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Au cœur du havre hollywoodien d’Adam Lambert, évalué à 7,4 millions de dollars

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Crédit photo : Christopher Amitrano / CS8 Photo

Achetée en 2018 par un chanteur pop-rock nommé aux Grammy Awards, cette maison sans âme à l’origine a été métamorphosée en un élégant refuge perché au-dessus des lumières de Los Angeles.

 

Les maisons construites à des fins spéculatives suscitent rarement l’admiration. À Los Angeles, le simple mot suffit à évoquer des rangées de maisons identiques et modernes, pensées pour être revendues rapidement et promises à l’oubli dès que l’acte de vente est signé. Mais l’entrepreneur Justin Krzyston préfère y voir une opportunité plutôt qu’une fatalité. Pourquoi se lamenter d’un vide quand on peut le considérer comme une toile immaculée ?

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Crédit photo : Christopher Amitrano / CS8 Photo

Krzyston, fondateur de l’entreprise de construction Stonehurst, en a fait la démonstration en repensant la résidence du chanteur et auteur-compositeur Adam Lambert, perchée sur le Sunset Strip et aujourd’hui mise en vente pour 7,375 millions de dollars. Comme beaucoup de propriétés haut de gamme, cette maison de trois étages a été livrée clé en main : plomberie neuve, charpente irréprochable, aucun craquement ni affaissement à l’horizon. Une base saine qui, selon Krzyston, a libéré le potentiel créatif.


« Comme il s’agissait d’une construction destinée à la revente, nous n’avions pas à investir dans de lourds travaux structurels », explique-t-il. « Cela nous a permis de nous concentrer pleinement sur l’esthétique, le choix des matériaux et une approche réellement transformative du design. »

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Crédit photo : Christopher Amitrano / CS8 Photo

Lambert a acquis cette propriété de 465 m² en 2018, attiré sans doute moins par son caractère que par son potentiel. Plafonds hauts, larges baies vitrées, piscine et terrasse offrant une vue imprenable sur les lumières de la ville en contrebas : tous les éléments essentiels étaient déjà en place, même si la maison était encore trop sobre pour son nouveau propriétaire. Connu pour ses concerts électrisants et ses tournées avec Queen, Lambert recherchait une architecture capable de rivaliser avec son énergie scénique. En renouant avec Krzyston, il a métamorphosé ce refuge jusque-là silencieux en véritable antre de rock star.

Dès l’entrée, le ton est donné. Le lustre standard, suspendu avec réserve, a disparu, remplacé par une explosion asymétrique de sphères en verre cobalt, évoquant une sculpture gonflable à la Jeff Koons. Ce geste traduit la philosophie du projet : créer un impact visuel fort grâce à des touches audacieuses, tout en évitant les coûts et délais liés à une refonte structurelle majeure.

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Crédit photo : Christopher Amitrano / CS8 Photo

Ce principe se manifeste avec une évidence particulière dans la cuisine. L’îlot d’origine, une simple dalle blanche, remplissait son rôle mais manquait de personnalité. Krzyston et Lambert ont exploré plusieurs carrières avant de tomber sur un impressionnant bloc de marbre Silver Wave. Transformée en un monolithe de plus de trois mètres, habillée de cuir et assortie aux étagères, cette pièce maîtresse a métamorphosé l’espace. « Ce marbre possède un mouvement naturel qui crée une sensation de fluidité et d’intensité, tout en unifiant visuellement la pièce », explique Krzyston. « Sa texture apporte une profondeur supplémentaire, et le simple contact avec la pierre ancre l’espace, lui conférant une intention et une force nouvelles. »

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Crédit photo : Christopher Amitrano / CS8 Photo

À l’étage, la discrétion laisse place à une audace raffinée. La chambre principale se pare de cuir gaufré façon peau de serpent. Une cheminée flottante, suspendue au plafond et revêtue de basalte, diffuse un éclat subtil qui dialogue avec les lumières scintillantes de la ville, visibles au-delà des larges baies vitrées rétractables.

C’est dans la salle de bains attenante que Krzyston opère la métamorphose la plus saisissante de la maison. Il a imaginé des panneaux de noyer s’élevant le long des murs, formant une coque harmonieuse, ponctuée au sol par un granit noir monolithique. La chaleur naturelle du noyer vient adoucir la silhouette imposante d’une baignoire autoportante, tandis qu’un film sur mesure apposé sur la douche garantit l’intimité tout en offrant une vue dégagée sur le jardin en contrebas.

Dans le reste de la maison, les améliorations prennent forme dans les moindres détails, qu’ils soient subtils ou spectaculaires. Les lames de parquet foncé enrichissent la palette chromatique, un papier peint à motifs apporte relief et texture, et une nouvelle baie vitrée pleine hauteur dans la salle d’eau du rez-de-chaussée transforme un recoin auparavant oublié en un espace baigné de lumière, empreint d’élégance.

Certains pourraient objecter que de telles finitions pourraient orner n’importe quelle maison sur mesure. Mais puisque l’infrastructure était entièrement neuve, les dépenses imprévues n’ont jamais pris le pas sur la vision artistique, précise Krzyston. Pas d’amiante à retirer, pas de canalisations en fonte à remplacer, ni de retards causés par les services de construction et de sécurité. « Derrière les murs, nous n’avons quasiment rien dépensé », confie-t-il. « Cela nous a permis de concentrer le budget sur ce qui compte vraiment : l’espace de vie. »

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Crédit photo : Christopher Amitrano / CS8 Photo

L’expérience de Krzyston illustre une leçon plus large pour Los Angeles, où démolition rime souvent avec confrontation entre progrès et conservation. Si une maison construite à des fins spéculatives paraît neutre et sans âme, mieux vaut la voir comme une matière première, une toile brute plutôt qu’un héritage désuet. Entre de bonnes mains, ce blanc immaculé peut se transformer en audace — sans permis coûteux pour la plomberie ni millions investis en renforcement sismique. Car il y a là une efficacité insoupçonnée : on paie pour l’expression, rarement pour la réparation.

 

Une contribution de Spencer Elliott pour Forbes Global Properties – traduit par Lisa Deleforterie


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