Un article écrit par Jérémy Soued, directeur associé chez ECAI
Trois grands modèles dominent. Le premier consiste à faire porter directement la participation dans la filiale étrangère par la société mère française, qui devient l’actionnaire unique et centralise le pilotage. Le second repose sur une détention en nom propre par le dirigeant, solution encore utilisée par certains groupes familiaux ou jeunes entreprises pour conserver un contrôle direct et simplifier les premiers pas à l’international. Enfin, des montages hybrides qui combinent participations croisées, investisseurs locaux et véhicules ad hoc, sont déployés dans des projets plus complexes, souvent pour répondre à des contraintes réglementaires locales ou faciliter des levées de fonds.
La simplicité comme atout stratégique
Dans les faits, la détention par la société française reste la plus répandue. Elle présente des atouts évidents : une gouvernance claire, une vision consolidée des résultats et un pilotage efficace des flux financiers. Grâce à la mise en place de conventions de trésorerie intra-groupe, cette structure permet de centraliser les liquidités, d’optimiser le besoin en fonds de roulement et de sécuriser les mouvements de capitaux entre entités. Dans un contexte où les variations de change et la volatilité réglementaire peuvent peser lourd, disposer d’un centre de décision unique devient un avantage compétitif.
Sur le plan fiscal, cette approche sécurise l’entreprise. Elle facilite le recours éventuel à des régimes avantageux tels que le régime mère-fille ou l’intégration fiscale, tout en tirant parti des conventions bilatérales pour éviter la double imposition. Elle clarifie également les relations avec les partenaires financiers, qui apprécient les structures lisibles et solides. Une entreprise qui souhaite lever des fonds ou préparer une acquisition trouvera dans ce schéma une meilleure crédibilité auprès des investisseurs.
Les alternatives : flexibilité et complexité
Pour autant, la détention personnelle conserve ses adeptes, notamment lors des premières implantations ou dans les pays où une présence individuelle est imposée. Cette solution séduit par sa simplicité administrative et son coût initial réduit. Mais elle comporte des limites : exposition directe du dirigeant aux risques financiers et fiscaux, absence de consolidation des résultats, transferts de fonds délicats entre les deux structures et difficulté à attirer des partenaires externes.
Quant aux montages hybrides, ils répondent à des situations précises : intégration d’investisseurs locaux, nécessité de loger certains actifs dans des holdings spécifiques ou optimisation fiscale avancée. Ces schémas, plus sophistiqués, requièrent une expertise fine et un suivi régulier pour éviter toute dérive réglementaire.
Un choix stratégique, pas seulement technique
Trop souvent reléguée à une décision juridique, la structuration du capital à l’international doit être pensée comme un levier stratégique. Elle conditionne la capacité à déployer des politiques financières harmonisées, à sécuriser les flux et à faire évoluer l’organisation en fonction des ambitions du groupe. Les grands groupes comme les ETI qui réussissent leur expansion internationale ont en commun d’avoir privilégié des schémas simples, lisibles et évolutifs, quitte à les complexifier ultérieurement.
Les entreprises qui réussissent leur expansion internationale ne sont pas celles qui multiplient les montages, mais celles qui osent simplifier pour gagner en vitesse et en clarté. Centraliser la détention du capital au niveau de la société française constitue une base robuste. Ce choix n’exclut pas la créativité juridique ni l’adaptation aux spécificités locales ; il fixe un cadre clair, indispensable pour transformer une ambition internationale en croissance durable. En d’autres termes, il ne s’agit pas seulement de choisir une structure d’actionnariat : il s’agit de poser les fondations financières et fiscales de la réussite globale de l’entreprise.
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