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Préparons-Nous À Une Remontée Des Taux !

Marchés@GettyImages

La nouvelle est passée pratiquement inaperçue la semaine dernière mais mérite quand même l’attention de tous les épargnants : les taux 10 ans américains sont repassés au-dessus de 3% et les taux allemands frôlent désormais les 0,5%.

Rien de dramatique à ce stade bien sûr : historiquement, même avec la petite hausse récente, les taux longs, et plus encore les taux courts, évoluent sur des niveaux particulièrement bas et ne constituent pas un frein à l’activité économique. Chefs d’entreprise et ménages peuvent s’endetter pour un coût encore faible.

Nous révisons périodiquement nos prévisions à moyen terme pour affiner nos stratégies d’investissements et à ce stade nous n’anticipons pas de flambée des taux longs. Par contre, entre les hausses de taux courts de la banque centrale américaine (FED), la petite remontée de l’inflation et l’accroissement des déficits dans certains pays, il nous semble probable que la tendance à la hausse des taux longs  se poursuive dans les prochains mois. Toute la question réside, selon nous, dans le rythme de cette hausse. Nous pensons que cette hausse sera modérée et progressive. En effet, nous pensons que les banques centrales feront le nécessaire pour éviter un emballement à la hausse des taux longs.

Les opérateurs de marchés distinguent 3 évolutions possibles dont chacune peut avoir un impact différent sur les entreprises et leur valorisation sur les marchés.

Pour évaluer les entreprises, le niveau des taux est déterminant.

Prenons 2 exemples :

  • Une entreprise ayant une croissance structurelle élevée et une bonne visibilité sur son activité sera mieux appréciée et valorisée quand les taux longs baissent : en effet, grâce à la croissance attendue et « assurée », l’investisseur peut aujourd’hui être certain des flux de résultats à venir et plus les taux longs sont bas, plus la prise en compte, aujourd’hui, des flux futurs sera élevée. Effectivement, ces dernières années les valeurs de « croissance » ont particulièrement bien performées en bourse dans le sillage de la baisse des taux.
  • Une entreprise dépendante des cycles de l’économie et offrant une visibilité seulement à court-terme sera moins sensible à la valorisation, aujourd’hui, des flux de résultats, incertains, à venir. Les valeurs dites « cycliques » sont en fait, on l’a vu ces derniers mois, moins impactées par des hausses de taux longs.

Le rendement élevé des actions a également poussé de nombreux investisseurs à privilégier les placements dans des entreprises généreuses en termes de dividendes. Les taux longs étant encore très bas, il n’est pas rare de trouver des actions ayant un rendement supérieur à celui des emprunts d’État ! Si la tendance à la hausse des taux longs s’installe, il sera possible de voir des arbitrages intervenir. Les gérants institutionnels privilégiant la qualité des signatures d’État, vendront leurs actions de rendement pour se porter vers les emprunts d’État.

Les investisseurs sont aussi très attentifs au niveau de dettes des entreprises : si l’endettement est très élevé, il est évident que dans les périodes de hausse des taux, le refinancement de ces dettes sera plus coûteux et pèsera sur l’appréciation de l’entreprise par les marchés… C’est bien sûr l’inverse pour les entreprises comme les assurances, qui reçoivent des primes qu’elles doivent « sécuriser » sur des supports sans risque : pour elles, les taux bas sont pénalisants.

Pour les banques, c’est plus l’écart entre les taux courts et les taux longs qui compte. Structurellement, elles prêtent à long-terme et se financent à court-terme. Plus l’écart est grand plus leur marge potentielle est élevée.

En synthèse suivant les scénarios de hausse de taux les entreprises pouvant en profiter peuvent être classées de la manière suivante

  • Hausse des taux longs : Banques, Assurances, entreprises ayant des provisions ou des engagements importants ( EDF par exemple)
  • Pente accrue (écart élevé entre taux longs et taux courts) : Banques.
  • Inflation modérée : concession, distribution, immobilier, publicité.
  • Hausse des taux courts : banques, entreprises ayant beaucoup de cash.

A l’inverse, sont pénalisées par la hausse des taux longs en particulier, les entreprises dites de croissance et surtout les entreprises lourdement endettées.

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