Ce qu’il faut retenir
À l’approche du débat budgétaire 2026, l’Association française des entreprises privées (Afep), qui regroupe la quasi-totalité du CAC 40 et plusieurs grands groupes privés, met en avant leur poids économique et fiscal afin d’éviter toute hausse d’impôts ciblée. En 2024, ses 117 membres ont généré 13 % du PIB marchand français, soit 272 milliards d’euros de valeur ajoutée selon une étude de l’Afep révélée par Les Échos.
La répartition de cette richesse illustre l’importance de ces entreprises : 60 % vers les salariés (164 milliards d’euros), 20 % vers l’investissement (54 milliards), 5 % vers les actionnaires (14 milliards) et 15 % vers l’État (40 milliards). Les groupes versent par ailleurs 85,1 milliards d’euros en impôts, taxes et cotisations, représentant 19 % des prélèvements obligatoires des entreprises françaises. Avec les nouvelles mesures fiscales de 2025, ce total pourrait grimper à 95 milliards.
Pourquoi c’est important à suivre
La publication de l’Afep intervient dans un contexte de crispations fiscales. L’exécutif cherche des compromis sur le budget 2026, dans une logique de réduction du déficit public à 5,4% du PIB. Pour rallier une partie de la gauche, notamment le Parti socialiste, le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu entend faire des concessions en matière de justice sociale. Les milieux patronaux redoutent ainsi la reconduction de la surtaxe sur les bénéfices, présentée initialement comme temporaire, et une augmentation durable de la pression fiscale.
Ces grands groupes mettent en avant les risques structurels d’une telle évolution : innovation, croissance et recettes fiscales futures pourraient être affectées à la baisse. Pour appuyer cet argument, les chiffres de l’étude mettent aussi en lumière le rôle central de ces entreprises dans l’économie française : 2,1 millions de salariés employés dans l’Hexagone (soit 12 % du total national) et 20 milliards d’euros investis en R&D en France, soit près de la moitié de leurs dépenses mondiales. Un signal fort, au moment où l’État cherche à concilier attractivité, compétitivité et équilibre budgétaire.
Citation principale
« Si les prélèvements obligatoires s’étendent, cela aura automatiquement un impact sur la répartition de la valeur ajoutée, et donc des conséquences sur les salaires, l’investissement et les montants versés aux actionnaires. Cela aura aussi des conséquences sur la croissance, l’innovation et les impôts futurs », avertit Nicolas Ragache, chef économiste de l’Afep.
Le chiffre à retenir
95 milliards d’euros : c’est le montant estimé des prélèvements obligatoires (impôts, taxes et cotisations) que les grands groupes membres de l’Afep pourraient acquitter en 2025, contre 85,1 milliards en 2024.
À surveiller
La grande question porte sur la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, introduite comme mesure exceptionnelle mais qui pourrait être prolongée. Bercy avait anticipé un rendement d’environ 8 milliards d’euros, mais son efficacité réelle reste incertaine. Une reconduction ou une extension de cette surtaxe marquerait un tournant pour la fiscalité des grands groupes, et pourrait peser sur leurs choix d’investissement et sur l’attractivité du territoire français. Plus largement, l’équilibre entre contribution fiscale et maintien de la compétitivité restera au cœur du débat budgétaire de l’automne.
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