Le coup d’envoi de la 56e édition des Rencontres de la photographie d’Arles a été donné ce 1er juillet. Jusqu’au 29 septembre, la ville antique se transforme en capitale de l’image, accueillant une quarantaine d’expositions dans ses monuments emblématiques. Parmi les temps forts de cette édition, BMW Group France, partenaire historique du festival, dévoile Traversée du fragment manquant, une création signée Raphaëlle Peria et Fanny Robin, lauréates du programme BMW ART MAKERS dédié à la photographie contemporaine.
À Arles, même les ombres sont photographiques. Ici, l’image dialogue avec la pierre : amphithéâtre romain, théâtre antique ou cloître médiéval deviennent les écrins sensibles de la photographie contemporaine et documentaire. Chaque exposition est une halte dans un décor patrimonial, une flânerie où le regard glisse de l’histoire à l’intime, du politique au poétique. Arles n’expose pas seulement des œuvres : elle les habite.
Dans une société saturée de contenus visuels, les Rencontres d’Arles nous rappellent que l’image mérite parfois qu’on lui redonne du temps. Le temps de la contemplation, de l’analyse, du trouble.
« Ce festival nous invite à faire une chose rare, presque subversive aujourd’hui : appuyer sur le bouton pause », affirme Patrick de Carolis, maire d’Arles. « Ces photographies ne sont pas de simples objets visuels : elles sont porteuses de mémoire, de sens, de vérité. »
Un propos auquel fait écho Françoise de Panafieu, présidente du festival, en saluant « un art libre, qui interroge, déplace, bouscule. » Et en rappelant que la photographie, invention française bientôt bicentenaire, reste un outil démocratique puissant à une époque où la liberté d’expression et les droits culturels sont mis à l’épreuve.
Christoph Wiesner, directeur des Rencontres d’Arles, insiste quant à lui sur le pouvoir symbolique de l’image, capable de traverser les imaginaires et de résonner avec l’histoire de l’art comme avec l’actualité : « Les archétypes continuent de traverser notre imaginaire. Ils irriguent notre vie en profondeur. »
BMW ART MAKERS, 15 ans d’images partagées
Dans cette constellation d’expositions, le programme BMW ART MAKERS incarne depuis 2021 une nouvelle manière de soutenir la création photographique. Il succède à une décennie de résidence classique, durant laquelle BMW accompagnait un artiste sélectionné chaque année. Le virage s’est opéré à partir d’un constat : les rôles se redéfinissent.
« Après dix années de résidence photographique “classique”, avec un directeur artistique, nous avons senti que le moment était venu d’aller plus loin », explique Maryse Bataillard, directrice du service mécénat et communication chez BMW Group France. « Les artistes eux-mêmes endossent de plus en plus de rôles : ils produisent, scénographient, conceptualisent. Et les commissaires participent désormais à la fabrique même de l’exposition. ».
Le format duo, réunissant un·e artiste et un·e curateur·rice, permet une co-création dès l’origine du projet. Un processus pensé comme une véritable résidence en binôme, où deux visions se rencontrent dans un temps contraint, mais soutenu par une bourse de 33 000 euros et un accompagnement de production. « Ce n’est pas une simple répartition des tâches, mais une vision commune », précise-t-elle.
Traversée du fragment manquant, poétique de l’absence
Pour cette édition 2025, BMW présente l’exposition Traversée du fragment manquant au cloître Saint-Trophime, signée par Raphaëlle Peria et Fanny Robin. Le projet revisite les paysages du canal du Midi, à travers des photographies d’enfance altérées, gravées, perforées : des images-souvenirs transformées par l’artiste pour donner à voir le passage du temps, le deuil des arbres malades et la mémoire du vivant.
« Ce prix récompense notre compagnonnage commencé il y a plusieurs années. Il nous permet d’explorer de nouvelles matières, de nouveaux gestes, pour offrir au public une échappée poétique au cœur de l’image photographique », expliquent les deux lauréates.
BMW, un mécène au long cours, entre art, design et territoire
L’histoire du mécénat photographique chez BMW remonte à 2003, avec une première résidence au musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône. Un lieu hautement symbolique, où le père de la photographie côtoie aussi l’inventeur du moteur à explosion. Puis la résidence s’est déplacée aux Gobelins à Paris, avant qu’Arles ne s’impose naturellement comme l’épicentre de cet engagement.
« Ici se croisent histoire, documentaire, création émergente. Cela fait quinze ans que nous y sommes présents, avec un engagement clair : véhicules électriques pour respecter le territoire, soutien à la création et partenariat équilibré. C’est une relation de confiance durable, fondée sur des valeurs communes », résume Maryse Bataillard avant d’ajouter : « Ce sont des budgets conséquents. Cela dit, on ne les aborde pas avec une logique marketing classique. Il ne s’agit pas ici d’un ROI comme sur une campagne télé ou un partenariat sportif. Pour nous, l’art, c’est une carte blanche. C’est un engagement long terme, un acte de confiance. »
Et les résultats sont là : Juliette Agnel, soutenue par BMW, a été finaliste du prix Marcel Duchamp, Julien Creuzet, lauréat de la BMW Art Journey, a été nommé également, et Téo Bichon a participé à la commande photographique du ministère de la Culture pour le bicentenaire de la photographie.
Transmission, innovation, continuité
Le mécénat de BMW se double d’un volet pédagogique fort, notamment via la « rentrée en images » organisée chaque septembre. Plus de 400 classes viennent ainsi apprendre à décrypter les œuvres exposées, accompagnées par des médiateurs. Une manière concrète de former à l’esprit critique à l’heure des flux incessants d’images.
« La photographie parle de nos familles, de nos souvenirs, de notre mémoire collective. Elle documente nos géographies et notre mode de vie. Elle nous dit ce que nous avons été, ce que nous sommes, parfois ce que nous redoutons de devenir », conclut Maryse Bataillard.
Ce souci de transmission et de sens rejoint la volonté du festival de poser les bases d’un grand pôle photographique arlésien, en lien avec les écoles, les institutions, et le numérique. À Arles, la photographie ne se contente pas d’être exposée : elle est pensée, produite, transmise, interrogée. Dans ce dialogue continu entre art, territoire et entreprise, le mécénat de BMW s’impose comme un partenaire d’écriture, plus que de signature.
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