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L’université Columbia verse chaque année des millions de dollars à Donald Trump

Columbia
L'université Columbia à New York. Getty Images

Bien que l’administration Trump ait retiré 400 millions de dollars de financement fédéral à Columbia, l’université new-yorkaise de l’Ivy League continue d’octroyer des millions au président américain.

 

L’université de Columbia a été l’une des premières cibles de l’administration Trump, qui a annulé un financement de 400 millions de dollars et arrêté deux étudiants protestataires. D’autres institutions prestigieuses, telles qu’Harvard, Princeton, Brown, Cornell et l’université de Pennsylvanie, ont également subi des pressions similaires. Cependant, ce qui distingue Columbia, c’est qu’elle verse chaque année des millions de dollars au président des États-Unis.

L’argent circule indirectement, ce qui pourrait expliquer pourquoi si peu de personnes s’en sont aperçues. Selon un document de prêt de 2021 obtenu par Forbes, Columbia paie environ 8 millions de dollars par an pour louer des bureaux médicaux au 1290 Avenue of the Americas, dans le centre de Manhattan. Le bâtiment appartient majoritairement à Vornado Realty Trust, une société immobilière cotée en bourse, mais Donald Trump en détient 30 % des parts. Ainsi, le président perçoit directement près de 2,5 millions de dollars en loyers chaque année grâce à cette transaction.


La relation entre Columbia et Donald Trump s’est nouée presque par accident. Tout remonte au début des années 1990, lorsque Trump, en difficulté pour rembourser un prêt lié à un vaste terrain de 30 hectares dans l’Upper West Side, a été contraint de céder 70 % de la propriété à des investisseurs hongkongais venus le renflouer. Il conserve toutefois une part de 30 % et continue de chercher des locataires. L’une de ses cibles : l’université Columbia, alors en quête de terrains pour agrandir son campus, selon le New York Times. Mais les négociations tournent court – Trump quitte une réunion en colère, et l’université finit par s’installer ailleurs.

Nouvelle montée de tension en 2005 : les investisseurs asiatiques décident de vendre le terrain pour 1,8 milliard de dollars, et réinjectent les fonds dans deux gratte-ciel – le 1290 Avenue of the Americas à New York et le 555 California Street à San Francisco. Trump, mécontent de l’opération, écrit à un partenaire : « Vous pouvez obtenir un prix bien plus élevé ! » Il tente alors de faire annuler la transaction devant la justice, mais perd. Résultat : il se retrouve malgré lui avec une participation de 30 % dans deux immeubles qu’il n’a pas choisis.

En 2007, les partenaires hongkongais de Donald Trump cèdent leur part majoritaire de 70 % à Vornado Realty Trust. Quatre ans plus tard, sous la houlette de ce nouveau propriétaire, Columbia revient dans le jeu et signe un bail pour quelque 120 000 mètres carrés de bureaux au 1290 Avenue of the Americas. Ironie du sort : l’immeuble que Trump avait autrefois repoussé devient l’un de ses investissements les plus lucratifs. En 2012, Vornado refinance la propriété, permettant à Trump d’empocher environ 125 millions de dollars.

Aujourd’hui, sa participation de 30 % dans cet immeuble semble générer plus de revenus que n’importe quelle autre propriété de son portefeuille immobilier. D’après une enquête menée par Forbes en 2020, la part annuelle de Trump dans le loyer versé par Columbia atteignait alors 2,1 millions de dollars – faisant de l’université le 19ᵉ plus gros client de son empire.

Néanmoins, Donald Trump a continué à s’opposer à l’université au fil des ans. Alors qu’il alimentait la théorie conspirationniste sur la naissance de Barack Obama, il a laissé entendre que le 44ᵉ président – diplômé emblématique de Columbia – aurait pu s’y inscrire en tant qu’étudiant étranger. Durant son premier mandat, Trump a aussi fustigé l’établissement après que James Comey, ex-directeur du FBI, a transmis des informations à la presse par l’intermédiaire d’un professeur de Columbia.

La tension a culminé en 2024, lorsque des manifestants pro-palestiniens ont occupé le campus. Trump s’est indigné de la réponse jugée trop clémente des autorités universitaires, dénonçant un traitement à deux vitesses.

Six mois plus tard, malgré sa condamnation pour 34 chefs d’accusation de falsification de documents commerciaux, Donald Trump fait son retour à la Maison-Blanche. À peine installé, son administration relance aussitôt les hostilités contre l’université Columbia.

 

Un article de Dan Alexander pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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