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Les cadres renforcent leurs compétences en IA, selon les données de LinkedIn

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Les cadres renforcent leurs compétences en IA, selon les données de LinkedIn. Getty Images

Dans les conseils d’administration, de Londres à Singapour, la façon de parler de l’intelligence artificielle a profondément évolué. Elle n’est plus perçue comme un pari hasardeux ou une formule à la mode glissée dans un rapport d’innovation : l’IA s’impose désormais comme une compétence essentielle. Et ce tournant est bien réel, comme le confirment les dernières données publiées par LinkedIn.

 

Trois fois plus de cadres de la haute direction mentionnent sur leur profil LinkedIn des compétences en matière d’IA telles que l’ingénierie rapide et les outils d’IA générative, par rapport à il y a deux ans. Ce changement révèle une évolution majeure : la maîtrise de l’intelligence artificielle n’est plus marginale, elle devient une composante centrale du leadership exécutif.

 


De la prise de conscience à l’action : les dirigeants prennent le virage de l’IA

En quelques années à peine, l’intelligence artificielle a profondément bouleversé les emplois, les compétences et les modèles d’entreprise. Désormais, tout dirigeant doit comprendre le potentiel de l’IA pour piloter efficacement son domaine, stimuler l’innovation et accroître la productivité. Le baromètre Work Trend Index 2025 de Microsoft souligne à quel point cette technologie va remodeler les organisations, et l’urgence de s’y préparer dès maintenant.

Les cadres supérieurs ne restent pas en marge. D’après LinkedIn, ils sont 1,2 fois plus nombreux que les autres travailleurs à ajouter des compétences en IA à leur profil – signe que la prise de conscience se fait au plus haut niveau. Ce mouvement dépasse la simple communication ou le personal branding : 88 % des dirigeants mondiaux considèrent l’accélération de l’adoption de l’IA comme une priorité majeure pour 2025.

Les premières données sont encourageantes : plus de la moitié des entreprises ayant déjà intégré des outils d’IA constatent une hausse de leur chiffre d’affaires d’au moins 10 %, selon LinkedIn.

Mais l’ambition ne suffit pas à garantir la mise en œuvre. Quatre dirigeants sur dix reconnaissent que leur propre équipe de direction freine l’adoption de l’IA, que ce soit par manque de formation, par doute sur le retour sur investissement ou simplement par absence de préparation aux bouleversements culturels qu’elle implique. Autrement dit, si beaucoup saisissent le « pourquoi » de l’IA, nombreux sont ceux qui butent encore sur le « comment ».

 

L’IA, une compétence devenue incontournable au sommet des entreprises

Si l’intelligence artificielle s’impose aujourd’hui comme une priorité pour les dirigeants, c’est parce qu’elle devient rapidement essentielle à la performance des entreprises. L’étude de LinkedIn montre que la maîtrise de l’IA figure désormais parmi les compétences les plus recherchées, tous métiers confondus. Chez les cadres dirigeants, elle dépasse même les atouts traditionnels comme l’expérience opérationnelle ou l’expertise financière : elle est désormais perçue comme la compétence clé pour piloter le changement.

Ce basculement modifie non seulement la façon dont les dirigeants envisagent leur propre développement, mais aussi leur approche du recrutement. Huit sur dix affirment qu’ils privilégieraient un profil à l’aise avec les outils d’IA, même au détriment d’une expérience plus conventionnelle. L’expérience reste donc un atout… à condition d’être alignée avec les enjeux actuels.

Cette évolution marque une transformation majeure dans le profil des leaders. La maîtrise de l’IA n’est plus un avantage parmi d’autres : c’est une compétence décisive qui conditionne la capacité à diriger dans un monde en pleine mutation numérique — ou, au contraire, le risque de décrocher.

 

Montrer l’exemple : pourquoi les dirigeants doivent incarner le changement

Dan Shapero, directeur de l’exploitation de LinkedIn, insiste : la transformation liée à l’IA ne relève pas uniquement de la technologie, mais aussi — et surtout — du leadership. Lors d’un entretien, il déclarait : « L’adoption de l’IA est autant un défi de direction qu’un défi technique. » Selon lui, de nombreuses entreprises reconnaissent l’urgence d’un virage technologique, mais sous-estiment la profondeur du changement culturel et organisationnel nécessaire pour intégrer l’IA dans le quotidien des équipes.

