Il y a un moment que tout le monde espère éviter. Le moment où vous dites quelque chose de déplacé devant un client. Ou celui où vous perdez vos moyens pendant une présentation. Ou quelqu’un souligne une erreur que vous avez commise devant toute l’équipe. Soudain, vous rougissez, vos pensées se bousculent et vous ne voulez plus qu’une chose : disparaître.
La honte et l’embarras au travail peuvent être accablants, en particulier pour les personnes très performantes. Cependant, en réalité, cela ne doit pas vous définir. Si vous le permettez, la curiosité peut devenir votre échappatoire.
Pourquoi la honte et l’embarras au travail sont-ils si difficiles à vivre ?
L’embarras et la honte sont des émotions puissantes, car elles sont ancrées dans la peur, notamment la peur de perdre son statut, ses compétences ou son sentiment d’appartenance. Au travail, où nous associons souvent notre identité à nos performances, toute erreur publique peut être perçue comme un défaut de caractère plutôt que comme une simple erreur. Connue pour ses travaux sur la vulnérabilité et la honte, Brené Brown déclare : « La honte est le sentiment ou l’expérience extrêmement douloureuse de croire que nous sommes imparfaits et donc indignes d’amour et d’appartenance. ». Au travail, cela se traduit souvent par le sentiment que nous ne sommes plus respectés.
Pourquoi la curiosité fonctionne lorsque la confiance disparaît à cause de la honte et de l’embarras au travail
La confiance peut disparaître en un instant. La curiosité vous aide à la reconstruire. Lorsque vous vous sentez humilié, votre instinct naturel peut-être de vous cacher ou de ruminer. Cependant, la curiosité crée du mouvement. Elle détourne votre attention de la peur du jugement et vous amène à vous poser des questions qui vous aident à comprendre ce qui s’est passé, comment réagir et ce que vous pouvez en tirer. C’est un outil qui vous permet de reprendre le pouvoir sans faire comme si rien ne s’était passé.
Quelles questions peuvent aider après un moment humiliant de honte et d’embarras au travail ?
Au lieu de vous obséder sur ce que les autres pourraient dire, commencez par vous poser des questions qui vous permettent de garder les pieds sur terre :
- Qu’est-ce qui a déclenché ma réaction ?
- Ma réponse était-elle basée sur des faits ou sur des suppositions ?
- Quelle histoire est-ce que je me raconte sur ce que cela signifie ?
- À quel point était-ce grave, véritablement ?
- Que dirais-je à un ami qui aurait vécu la même chose ?
- Que puis-je apprendre de cette expérience ?
La curiosité vous transforme de victime du moment en élève. Elle invite à la réflexion plutôt qu’à la réactivité.
Que se passe-t-il si vous n’utilisez pas votre curiosité pour surmonter la honte et l’embarras au travail ?
Lorsque vous ne vous interrogez pas sur ce qui s’est passé, votre cerveau comble les lacunes avec les pires explications possibles. Vous supposez que votre réputation est ruinée. Vous recommencez sans cesse à revivre ce moment. Vous pouvez même éviter certaines personnes ou certains projets juste pour échapper à la honte. Cette attitude renforce votre peur et vous empêche d’avancer. Sans curiosité, ces moments deviennent des schémas qui vous freinent.
La curiosité peut-elle vous aider à affronter les personnes qui vous ont vu vivre des moments de honte et d’embarras au travail ?
Oui. La curiosité adoucit le jugement que vous portez sur vous-même, ce qui change la façon dont les autres réagissent à votre égard. Lorsque vous abordez les conséquences d’un incident avec humilité et un intérêt sincère pour votre développement, les gens le remarquent. Ils se concentrent moins sur votre erreur et davantage sur votre rétablissement. La curiosité vous donne autre chose à dire que des excuses. Elle vous permet de demander des commentaires, d’explorer ce qui n’a pas fonctionné et de vous montrer sous votre meilleur jour.
Comment les dirigeants se remettent-ils de la honte et de l’embarras au travail ?
Les dirigeants qui ont réussi à rebondir après des revers n’ont pas ignoré le problème ni tenté de le dissimuler. Ils ont utilisé leur curiosité pour comprendre comment les autres percevaient la situation, quels systèmes avaient échoué et ce qu’ils pouvaient faire différemment. Une cadre supérieure a même confié qu’après un lancement raté, elle avait fait le tour de toutes les équipes pour leur demander : « Qu’avez-vous vu que je n’ai pas vu ? » Cette simple question a fait émerger des idées et des perspectives qui ont finalement conduit à leur prochain succès.
Quel rôle joue l’intelligence émotionnelle dans la gestion de la honte et de l’embarras au travail ?
La curiosité est l’un des moyens les plus rapides d’activer l’intelligence émotionnelle. Au lieu de réagir sous l’emprise de la honte, de la peur ou du blâme, la curiosité vous permet de faire une pause. Cette pause vous aide à identifier vos émotions, à reconnaître leur impact sur les autres et à modérer votre réaction. Marc Brackett, chercheur en intelligence émotionnelle, écrit dans son livre Permission To Feel : « Si vous pouvez la nommer [votre émotion, NLDR], vous pouvez la maîtriser. » La curiosité vous aide à nommer ce qui se passe réellement afin que vous ne vous enfonciez pas dans une spirale négative.
Que faire si vous avez ressenti de la honte ou de l’embarras au travail à cause de quelque chose que vous avez dit lors d’une réunion ?
C’est l’un des regrets les plus courants au travail. Qu’il s’agisse d’une blague qui n’a pas été comprise ou d’un argument maladroit, la gêne peut être vive. Faites preuve de curiosité et posez-vous les questions suivantes : ai-je dit quelque chose de méchant ou simplement maladroit ? Dois-je donner suite ou clarifier quelque chose ? Qu’est-ce qui m’aiderait à tourner la page ? Souvent, un petit message, un e-mail de clarification ou même le fait de reconnaître la situation embarrassante avec humour peut rétablir le ton.
La curiosité peut-elle aider à prévenir les moments de honte et d’embarras au travail ?
Oui. Si vous êtes du genre à vous sentir souvent pris au dépourvu, la curiosité vous aide à mieux anticiper. Elle encourage la préparation, la conscience de soi et l’apprentissage continu. Demander un feedback avant une réunion importante ou s’entraîner à répondre à des questions difficiles peut réduire le risque de faux pas. Cela ne garantit pas la perfection, mais cela renforce la résilience et la perspicacité qui protègent votre confiance.
Que devez-vous vous rappeler après un moment difficile de honte et d’embarras au travail ?
Vous avez le droit d’avoir un jour sans. Vous avez le droit de vous sentir gêné. Cependant, ne laissez pas un seul moment définir votre histoire. Posez les questions qui mènent à la croissance. Soyez quelqu’un qui fait preuve de curiosité plutôt que de se refermer sur soi-même après avoir vécu une situation embarrassante au travail. C’est cela, la force. C’est cela, le leadership. Et c’est ainsi que vous avancerez, une question à la fois.
Une contribution de Diane Hamilton pour Forbes US, traduite par Flora Lucas
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