En compétition pour la première fois à Cannes en mai dernier, Ari Aster n’est pas passé inaperçu avec Eddington, un western psychologique qui ausculte l’Amérique confinée comme un pays au bord de la folie. Trois ans après Beau is Afraid, le cinéaste retrouve Joaquin Phoenix, méconnaissable, et dirige pour la première fois Emma Stone, Pedro Pascal et Austin Butler dans une fable paranoïaque et sensorielle.
L’action se déroule en mai 2020, dans une petite ville du Nouveau-Mexique. Joe Cross (Phoenix), shérif taiseux, voit sa communauté basculer dans le chaos sous l’effet des mesures prises par un maire charismatique (Pascal). Rumeurs, repli, peur de l’autre : Aster sonde les failles d’une société rongée par la défiance, sur fond de pandémie et de fake news. La première partie du film, tout en tensions feutrées, silences suspendus et lente dérive collective, est une réussite magistrale. Le récit y avance à pas de loup, captant l’angoisse diffuse d’un monde immobile. La seconde, plus chaotique, cède parfois à un surréalisme qui évoque un Coen mineur. Mais l’ensemble reste d’une cohérence formelle impressionnante : tourné à Albuquerque, Eddington déploie une mise en scène travaillée à l’os, entre ruptures narratives, lumière crue et sonorités hypnotiques.
Révélé avec Hérédité, Aster s’impose ici comme l’un des rares auteurs capables de faire de la peur une matière politique. Ni western classique, ni pamphlet, Eddington est une fable noire sur l’Amérique fracturée. Sa sortie en salles est prévue pour le 17 juillet 2025.
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