C’est pourquoi les dirigeants doivent aller au-delà des discours et s’impliquer personnellement. Leur rôle ne se limite pas à soutenir l’IA dans les grandes orientations stratégiques : ils doivent l’utiliser eux-mêmes, au service de leur propre efficacité, dans leurs prises de décisions comme dans la gestion d’équipe.

Un leadership exemplaire en matière d’IA envoie un message clair : cette transformation ne relève pas uniquement d’un service technique ou d’une future recrue, mais concerne tous les échelons de l’entreprise.

Shishir Mehrotra, PDG de Grammarly, incarne parfaitement cette approche. Il explique que l’IA l’aide concrètement à gagner en productivité au quotidien : « Elle m’épargne des heures de travail en résumant les actions à retenir lors de discussions avec des clients, en rédigeant des messages de suivi ou en retrouvant rapidement des informations dans des documents. »

Anahita Tafvizi, responsable de l’analyse des données chez Snowflake, le résume ainsi : « Le paysage de l’IA évolue vite, et ce sont les dirigeants qui s’impliquent, testent et développent constamment leurs compétences qui seront les plus aptes à guider leurs équipes et à produire des résultats concrets. »

Ce changement d’attitude a des effets réels. Lorsqu’un dirigeant adopte l’IA et en montre l’exemple, il envoie un signal clair à ses équipes, les incitant à faire de même. La culture d’entreprise s’aligne alors sur ce leadership. Et aujourd’hui, l’impulsion doit clairement venir d’en haut.

Pour aider à combler l’écart entre ambition et mise en œuvre, LinkedIn et Microsoft proposent jusqu’à fin 2025 un accès gratuit à plusieurs formations en ligne et certifications axées sur l’IA. Ces programmes ne sont pas des introductions génériques : ils ont été pensés pour les décideurs.

Parmi eux, AI for Organizational Leaders comprend six modules conçus pour aider les cadres à élaborer une stratégie d’IA, à évaluer ses impacts sur l’activité, et à utiliser ces outils pour créer un avantage concurrentiel. Un autre parcours, AI for Managers, s’adresse aux managers intermédiaires avec des applications concrètes : améliorer les réunions, favoriser la collaboration ou encore ancrer une culture tournée vers l’IA.

Au-delà des certificats phares, LinkedIn et Microsoft ont lancé plus de 150 parcours de formation à l’IA, adaptés à une grande variété de fonctions et de niveaux hiérarchiques. Ces programmes s’inscrivent dans le cadre du plan global de montée en compétences en IA proposé par LinkedIn, qui vise à accompagner les entreprises dans toutes leurs dimensions – pas seulement quelques départements isolés. L’objectif : doter l’ensemble des organisations des outils nécessaires pour évoluer dans un monde bouleversé par l’intelligence artificielle.

Mais pour que ces initiatives portent leurs fruits, elles doivent être pleinement intégrées dans les stratégies de gestion des talents, et accompagnées d’un réel soutien managérial. La clé du succès réside moins dans l’abondance des ressources que dans la capacité à transformer ces apprentissages en changements concrets sur le terrain.

La montée en puissance rapide des compétences en IA chez les cadres traduit une réalité plus profonde : alors que l’IA s’impose comme un levier central de la stratégie d’entreprise, le leadership lui aussi doit se réinventer. Cela suppose de poser les bonnes questions, de comprendre les outils disponibles et d’adopter une posture d’apprentissage continu.

Cependant, ce changement de culture ne peut reposer uniquement sur la volonté individuelle. Il exige un investissement collectif, à la fois dans la formation, dans les systèmes de travail et dans l’évolution des mentalités. Dans un environnement en perpétuelle mutation, la capacité à apprendre, expérimenter et montrer l’exemple fera la différence entre les organisations qui prennent de l’avance — et celles qui restent à la traîne.

 

Une contribution de Benjamin Laker pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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