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Pourquoi Les Émissions De Survie En Alaska Passionnent Autant ?

Getty Images

« Les habitants de Tanana précipitent leurs préparatifs : une terrible vague de froid va s’abattre sur le Yukon… ». Dans « Into the Wild, seul face à l’Alaska », le suspense est soigneusement entretenu… avant chaque coupure de pub. Frissons garantis pour les millions de fans qui suivent ces programmes.

Tous les après-midi, les chaînes comme RMC Découverte et Planète+ font leurs choux gras avec ce type de programme de téléréalité américaine. « Seuls face à l’Alaska » (Mountain Men) ou  » Les Montagnards  » pour la version québécoise, est une des plus anciennes. Pas moins de 7 saisons de 16 épisodes qui mettent en scène, depuis 2012, des personnages américains hauts en couleurs vivant de la nature en milieu montagnard particulièrement hostile.

« Alaska, les derniers trappeurs », « Alaska, la ruée vers l’or », « les derniers Alaskiens », « Alaska, la dernière frontière « … N’en jetez plus.

Pour les chaînes de télé low cost, le filon de l’Alaska semble inépuisable. Et ça cartonne. L’audience de la chaîne « pour les hommes » du groupe Altice, RMC Découverte, grimpe mois après mois. En mars, elle était en progression de 0,2 point à 2,3 %. Pas mal pour une chaîne qui diffuse l’après-midi en boucle des émissions sur catalogue achetées autour de 1 000 euros par épisode.

Des programmes beaucoup moins chers que les émissions de téléréalité coproduite par la chaîne comme « Retour à l’instinct primaire », la version française de Naked and Afraid ou deux personnes doivent survivre nus, sans outils ni nourriture pendant 21 jours avant de rallier un point d’extraction ou encore Primal Survivor, l’aventurier de l’extrême ou un homme va dans une tribu locale apprendre les rudiments de survie et leurs techniques ancestrales.

Derrière tous ces programmes, la même tendance de fond : l’engouement pour le survivalisme, ce mouvement qui consiste à se préparer et à apprendre à survivre à une catastrophe, qu’elle soit sociale, géopolitique (guerre, invasion d’extraterrestre) ou environnementale. Plus récemment, est apparu le « néosurvivalisme » davantage porté une attitude quotidienne plus proche de la nature et sur l’indépendance par rapport au système économique.

Un mouvement gentiment écolo ? Pas vraiment. Dans son livre « Survivalisme – Êtes-vous prêts pour la fin du monde ? », Bernard Vidal, chercheur à l’université Paul-Valéry de Montpellier rappelle qu’à l’origine, ce mouvement n’a rien d’écologiste : « Le terme “survivalisme” naît dans les années 1960 sous la plume de Kurt Saxon, le pseudonyme de Donald Eugene Sisco, un libertarien xénophobe d’extrême droite. Sa crainte était de voir la société fragilisée par les communistes, les immigrés et les étudiants. Depuis, le survivalisme a bien changé, et a pris son virage écologiste dans les années 2000, en arrivant en Europe. Le survivalisme est une histoire des peurs collectives. Dans les années 1960, c’était la peur de la Guerre froide. Aujourd’hui, avec l’angoisse du dérèglement climatique, le survivalisme se préoccupe de l’environnement. »

Et il n’y a pas que la chaîne de Patrick Drahi qui a flairé le bon filon. Le magazine Survival, guide de survie en milieu hostile surfe également sur la tendance. Ce magazine bimestriel est tiré à plus de 30 000 exemplaires, à 7,50 euros l’unité, dont « 30 % de femmes » s’étonne Laurent Berrafoto, le rédacteur en chef.

En France, le mouvement a même son salon. Le Salon du survivalisme (du 22 au 24 mars 2019 à Paris – Porte de la Villette) est le premier du genre en Europe. Il a pour ambition de devenir une référence sur les thèmes de la prévention des risques, de l’autonomie et de l’outdoor. On y trouve toutes les facettes d’une philosophie axée sur la résilience en cas de crise, des marchands de couteaux aux stands d’aquaponie (technique de jardinage mêlant élevage de poissons et culture de végétaux hors sol permettant une indépendance alimentaire) et de construction d’éoliennes en passant par le dernier modèle d’un 4×4 tout terrain et les stages de survie. Car le mouvement s’éloigne progressivement de la philosophie de départ. Au point que les professionnels du secteur préfèrent désormais parler de « prepper », du verbe anglais prepping qui signifie « se préparer ». Les stages de préparation à la survie comme ceux proposés par le CEETS de Denis Tribeaudeau ne désemplissent pas. Plus de 500 personnes par an quittent leur petit écran pour venir s’essayer à la survie en milieu hostile.

 

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