Adam Amouri. Un prénom qui évoque le premier homme et un nom dont il suffit d’enlever la dernière lettre pour y lire le mot Amour. C’est par la voie du mannequinat qu’Adam Amouri est entré dans le monde de la mode. Rien ne prédestinait ce garçon d’origine algérienne, né à Montpellier et a ayant grandi Perpignan (région dont il a gardé le léger accent, charmant), à fouler les catwalks de New York et Milan. Ni sa famille, son père entrepreneur dans le bâtiment, sa mère employée dans un consulat, ni ses études en génie électrique industriel.
Mais voilà : le jeune homme possède une carte maîtresse qui déjoue les déterminismes : la beauté. Boucles brunes, regard sombre, sourire tendre… Cette grâce naturelle capable d’infléchir le cours du destin. Elle n’échappe pas à un ami coiffeur qui le booke pour un show. Les opportunités ne se font pas attendre : Milan, Londres puis un contrat de six mois en Asie. Les shootings se succèdent : Nike, Gucci, Calvin Klein, Issey Miyake, L’Oréal. « Ce qui m’a choqué, c’était de faire partie de ce monde qu’on croit inatteignable, je ne connaissais rien à la mode. ». Le transfuge de classe fait ses classes. Tel un poisson dans l’eau dans ce milieu réputé impitoyable, avec une aisance qui donne l’impression d’avoir toujours été du sérail.
Le passage derrière l’objectif
C’est injuste mais c’est ainsi. Certaines fées se penchent deux fois sur le même berceau. Non content d’avoir une beauté de magazine, Adam est doué pour l’image. Sur les shootings, il mitraille ses amis modèles et les backstages des showsavec son Sony NEX-5. « Cela a pris tout de suite car je bossais depuis des années comme mannequin, je savais comment cela fonctionnait ». Ses clichés postés sur Instagram attirent l’attention des magazines et des marques, puis viennent les premières campagnes. À 25 ans, la bascule s’opère. Le Sony A7RII remplace l’ancien boîtier, son style s’affirme. Des images douces, classiques, intemporelles. « Pour moi, une bonne photo est une photo qui dure dans le temps. Dans 10 ou 50 ans, ce sera toujours une bonne photo. Je ne suis pas fan de ce qui est trendy, ça s’évanouit. J’essaie d’être dans la finesse, j’aime le classicisme. » Il met la même délicatesse dans sa façon de diriger les mannequins : « Ayant été modèle, je sais combien on est livré à soi-même. Je mets beaucoup d’attention à ce qu’ils/elles soient bien traités sur le set. C’est un métier de luxe, je ne comprends pas que certains stylistes se permettent de parler mal aux mannequins. Une mauvaise ambiance se ressent immédiatement sur les photos. »
Inspirations et références
Ses inspirations ? Le quotidien. Qu’il soit ordinaire — le couple, les proches — ou extraordinaire — un paysage aperçu lors d’un trajet en bus jusqu’en Russie — tout peut devenir le point de départ d’une direction artistique. Mais le prodige connaît aussi ses classiques et aime à se nourrir des grands maîtres : Irving Penn, Patrick Demarchelier, Richard Avedon. « Ils ont en commun cette simplicité, cette finesse du regard qui paraît tellement évidente quand on regarde leurs photos ».
S’il excelle dans les natures mortes : parfums, bijoux… son sujet de prédilection reste l’humain. Un visage, une émotion. Sa photo préférée ? « C’était lors d’un shoot avec une mannequin ukrainienne incroyable. La séance devait durer une heure, mais elle est arrivée avec quarante-cinq minutes de retard et je n’ai eu que cinq minutes pour shooter. Ça a été un déclic : j’ai compris qu’il n’était pas nécessaire de passer huit heures sur un plateau pour obtenir une image marquante. C’était en 2018, et cette photo figure encore dans mon portfolio ».
Vers la liberté créative
Aujourd’hui basé à Paris, Adam est perpétuellement en mouvement. Ses commandes le mènent de plateaux en défilés, oscillant entre l’univers des grandes marques – Sephora, L’Oréal, Givenchy, Moët & Chandon – et celui de clients particuliers qui font appel à lui pour des portraits privés, des séries intimistes ou encore des « Get ready with me » dans les coulisses des Fashion Week. Pourtant, derrière l’agenda et les commandes prestigieuses, une autre envie se fait jour : s’extraire des contraintes. « Le but de tout créatif, c’est de retrouver une liberté totale. J’aimerais beaucoup réaliser de petites séries artistiques, imprimées en très grand format d’un mètre cinquante de large ». Un processus déjà amorcé : son premier shooting personnel est programmé pour début 2026.
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