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Olivier Rousteing quitte Balmain : la fin d’une ère

Olivier Rousteing quitte Balmain : la fin d’une ère - capture decran 2025 11 05 a 60105 pm
Francesca Beltran
Il était le bébé de ­Balmain, Balmain est devenu son bébé, et après quatorze ans à la tête de la direction artistique et plus de seize ans de présence au sein de la maison, Olivier Rousteing quitte la maison qu’il a ressuscitée.

Sous sa direction, Balmain a connu une véritable renaissance. En quatorze ans, il a transformé une maison en perte de vitesse en une marque mondiale, influente et audacieuse. Visionnaire, il a su conjuguer héritage et modernité, respect des codes fondateurs et audace contemporaine. En puisant dans les archives de Pierre Balmain, il a façonné un style reconnaissable entre tous : silhouettes architecturées, opulence maîtrisée et glamour assumé.

Olivier Rousteing a aussi compris avant tout le monde la puissance de l’image et des réseaux sociaux, érigeant la Balmain Army en communauté planétaire. Ce collectif de mannequins, d’artistes et de fans engagés a fait de Balmain une maison symbole de diversité, de fierté et de représentation.

Sous sa houlette, le chiffre d’affaires a été multiplié par quinze, passant d’une trentaine à près de 300 millions d’euros. Le créateur a également diversifié les univers de la maison, du prêt-à-porter à la beauté, avec le lancement de Balmain Beauty et le retour en force du parfum.

Rousteing a ouvert ses défilés au public et multiplié les collaborations stratégiques, à la croisée de la culture et du business : Evian, H&M ou encore Disney pour les 100 ans du studio, via une collection capsule inédite. Ces initiatives ont consolidé la visibilité internationale et la désirabilité de Balmain, tout en ancrant la maison dans une culture populaire assumée.


 

Un parcours hors norme

Recruté à seulement 24 ans, Olivier Rousteing devient, à 25 ans, le plus jeune directeur artistique d’une grande maison française et le premier créateur noir à occuper ce poste dans l’histoire de la mode hexagonale.

« Je voulais que Balmain prenne sa place comme maison française à l’international », expliquait-il. « Dès mon arrivée, j’ai voulu que la maison dépasse les frontières. Ça a toujours été un enjeu artistique et économique. »

Sous sa direction, la maison Balmain, propriété du fonds qatari Mayhoola (également actionnaire de Valentino), a connu une expansion sans précédent. En 2024, elle a entamé un profond renouvellement : Matteo Sgarbossa, passé par Kering et LVMH, a succédé à Jean-Jacques Guevel à la direction générale, tandis que Bruna Scognamiglio a pris la tête de la communication. Aux côtés de Matteo Sgarbossa, Rousteing avait engagé Balmain dans une nouvelle ère, plus introspective, fidèle aux codes fondateurs tout en y insufflant sa modernité.

 

Un héritage créatif et culturel majeur

Comme Karl Lagerfeld chez Chanel, Olivier Rousteing fait partie de ces rares designers qui ont incarné une maison autant qu’ils l’ont dirigée. Il ne s’est pas contenté de créer des collections : il a bâti une communauté, réinventé un héritage et ressuscité une maison que beaucoup croyaient dépassée. Il a su mêler créativité radicale, enjeux culturels et stratégie commerciale, dans une démarche où chaque collection relevait autant de la proposition artistique que du défi stratégique.

« J’ai toujours eu des objectifs financiers, même à 24 ans », confiait-il. « Pour moi, la créativité et le business sont indissociables. »

Son parcours, fait de résilience et d’ambition, a ouvert la voie à une nouvelle génération de créateurs plus inclusifs et ouverts sur le monde. Il a défié les codes d’une industrie parfois figée et fait de sa différence une force.

 

Un règne couronné par la performance

Quatorze ans à la direction artistique d’une maison de mode : une longévité exceptionnelle dans une industrie où la valse des créateurs est constante. Sous la houlette d’Olivier Rousteing, le chiffre d’affaires de Balmain a été multiplié par quinze, passant d’un peu plus de 30 millions d’euros à près de 300 millions en 2025. Une croissance spectaculaire, à la hauteur de sa vision créative et de son sens aigu du développement stratégique.

« Je suis profondément fier de tout ce que j’ai accompli, et infiniment reconnaissant envers mon équipe exceptionnelle chez Balmain, ma famille choisie, dans un lieu qui a été ma maison pendant ces quatorze dernières années. Je remercie M. Rachid Mohamed Rachid et Matteo Sgarbossa pour leur confiance indéfectible et pour m’avoir offert cette opportunité extraordinaire. Alors que je me tourne vers l’avenir et le prochain chapitre de mon parcours créatif, je garderai toujours précieusement en mémoire cette période unique. »

 

Et maintenant ?

La maison n’a pas encore désigné de successeur. Une « nouvelle organisation créative » est annoncée, mais succéder à une telle icône sera un défi de taille. Après quinze ans de communion avec un designer aussi apprécié qu’Olivier Rousteing, Balmain doit redéfinir son identité sans trahir l’héritage de cette ère singulière. Quant à lui, l’avenir reste ouvert. Une autre maison ? Un grand groupe ? Sa propre marque ? Les spéculations vont bon train.

Lors de son interview à Forbes l’an dernier, il déclarait :

« Notre histoire, à Balmain et moi, c’est une histoire d’amour, d’espérance et d’une longévité incroyable. Je ne connais pas la fin. Est-ce que je peux vous dire que c’est pour toujours ? Peut-être. Est-ce que je peux vous dire que ça s’arrêtera ? Peut-être aussi. En tout cas, aujourd’hui, il y a beaucoup d’amour. »

Un an plus tard, la page Balmain est tournée. Mais la suite reste à écrire, et elle s’annonce passionnante.

 


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