde chance : si votre gestionnaire n’est pas prêt, les pertes seront bien réelles.

 


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