
« Le magicien, ce n’est pas nous, c’est vous », une phrase glissée à votre arrivée qui pourrait servir de mantra à ce lieu unique. À Dehradun, au nord de New Delhi, dans les contreforts de l’Himalaya, le Six Senses Vana n’a rien d’un simple hôtel : c’est un lieu de révélation. Ici, le bien-être n’est plus un luxe accessoire ; il devient un impératif, une économie de l’écoute et du temps long.
Sous ses 21 hectares de forêt de sal, l’ancien Vana, racheté par le groupe Six Senses, a trouvé une nouvelle respiration. L’enseigne, pionnière du luxe durable et expérientiel, a fait de ce sanctuaire son laboratoire le plus exigeant : un lieu hybride, entre clinique de l’âme et retraite hôtelière, où l’on soigne autant la fatigue du corps que l’essoufflement du monde.

Une cure holistique où chaque soin devient une initiation à soi-même
Tout commence par un entretien avec un médecin ayurvédique, puis une séance d’acupuncture. La praticienne, charismatique, résume la philosophie du lieu :
« Notre corps produit la maladie, mais il produit aussi le remède. L’acupuncture ne fait que réveiller ce pouvoir intérieur. Beaucoup disent que nous sommes des magiciens, mais la magie, c’est vous. Nous ne faisons que la révéler. »
De là naît un programme sur mesure : yoga thérapeutique, méditations Trataka, bains Watsu où l’on flotte comme avant la naissance, thérapies sonores, massages tibétains ou soins ayurvédiques Panchakarma. Le corps s’éveille, l’esprit s’apaise, les énergies se rééquilibrent. « Le quatrième jour, on commence à déconnecter vraiment », sourit Jaspreet Singh, directeur général du lieu.
Entre deux soins, on peut randonner dans les contreforts de l’Himalaya, suivre la cérémonie Aarti à Rishikesh, ou simplement contempler, depuis sa chambre, les singes langurs sautant d’arbre en arbre, compagnons impertinents et spirituels. Les 82 chambres et suites, ouvertes sur la forêt, offrent ce luxe discret que l’on ne mesure pas à la dorure, mais à la lumière. Piscine intérieure, bibliothèque, ateliers d’artisanat ou cuisine ayurvédique participent d’un confort enveloppant où tout est pensé pour le calme.

Un luxe de sobriété
Le lieu a été dessiné par l’architecte majorquin Antoni Esteva, lui-même pratiquant de yoga, dans un esprit de pureté organique : bois clair, pierre brute, silence. « On ne peut pas copier l’âme de Vana, dit Singh. On peut copier les murs, pas ce qu’ils abritent. » Dans cette architecture habitée, chaque élément : une sculpture, un parfum, une lumière, participe d’un équilibre sensoriel. Rien n’agresse les sens, tout les affine.
Le luxe ici, c’est la cohérence. Téléphones confinés dans les chambres, tenues de coton bio tissées par des artisans soutenus depuis douze ans, compost intégral des déchets organiques, approvisionnement local… La durabilité coûte cher, mais n’a pas de prix : le fondateur originel, Veer Singh, militant de l’agriculture régénérative, a posé les bases d’un modèle qui allie confort, conscience et continuité.

Le bien-être, un nouvel impératif économique
C’est cette vision que Six Senses a voulu préserver et amplifier. Pour Mark Sands, vice-président du bien-être du groupe :
« Les PDG et cadres supérieurs comprennent que pour être de bons leaders, ils doivent d’abord être de bons êtres humains. Le bien-être n’est plus un luxe, c’est une nécessité. »
Une étude interne montre que 82 % des dirigeants ayant séjourné à Vana ont vu leur productivité augmenter, et 66 % dorment désormais huit heures par nuit. Le sommeil, la respiration, l’attention deviennent de nouveaux indicateurs de performance.
« Si un vin n’est pas produit en Champagne, peut-on l’appeler champagne ? » s’amuse Jaspreet Singh. « Eh bien, si ce n’est pas le vrai yoga, n’appelez pas ça yoga. En Inde, nous savons encore d’où vient cette science du corps et de l’esprit. »
Une écologie de l’esprit et du lieu
Tout, ici, est conçu pour renouer le lien entre nature et conscience : 100 % du personnel est indien, dont dix jeunes réfugiés tibétains formés chaque année à la médecine traditionnelle Sowa Rigpa. Les 75 kilos de déchets organiques produits chaque jour sont compostés sur place, et les excédents offerts aux fermiers locaux. « La terre nous nourrit, nous lui rendons ce qu’elle nous donne. C’est un cycle complet ».
Un modèle d’hospitalité vertueuse qui devraient inspirer d’autres établissements : un bien-être global, où le soin du corps s’étend à celui du monde. Et si le résultat était de repartir en se sentant plus léger, plus juste, plus vivant ? Quand vient l’heure du départ, un simple cordon rouge noué au poignet rappelle la promesse de l’acupunctrice : le magicien, décidément, c’était vous.

Infos pratiques
Y aller : Vol Paris–New Delhi (environ 8 h), puis transfert privé d’environ 4 h jusqu’à Dehradun, au pied de l’Himalaya.
Séjourner : Le Six Senses Vana propose des retraites bien-être à partir de 4 000 € TTC pour 5 nuits (base 2 personnes), incluant la pension complète, les soins quotidiens, la consultation bien-être et les activités (yoga, méditation, randonnées). Réservation via Kuoni Emotions (www.kuoni.fr/emotions).
À faire sur place : Cure ayurvédique personnalisée, Watsu, méditation sonore, randonnées vers Mussoorie ou Jabberkhet Nature Reserve, visite de monastères bouddhistes, cérémonie Aarti à Rishikesh, ateliers de poterie, de tissage ou de cuisine ayurvédique.
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