L’une des questions qu’on me pose le plus souvent est : « Est-ce le bon moment pour vendre ? » Bien que la question soit simple, la réponse dépend de plusieurs facteurs, notamment vos besoins de liquidités, votre tolérance au risque et la répartition actuelle de votre portefeuille. En revanche, la réponse ne dépend pas du prix actuel de l’investissement sur le marché.
Voici les situations dans lesquelles il peut être judicieux de vendre.
Quand les gens pensent qu’ils devraient vendre
Lorsque l’on me demande quand vendre, je réponds souvent par une autre question : « Et vous, quand pensez-vous qu’il faut vendre ? » La plupart du temps, on me donne l’une des réponses suivantes.
Quand le prix est haut
Souvent, les investisseurs me disent que le meilleur moment pour vendre, c’est quand le prix est élevé. Malheureusement, on ne peut savoir qu’un prix était au plus haut qu’une fois qu’il a commencé à baisser.
Il y a quelques années, je parlais avec un investisseur dont 95 % du patrimoine net était concentré dans une seule position. Il avait investi au départ environ 10 000 dollars, et à ce moment-là, la valeur du titre atteignait plusieurs millions de dollars. On pourrait penser qu’il était temps de vendre. Mais lui n’en était pas convaincu. Aujourd’hui, cette position ne vaut plus qu’environ un tiers de ce qu’elle valait alors, et il a fini par diversifier.
L’émotion l’emporte souvent. La peur et l’avidité sont souvent beaucoup plus puissantes qu’on ne le pense. Même si beaucoup d’investisseurs savent intuitivement ce qu’il faudrait faire, ils commettent souvent des erreurs de jugement quand il s’agit de leurs propres décisions d’investissement.
Quand ils pensent qu’un repli du marché est imminent
C’est une réponse similaire à la précédente, sauf qu’elle part du principe que vous disposez d’informations cachées qui ne sont pas encore prises en compte par le marché.
J’ai beaucoup observé cela ces dernières années. Des investisseurs me disent des choses comme :
— « Tous ces problèmes de chaîne d’approvisionnement liés au Covid-19 vont vraiment faire plonger le marché »,
— « La forte inflation va faire tout baisser »,
— ou encore « Ces changements de politique vont provoquer une guerre commerciale et l’économie va s’effondrer ».
Contrairement à ce que certains peuvent penser, le marché est en grande partie efficace : il intègre déjà dans les prix toutes les informations disponibles, en particulier pour les grands indices comme le S&P 500.
Et même avec cette masse d’informations, la direction que prendra le marché à court ou moyen terme (jour, semaine, mois ou année) reste extrêmement difficile à prévoir, la plupart des analystes des grandes banques ou fonds se trompant parfois dans des proportions énormes.
Quand les investisseurs devraient vraiment vendre
Savoir quand vendre ses positions est beaucoup plus simple que de chercher à faire des modèles pour deviner si votre investissement est à un sommet ou si le marché va baisser.
Vendez quand vous avez besoin de liquidités
Oui, c’est aussi simple que ça. Si vous avez besoin d’argent pour couvrir des dépenses, pour un achat important ou pour toute autre raison, alors vous avez un besoin de liquidités. Un achat important peut être une maison, des travaux de rénovation, un mariage, une voiture ou même une entreprise.
Vendez quand votre tolérance au risque change
Votre tolérance au risque dépend de plusieurs facteurs : le temps avant d’avoir besoin de l’argent, votre capacité à prendre des risques et votre ressenti face à ces risques.
Reprenons l’exemple de l’investisseur qui avait mis 10 000 dollars dans un placement qui a beaucoup augmenté. Quand il a investi, il n’avait ni conjoint(e), ni enfant, ni prêt immobilier, et il se considérait comme un investisseur spéculatif, c’est-à-dire qu’il acceptait que son investissement puisse tomber à zéro.
Des années plus tard, cet investisseur s’est marié, a eu deux enfants, un prêt immobilier et des objectifs financiers qui lui imposaient de ne pas perdre tout son capital. Il a donc dû revoir sa tolérance au risque. Après cette réévaluation, il a conclu que son portefeuille devait viser une croissance modérée, avec une répartition diversifiée composée à 80 % d’actions et 20 % de produits à revenu fixe.
Votre tolérance au risque peut aussi évoluer dans l’autre sens, devenir plus élevée. J’ai rencontré des investisseurs qui, au début de leur parcours d’épargne, avaient peur d’investir en actions, mais qui, au fil du temps, ont gagné en confiance et accepté plus de risques. Dans ce cas, ils vendraient des liquidités ou des placements à revenu fixe pour investir davantage en actions.
Vendez quand vous devez rééquilibrer votre portefeuille
Définir la répartition de votre portefeuille n’est pas une opération à faire une seule fois. Récemment, j’ai rencontré une femme de 69 ans qui avait fixé sa répartition en fonction de sa tolérance au risque… il y a 20 ans. Elle n’avait jamais touché à sa répartition depuis.
En 20 ans, les actions ont largement surperformé les placements à revenu fixe. À cause de cela, son portefeuille s’est déséquilibré. Alors qu’elle avait initialement 60 % en actions et 40 % en placements à revenu fixe, son portefeuille contenait désormais 90 % d’actions et seulement 10 % de placements à revenu fixe, ce qui la plaçait accidentellement dans une catégorie de risque différente.
Rééquilibrer un portefeuille consiste à comparer la répartition actuelle à celle qui correspond à votre tolérance au risque. Si les actions ont augmenté, vous allez en vendre une partie pour acheter plus de placements à revenu fixe afin de rester aligné avec votre profil de risque. Si les actions ont baissé, vous ferez l’inverse et achèterez davantage d’actions.
Dans un compte de retraite, comme il n’y a pas de fiscalité liée au rééquilibrage, je conseille généralement à mes clients de le faire tous les trimestres. Dans un compte non-retraite, en raison des impôts sur les transactions, je recommande plutôt d’attendre un an avant de rééquilibrer, pour minimiser la fiscalité tout en maintenant une allocation adéquate.
Conclusion
Les investisseurs devraient vendre leurs placements en fonction de leurs besoins financiers personnels, plutôt qu’en fonction des conditions du marché. Les principales raisons sont : le besoin de liquidités pour des achats importants, un changement de tolérance au risque lié à des événements de vie, et le rééquilibrage du portefeuille pour conserver une allocation adaptée. Les émotions comme la peur et l’avidité peuvent fausser le jugement, ce qui souligne l’importance de suivre un plan stratégique.
Une contribution de Cicely Jones pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
À lire également : Impayés en hausse, chute de trésorerie… La santé financière des TPE et PME continue de se dégrader en 2025

Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits