Ce qu’il faut retenir
Le blocage institutionnel que connaît la France depuis plus d’un an provoque un tollé sur les marchés obligataires. L’annonce inattendue de la démission de Sébastien Lecornu, ce lundi 6 octobre, a entraîné un décrochage brutal des actifs financiers. Le spread – l’écart de taux entre les dettes française et allemande, qui illustre le risque perçu par les investisseurs – a atteint 88 points de base, son plus haut niveau depuis janvier. Le taux français à 10 ans, lui, a grimpé de plus de 9 points pour dépasser 3,6 % en séance, un record depuis la crise de la dette européenne de 2011. Selon Reuters, les investisseurs étrangers ont massivement réduit leur exposition à la dette française dans les heures suivant l’annonce.
Pourquoi c’est important à suivre
La situation budgétaire française devient de plus en plus préoccupante, alors qu’une consolidation des comptes publics paraît désormais compromise. La démission de Sébastien Lecornu remet en cause le vote du budget 2026, tandis que la dette publique risque de s’alourdir encore.
L’euro a reculé de 0,63 % face au dollar après l’annonce, et les marchés actions ont immédiatement réagi : en ouverture, le CAC 40 chutait de 2 %, repassant sous la barre symbolique des 8 000 points, tandis que les principaux indices européens restaient relativement stables. Les valeurs bancaires françaises, notamment BNP Paribas et Société Générale, figuraient parmi les plus fortes baisses.
Citations principales
« On ne peut pas être Premier ministre lorsque les conditions ne sont pas remplies », a déclaré Sébastien Lecornu ce lundi matin lors d’une courte allocution à Matignon, quelques minutes après l’annonce de sa démission.
Ce départ « montre clairement à quel point la fracture au sein du Parlement rend presque impossible l’adoption d’un budget visant à réduire le déficit », a souligné Jack Allen-Reynolds, analyste chez Capital Economics.
Le chiffre à retenir : 3 400 milliards d’euros
La dette publique française a dépassé les 3 400 milliards d’euros en septembre, selon Bloomberg, faisant de la France le pays le plus endetté de la zone euro en valeur absolue. Le ratio dette/PIB dépasse désormais 112 %.
À surveiller
La prime de risque exigée par les investisseurs pour la dette française a atteint son plus haut niveau depuis neuf mois. Depuis la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, la note souveraine de la France a déjà été abaissée à deux reprises, notamment par Fitch et S&P Global, en raison du blocage institutionnel persistant.
« Si on avait encore des interrogations sur la dégradation de la note française par les agences de notation, désormais on n’a plus de doute », a déclaré à l’AFP John Plassard, analyste de Cité Gestion Private Bank.
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