Dans un contexte instable, marqué par les tensions géopolitiques et un climat d’insécurité, les entreprises tendent à mettre en pause les projets humains, jugés “non prioritaires”, pour se concentrer sur la production.
Une contribution de Maureen Bassard, experte en psychologie positive
Ce réflexe de survie a un coût : il enferme dans l’immobilisme, étouffe la créativité et érode progressivement l’engagement des équipes.
Quand l’incertitude s’installe, les émotions négatives se propagent
Selon Christophe Haag, chercheur en psychologie sociale, les émotions négatives sont hautement contagieuses. Elles se diffusent par le ton de la voix, la posture, les mimiques… Et notre cerveau, façonné par des millénaires de survie, réagit plus vite et plus fortement aux signaux négatifs qu’aux signaux positifs.
Les conséquences sur le collectif peuvent être néfastes pour l’organisation : démotivation, baisse de la performance, immobilisme et turnover…
C’est particulièrement dans ce contexte que la fonction de leader devient essentielle, il a pour tôle d’inverser la dynamique émotionnelle, restaurer la confiance, créer un climat de sécurité psychologique, et insuffler une énergie positive qui stimule l’efficacité collective.
Changer de regard avec le leadership appréciatif
Comme le souligne Cécile Carlou, coach professionnelle, “ La mission complexe du leader est de rester positif, donner des perspectives qui donnent envie Les collaborateurs ont besoin, au-delà de la sécurité, de reconnaissance, d’appartenance, de réalisation de soi et de projets pour retrouver leur motivation et leur pouvoir d’agir ».
Dans cette dynamique, impliquer les équipes dès l’amont des projets, les interroger sur la manière de réussir ensemble, et leur redonner le pouvoir d’agir devient un levier puissant pour relancer l’engagement et réenclencher une dynamique collective.
Cette posture managériale n’ignore pas les difficultés, elle invite plutôt à les regarder autrement : en s’appuyant sur ce qui fonctionne, sur les forces du collectif, et sur les ressources disponibles pour avancer malgré l’incertitude.
Yael Yermia, experte en communication, insiste sur l’importance d’un management participatif, surtout en période d’incertitude : « Trop d’entreprises oublient leur communication interne alors que les employés peuvent devenir leurs meilleurs ambassadeurs. Impliquer, c’est déjà rassurer, et cela permet de démultiplier les actions. ».
Cela implique aussi d’investir dans des dispositifs concrets : programmes d’innovation participative, coaching individuel ou collectif, formations managériales, démarches de bien-être au travail. Ces actions envoient un message clair : l’humain est un actif stratégique au même titre que les produits ou services. Elles offrent des repères, des espaces pour souffler, se développer, co-créer.
De l’optimisme à l’action
L’optimisme ne se décrète pas : il se cultive dans l’action. Il ne s’agit pas d’une injonction à positiver, mais d’une capacité à maintenir le cap, à proposer une direction, à croire en un avenir souhaitable et mobilisateur.
Engager, c’est proposer une trajectoire à travers des projets communs, même modestes et offrir la possibilité d’air et de contribuer à son échelle à un avenir plus radieux.
Dans l’incertitude, le plus grand risque est l’attentisme. À force de repousser les décisions, le désengagement s’installe, les signaux faibles s’amplifient, et les écarts d’engagement deviennent plus complexes à corriger.
Choisir l’optimisme, ce n’est pas ignorer les risques. C’est faire le pari du mouvement, de la confiance et de la mobilisation, pour transformer l’inconnu en une opportunité de croissance collective.
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