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Tribune | Achèvement de l’Union des Marchés de Capitaux : des mesures urgentes pour une Europe plus compétitive

Depuis son lancement en 2015, l’Union des marchés de capitaux (UMC) en Europe n’a pas atteint les objectifs escomptés. La compétitivité financière de l’Europe s’érode, limitant la capacité de financer des projets essentiels. Des mesures urgentes sont nécessaires pour revitaliser le marché financier européen.

Une tribune de Véronique ORMEZZANO, Présidente du CRSF et Benoit RANINI, Président de TNP

 

Les défis de la fragmentation et de la fuite des capitaux

L’Union européenne fait face à une fragmentation de son marché des capitaux, empêchant une allocation optimale de l’épargne. Les divergences internes et les contraintes réglementaires strictes imposées aux banques européennes limitent leur capacité à financer les besoins colossaux de l’Europe, évalués à 1.000 milliards d’euros par an. Cette situation conduit à une fuite des capitaux vers des marchés plus attractifs, notamment aux États-Unis, où l’épargne européenne finance largement l’économie américaine.

Pourtant, l’Europe doit financer sa propre transition énergétique, sa révolution numérique, sa réindustrialisation et son réarmement. Il est impératif de créer les conditions d’un doublement de la capacité de financement en Europe, en s’appuyant sur les 35.000 milliards d’euros d’épargne privée européenne. L’objectif est de stopper l’hémorragie des capitaux vers l’extérieur et de mieux utiliser cette épargne pour stimuler l’économie européenne.

 

Investir dans les technologies et les énergies décarbonées

La concurrence mondiale se durcit, notamment avec la Chine et les États-Unis, qui subventionnent massivement leurs industries. Les véhicules électriques, l’hydrogène vert et d’autres technologies propres sont produits à des coûts nettement inférieurs en raison de politiques fiscales avantageuses et de commandes massives. L’Europe doit répondre par des investissements massifs dans les technologies de pointe, les énergies décarbonées et l’industrie.

Pour ce faire, l’Europe a besoin d’un cadre harmonisé qui permette des initiatives comparables à l’Inflation Reduction Act (IRA) des États-Unis. L’absence d’harmonisation au sein de l’Union européenne constitue un frein majeur à la mise en œuvre de politiques efficaces et coordonnées.

 

Trois axes pour une amélioration rapide

Afin de restaurer la compétitivité et de renforcer la souveraineté financière de l’Union européenne, trois axes d’amélioration sont proposés :

  1. Relancer le marché européen de la titrisation : Il est crucial de réviser le cadre réglementaire de la titrisation et de mettre en place un modèle de garantie européen, potentiellement opéré par l’European Investment Fund (EIF). Cela permettrait de libérer des fonds pour de nouveaux financements.
  2. Canaliser l’épargne européenne vers le financement à long terme : La création d’instruments paneuropéens avec des incitations fiscales attractives, tels que des produits d’épargne salariale, d’épargne retraite et d’épargne patrimoniale, permettrait de mieux orienter l’épargne des particuliers vers des investissements durables et productifs.
  3. Réformer la gouvernance de l’Autorité Européenne des Marchés Financiers : Une supervision des marchés plus intégrée, une base de règlementation unique et une véritable délégation à un nombre restreint d’exécutifs sont nécessaires. S’inspirer de l’Autorité de lutte anti-blanchiment pourrait fournir un modèle efficace de gouvernance.

 

Mobilisation des autorités françaises et allemandes

La France et l’Allemagne doivent prendre l’initiative pour faire aboutir le marché unique du financement. Il est essentiel de mieux orienter l’épargne des particuliers européens et de rendre les financements plus accessibles aux entreprises. La compétitivité doit devenir une priorité pour les autorités, après des années de focus sur la réduction des risques. Une collaboration étroite entre les principales puissances économiques européennes est indispensable pour relancer l’Union des marchés de capitaux et assurer la prospérité économique future de l’Europe.


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