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Cannes 2025 : le sacre de Hafsia Herzi avec « La petite dernière »

La Petite Dernière, Hafsia Herzi film
La Petite Dernière, Hafsia Herzi film

Avec La Petite Dernière, Hafsia Herzi signe un film bouleversant sur l’identité, entre foi et désir, dans la lignée d’Abdellatif Kechiche. Un portrait sensible d’une jeunesse en quête d’elle-même.

 

En compétition à Cannes avec La Petite Dernière, Hafsia Herzi s’affirme comme la digne héritière d’Abdellatif Kechiche, dont elle fut la muse dans La Graine et le Mulet. Elle en prolonge l’esthétique naturaliste, cette manière de filmer au plus près des corps et des visages, caméra à l’épaule, sans fioritures. Les plans sont longs, habités, les dialogues spontanés, parfois heurtés, souvent suspendus, comme si la vérité affleurait dans les silences autant que dans les mots. On y retrouve cette immersion dans la chair du quotidien, ce réalisme brut, presque documentaire, qui capte l’émotion à l’état pur.

La Petite Dernière, adapté du roman de Fatima Daas, suit Fatima, 17 ans, benjamine d’une fratrie joyeuse, en banlieue. Bonne élève, elle entre à la fac de philo à Paris. C’est le début d’un basculement : une prise de conscience de son homosexualité, de son désir, mais aussi du poids de sa foi, de sa famille, de son histoire. Herzi zoome sur cette période fragile, entre la fin de l’adolescence et les débuts d’une émancipation, au-delà du périphérique, entre Clichy-sous-Bois et la Sorbonne. Il ne s’agit pas de dénoncer, mais de montrer : un tiraillement intérieur, intime, universel.

La jeune Nadia Melliti, ancienne footballeuse repérée lors d’un casting sauvage, incarne Fatima avec une justesse bouleversante. Elle porte le film avec la grâce brute d’une évidence. À la fin du film, la scène douce entre la mère et la fille dit tout sans rien dire : une pudeur, une acceptation muette. On a l’impression d’être assis avec elles, témoin silencieux d’un amour discret mais immense. « C’est un film qui est plus sur les préjugés que sur la religion », confie Herzi à France Culture. Une œuvre modeste et forte, à l’image de son autrice.

 

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