Depuis longtemps, les fonctions financières sont à l’avant-garde de l’innovation : de l’avènement de la comptabilité électronique à l’automatisation des processus, elles ont su intégrer les technologies pour mieux anticiper, piloter et optimiser. Aujourd’hui, c’est l’intelligence artificielle (IA) qui redéfinit les règles du jeu. Pourtant, une fracture s’opère progressivement entre les équipes qui exploitent pleinement le potentiel de l’IA et celles qui peinent à franchir le pas.
Une contribution d’Alvaro Dexeus, Directeur Général Europe du Sud chez Pleo.
Dans un environnement où la précision des données, la réactivité stratégique et la visibilité financière sont plus déterminantes que jamais, rester à la traîne dans l’adoption de l’IA représente un véritable risque. Alors que les perspectives 2025 prédisent des tensions économiques persistantes, comment les DAF français peuvent-ils transformer ce défi en opportunité et rester en tête de la course à l’IA ?
La finance, un métier historiquement tourné vers l’innovation
La fonction finance a toujours su innover pour gagner en précision, en efficacité et en réactivité. Pourtant, face aux bouleversements technologiques actuels, notamment autour de l’intelligence artificielle, les directions financières françaises restent prudentes. En effet, nous avons observé que seules 47 % des entreprises françaises considèrent aujourd’hui que la valeur de l’IA est importante, un taux malheureusement bien en dessous de la moyenne européenne. Ce retard risque de creuser l’écart avec les organisations ayant déjà intégré ces outils dans leur pilotage financier.
Ce que les directions financières risquent en tournant le dos à l’IA
Dans un contexte où 59 % des entreprises françaises anticipent une année plus difficile que la précédente, ne pas utiliser l’IA revient à se priver d’un levier essentiel pour faire face à l’incertitude, mieux anticiper et décider plus vite. La donnée financière est souvent abondante, mais encore sous-exploitée. Aujourd’hui, seuls 30 % des départements finance utilisent l’IA pour automatiser les tâches manuelles, alors que ces dernières freinent leur capacité à se concentrer sur des enjeux stratégiques.
Lever les freins : trois axes clés pour accélérer l’adoption de l’IA
1. Combler le déficit de compétences : 65 % des entreprises françaises déclarent vouloir recruter des profils financiers dotés de compétences IA ou technologiques. En parallèle, il reste essentiel de former les équipes existantes : 34 % nous ont indiqué que ces compétences deviendront prioritaires dans les 12 mois.
2. Retrouver la confiance dans les outils : Les départements financiers utilisent en moyenne 6,6 outils, dont 2,5 mal intégrés. Cette complexité technique freine la productivité. Une meilleure intégration des solutions est donc indispensable pour fluidifier les workflows et réduire les erreurs.
3. Changer de regard sur la performance de l’IA : L’IA n’a pas besoin d’être parfaite pour être utile. Elle doit être considérée comme un copilote, capable d’identifier des tendances, de produire des synthèses claires, d’éclairer des décisions. Aujourd’hui, 37 % des entreprises l’utilisent déjà pour la planification et l’analyse financières.
L’heure n’est donc plus à l’attentisme. Les directions financières qui s’engagent aujourd’hui, avec une vision claire et avec les bons outils, ne participeront pas seulement à la transformation du métier : elles en deviendront les moteurs.
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