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Vente historique : le premier sac Hermès Birkin vendu 8,6 millions d’euros aux enchères

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Getty

Symbole absolu du luxe, le tout premier sac Hermès Birkin jamais conçu s’est envolé pour la somme record de 8,6 millions d’euros lors d’une vente aux enchères organisée jeudi par Sotheby’s à Paris. Conçu il y a 40 ans, ce modèle iconique, à l’origine de la ligne de sacs la plus prestigieuse au monde, a suscité une vive bataille entre neuf enchérisseurs. Après plus de dix minutes de surenchères, c’est un acheteur japonais resté anonyme qui a remporté la pièce historique.

 

Faits marquants

  • Créé sur-mesure pour l’actrice et icône du style Jane Birkin, ce prototype a donné naissance à l’un des sacs les plus convoités de la maison Hermès. Devenus objets de luxe emblématiques, les modèles Birkin se revendent souvent à plusieurs dizaines de milliers de dollars et restent notoirement difficiles d’accès.
  • Ce sac devient le sac à main le plus cher jamais adjugé aux enchères, acquis pour 7 millions d’euros hors frais. Il dépasse de très loin le précédent record, détenu par un Hermès Kelly 28 vendu pour 513 040 dollars (438 860 euros) en novembre 2021.
  • Selon le Wall Street Journal, le sac a été vendu à un collectionneur privé japonais dont le nom n’a pas été dévoilé.
  • Le Birkin devient désormais le deuxième article de mode le plus précieux jamais vendu, juste derrière la célèbre paire de souliers rouge du Magicien d’Oz, adjugée pour 32,5 millions de dollars (27,8 millions d’euros) en 2024.
  • Le sac originel se distingue à plusieurs égards des modèles Birkin produits par la suite : il présente un format unique, intermédiaire entre les tailles 35 et 40 adoptées plus tard par Hermès, des finitions en laiton doré plutôt qu’en métal plaqué or comme sur les versions officielles, et des clous de fond (ou pieds du sac) nettement plus petits que ceux des sacs de série.
  • Le sac porte aussi les traces évidentes de son usage quotidien : Jane Birkin, réputée pour l’utiliser sans réserve plutôt que de le garder intact comme le feraient la plupart des collectionneurs aujourd’hui, avait même l’habitude de le personnaliser avec des autocollants et divers accessoires.
  • Ce sac a déjà changé de mains à deux reprises, pour des montants non divulgués : en 1994, Jane Birkin l’a offert lors d’une vente aux enchères au profit de l’Association Solidarité Sida, une organisation française de lutte contre le sida, puis il a été revendu en 2000 à la collectionneuse parisienne Catherine Benier, qui en est restée propriétaire depuis.

 

Contexte clé

L’histoire du sac Birkin est devenue une véritable légende de la mode. Au milieu des années 1980, Jane Birkin, icône et muse française au style parisien emblématique, voyageait avec un sac en plastique comme sac à main. Lorsque celui-ci se déchira en plein vol, elle exprima haut et fort son étonnement qu’Hermès, la célèbre maison française, ne propose pas un sac capable de contenir toutes ses affaires. Assis à ses côtés, Jean-Louis Dumas, alors directeur général et designer en chef d’Hermès, prit note de ses remarques. Jane Birkin esquissa alors sur une pochette d’avion le design du sac qui allait devenir un classique. Jean-Louis Dumas donna vie à ce sac en cuir chic, pensé pour un usage quotidien.

Les premiers modèles Birkin virent le jour la même année, et sont rapidement devenus un symbole de prestige. Leur prix varie généralement entre 10 000 et 60 000 dollars, tandis que les listes d’attente pour les exemplaires rares peuvent s’étendre sur plusieurs mois, voire des années. L’achat d’un Birkin reste un privilège strictement contrôlé : les clients doivent être invités personnellement par les vendeurs d’Hermès, souvent après avoir dépensé des sommes importantes sur d’autres produits de la marque. Par ailleurs, ils ne choisissent pas le modèle qu’ils souhaitent, mais se voient proposer uniquement ce qui est disponible, selon un principe « à prendre ou à laisser ».


Du fait de leur rareté, les sacs Birkin disposent d’un marché secondaire très actif. Aujourd’hui, Sotheby’s propose à la revente 239 sacs Birkin sur son site, allant d’un Birkin 42 orange à 8 000 dollars jusqu’à un Birkin Himalaya en crocodile blanc affiché à 220 000 dollars.

 

Nombre important

2 millions de dollars. C’est le prix du Birkin le plus cher jamais conçu. Le Sac Bijou Birkin, présenté dans la collection Hermès de 2012, a été imaginé par la directrice de la joaillerie de la maison. Ce mini-sac, orné de 2 712 diamants, était destiné à être porté comme un bracelet, selon Sotheby’s. Seuls trois exemplaires de ce modèle exceptionnel ont été réalisés.

 

Ce que nous ignorons

L’identité de l’acheteur reste inconnue. La vente était ouverte aussi bien aux collectionneurs privés qu’aux institutions, comme les musées. La plus grande collection Hermès connue à ce jour appartient à la mondaine singapourienne Jamie Chua, qui la conserve dans un dressing de 700 m², sécurisé par reconnaissance d’empreintes digitales. Ses sacs, exposés derrière une vitrine, incluent notamment un Birkin Himalaya serti de diamants, estimé à 500 000 dollars. Parmi les autres grandes passionnées figurent des célébrités comme Victoria Beckham, Kim Kardashian, Kylie Jenner ou Jeffree Star, tandis que Pippa Middleton, Kate Moss, Jennifer Lopez, ainsi que Mary-Kate et Ashley Olsen comptent aussi parmi les collectionneuses les plus en vue.

 

Tangente

L’organisation People for the Ethical Treatment of Animals (PETA) au Royaume-Uni a adressé une lettre à Mme Benier, l’incitant à reverser les recettes de la vente aux enchères à des associations de protection de la faune, « afin de compenser, au moins en partie, les souffrances infligées aux animaux lors de la fabrication des sacs Birkin ». Hermès fait partie des rares maisons de luxe régulièrement critiquées pour son usage de peaux exotiques, telles que celles de crocodile, d’alligator ou de serpent. Selon PETA, la fabrication d’un seul sac Birkin en peau exotique nécessite la mort de trois crocodiles. Jane Birkin elle-même avait demandé à Hermès de retirer son nom du sac, notamment pour la version en crocodile, en raison de préoccupations liées à la protection animale. Elle est finalement revenue sur cette demande, après qu’Hermès a menacé de mettre fin à son partenariat avec une ferme d’élevage de crocodiles au Texas, accusée de ne pas respecter les normes internationales de production.

 

Un article de Mary Whitfill Roeloffs pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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