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Cannes 2025 « Le Roi Soleil » : qui veut gagner des millions… et tout perdre

Le Roi Soleil » film cannes 2025
Le Roi Soleil » film cannes 2025

Un ticket gagnant, un mort au comptoir, et l’occasion rêvée de tout réécrire. Dans Le Roi Soleil, huis clos aussi drôle que noir, Vincent Maël Cardona dissèque notre obsession de l’argent et les fictions que nous tissons pour y croire, entre fantasme intime et dérive collective.

Qui n’a jamais rêvé de gagner au Loto ? Ce fantasme partagé, banal en apparence, mais aux ramifications profondes, devient chez Vincent Maël Cardona la matière première d’un huis clos haletant et théâtral. Le Roi Soleil, présenté à Cannes Hors Compétition, débute dans un bar-tabac fatigué de Versailles. Un homme est tué par accident en laissant un ticket gagnant de plusieurs millions d’euros dans la poche : « C’est quoi, quelqu’un qui joue au loto, dans un bar, aujourd’hui ? » s’est demandé le réalisateur. Ce geste socialement anodin, gratter, espérer, devient un révélateur : celui de nos illusions, de nos croyances, et surtout de notre rapport aliéné à l’argent. « L’argent conditionne intégralement notre rapport aux autres et au monde, nous ne pouvons pas nous dégager de son prisme. »

Le réalisateur évite le piège du réalisme plat en basculant progressivement vers une spirale fictionnelle. Le lieu devient décor de théâtre, la fièvre monte et le sang finit par couler. Les personnages s’enfoncent dans la construction d’un récit auquel ils doivent croire à tout prix. Tous veulent repartir avec l’argent. « Le ticket est une machine fictionnelle. Raconter l’histoire de personnages qui se racontent des histoires au sens de : qui s’éloignent dangereusement de la réalité. »

Lucie Zhang, remarquable en Esmée, incarne cette bascule : serveuse discrète en apparence, elle devient le fil rouge d’une intrigue où chaque parole pèse lourd. Cardona a réuni plusieurs acteurs de Les Magnétiques (Panayotis Pascot, Joseph Olivennes), mais aussi  Pio Marmaï, Sofiane Zermani, Xianzeng Pan, Nemo Schiffman, Maria de Medeiros, Claude Aufaure, autant de visages qui composent dans le scénario une France mêlée, tendue, drôle, brutale.


Le bar-tabac devient ainsi un lieu d’observation, un théâtre social où se frottent la misère et l’aisance. « Ça reste un creuset. Un lieu où l’on passe, où il y a des interactions. Où la scénographie se prête aux personnages et aux bons mots, à une forme de théâtralité de la vie. » Cardona y explore « le panache et le sordide qui cohabitent en nous », dans un ballet de mensonges, de fictions intimes et d’élucubrations tragiques.

Le Roi Soleil est moins un film sur l’argent qu’une réflexion sur notre vertige collectif : celui de peut-être préférer la fiction au réel.

Sortie en salles prévue pour le 27 août 2025.

 


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