Rechercher

Agnès b. revient au parfum : « Un parfum, c’est une histoire qu’on porte sur soi »

PARIS, FRANCE - 06 OCTOBRE : Les créateurs de mode Agnes b, Hugo Marchand et Matthieu Chedid alias -M- défilent sur la piste lors du défilé Agnès b Prêt-à-porter Printemps/Été 2026 dans le cadre de la Fashion Week de Paris le 6 octobre 2025 à Paris, France. (Photo de SAVIKO/Gamma-Rapho via Getty Images)
PARIS, FRANCE - 06 OCTOBRE : Les créateurs de mode Agnes b, Hugo Marchand et Matthieu Chedid alias -M- défilent sur la piste lors du défilé Agnès b Prêt-à-porter Printemps/Été 2026 dans le cadre de la Fashion Week de Paris le 6 octobre 2025 à Paris, France. (Photo de SAVIKO/Gamma-Rapho via Getty Images)
Dans sa boutique du Vieux-Colombier, entièrement refaite à neuf, Agnès b. présentait hier sa nouvelle fragrance imaginée avec le parfumeur Isaac Sinclair. Quinze ans après sa dernière incursion dans la parfumerie, la créatrice, figure du patrimoine français, confie à Forbes son goût intact pour les fleurs, la liberté et les émotions vraies.

Hier soir, dans sa boutique du Vieux-Colombier, la silhouette fine et blonde d’Agnès b. glissait entre les invités avec la même allure légère qu’il y a cinquante ans. À 82 ans, Agnès Troublé, dite Agnès b., fait partie du patrimoine français. Productrice, mécène, galeriste, amoureuse de cinéma et de musique, elle a d’ailleurs habillé David Bowie et David Lynch, mais d’abord, toujours, amoureuse du vêtement. « Je n’aime pas la mode, j’aime les vêtements », dit-elle souvent, comme un manifeste discret.

C’est pourtant un autre pan de son histoire qu’elle rouvre aujourd’hui avec son nouveau parfum. Le projet est né d’un accord de licence exclusif avec Extend Beauty Paris, société française spécialisée dans la conception et la distribution de parfums haut de gamme. Présente dans plus de quatre-vingts pays, cette maison indépendante développe les jus, les flacons et les concepts pour plusieurs marques internationales. Agnès b. ne s’est pas contentée d’y apposer son nom : elle a suivi chaque étape du processus, « pour le plaisir de créer, pas pour vendre », insiste-t-elle.

Quinze ans se sont écoulés depuis sa dernière aventure olfactive, et Agnès b. n’a rien perdu de sa curiosité. Elle n’a pas repris la parfumerie pour des raisons commerciales, mais par goût du geste.

« J’ai voulu recommencer parce que j’aime ça, parce que c’est beau, parce que ça raconte une émotion », confie-t-elle simplement.


 

Une boutique refaite comme un jardin

Ce même soir, Agnès b. découvrait pour la première fois sa boutique du Vieux-Colombier entièrement refaite à neuf. « C’est émouvant, c’est comme la première fois », glisse-t-elle. Dans l’arrière-salle, un petit corner de fleuriste a pris place : roses, pivoines, tubéreuses et seringats rappellent son goût pour les bouquets vivants. Sur une table, deux flacons, Eau de Parfum et Eau de Toilette, captent la lumière. Rechargeables, géométriques, teintés d’or ou de rose poudré, ils évoquent, confie-t-elle, « les colonnes du château de Versailles, que j’aime tant ».

Mais c’est dans le jus que s’exprime toute sa grâce : un bouquet floral doux, mais traversé d’une pulsation vive. « J’ai beaucoup travaillé sur le jus avec Isaac, le nez, raconte-t-elle. Composer un parfum, c’est formidable : on est entouré de flacons, de verre, d’odeurs. Et j’ai même mis du safran ! ».

 

Le parfum d’une rencontre

Le parfumeur néo-zélandais Isaac Sinclair se souvient d’une aventure menée « à travers plusieurs saisons ». Au début, dit-il, « on pensait créer un parfum autour d’une seule fleur, la tubéreuse ». Mais à chaque rencontre, Agnès b. arrivait avec des fleurs cueillies dans son jardin : un jasmin, une rose, une pivoine… « Peu à peu, ce parfum est devenu un bouquet. Et puis Agnès voulait un côté rock’n’roll. On a ajouté une pointe de safran, une audace rare dans un floral. »

Le résultat est un parfum d’équilibre et de contraste, entre ombre et lumière. Le seringat, fleur muette en parfumerie, a été recréé à partir d’un accord qui restitue sa subtilité. Pour Agnès b., le parfum devait rester discret :

« Je voulais qu’il soit féminin, pas trop fort, qu’il ne laisse pas de sillage. Je déteste les parfums qui restent dans une pièce quand la personne sort. Celui-ci est doux, mais il tient. »

Parfum nouveau "Rappeler" Agnès b eau de parfum et eau de toilette
Parfum nouveau Agnès b eau de parfum et eau de toilette

Une signature, un sillage

Dans cette retenue se lit toute la signature d’Agnès b. : cette manière d’affirmer sans éclat, de durer sans s’imposer. Ce parfum n’est pas un retour, mais une continuité, un parfum fidèle à sa créatrice : sincère, tendre et un peu rock.

« Quand je crée, je pense beaucoup à la vie des gens, aux hommes, aux femmes, aux enfants. Il faut aimer les gens ».

Cette capacité à s’émerveiller, intacte après cinquante ans de création, reste sans doute son plus beau secret. Après plusieurs exercices déficitaires, le chiffre d’affaires de la maison CMC, qui porte la marque Agnès b., avoisinait 45 millions d’euros en 2023. La créatrice poursuit, avec constance, une aventure indépendante qu’elle tient à préserver « loin des logiques de mode ».

 


À lire aussi : Louis Vuitton célèbre 170 ans de savoir-faire dans un ouvrage d’exception

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC