Rechercher

Dégradation de la note Fitch : quelle conséquence pour le crédit immobilier ?

Dégradation de la note Fitch : quelle conséquence pour le crédit immobilier ? - gettyimages 1288053710
Le ministère de l'Économie | Source : Getty Images
En abaissant la note accordée à la dette publique française de AA- à A+ vendredi 12 septembre, l'agence américaine Fitch peut-elle propager une tension délétère sur le crédit immobilier tricolore ?

Face au déficit toujours plus menaçant de la France, l’agence américaine Fitch a abaissé sa note de la dette publique de AA- à A+. Cette réduction est justifiée par l’instabilité politique et économique du pays, laquelle « affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur », est-il précise dans le communiqué officiel. Cette décision, attendue et prévisible, pourrait-elle impacter les crédits immobiliers des Français ?

 

Les taux d’intérêt semblent se stabiliser

Malgré la dégradation de la note, Fitch maintient une projection équilibrée qui se traduit par une stabilisation des taux d’intérêt. pour l’économie française, ce qui suggère une stabilisation des taux d’intérêt. Les marchés avaient en partie anticipé cette décision, ce qui limite l’effet de surprise. Cela explique pourquoi il n’y a pas eu de flambée brutale des taux à court terme.

« Depuis le vote de confiance déclenché par François Bayrou, qui s’est soldé par sa démission, nous savions que le risque financier était présent, explique à Forbes France Caroline Arnould, directrice générale de CAFPI. Mais les marchés l’avaient déjà anticipé, ainsi que la dégradation de la note française par Fitch, il n’y a donc pas de surprise sur les mouvements en cours. »

La stabilisation des taux d’intérêt est également due à la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de maintenir ses taux directeurs : 2 % pour le taux de dépôt, 2,15 % pour le taux de refinancement et 2,40 % pour le taux de prêt marginal, des niveaux historiquement bas. L’inflation demeure donc proche de 2 %.

 

L’OAT à 10 ans sous surveillance

Le vrai signal d’alerte pourrait venir du marché obligataire, et plus précisément de l’OAT à 10 ans (Obligations Assimilables du Trésor), qui sert de référence aux banques pour fixer leurs barèmes de crédit.

« Les taux de crédit immobilier sont fixés par les banques, sur la base de l’OAT 10 ans, explique Caroline Arnould. Malheureusement depuis un certain temps, l’OAT est relativement élevée puisqu’elle tourne autour de 3,5%. En moyenne, les taux de crédit sont de 3,20% sur 20 ans. »

Si Moody’s et S&P confirment à l’automne la dégradation opérée par Fitch, la pression pourrait s’accentuer. Mais là encore, Caroline Arnould tempère : le mot d’ordre reste la « stabilité ». Elle insiste sur une « dette de bonne facture » et affirme que les investisseurs savent que la France ne va pas faire faillite, comme ce fut le cas pour la Grèce en 2008. L’OAT n’est donc pas destiné à soudainement augmenter dans les mois à venir.

 

Quelles décisions pour les emprunteurs ?

Dans ce contexte, faut-il différer ou accélérer son projet immobilier ? Pour Caroline Arnould, la réponse est claire : investir reste possible, surtout pour les primo-accédants.

« Je pense que les primo-accédants sont une clientèle très recherchée par les banques. Je leur conseillerais de bien travailler leur projet, en sachant qu’ils ont droit à beaucoup d’aides. Il y a beaucoup de banques qui font des offres boostées avec un taux à 1,5% pour 150 000 euros empruntés. » 

Cette dernière recommande également de comparer attentivement les offres : selon les établissements, le taux peut varier de 0,3 à 0,5 point pour un même profil. Autre conseil : ne pas craindre un endettement long, la durée effective des crédits étant en moyenne de 8 ans en France.

« Faites-vous accompagner par un courtier, préparez votre dossier dans lequel vous montrerez que vous avez des revenus réguliers pour montrer à la banque que vous êtes un profil sérieux, poursuit Caroline Arnould. Comparez ce qu’on appelle le TAEG, le taux global de votre crédit, et non pas seulement le taux facial. Soit vous êtes armé pour le faire, soit vous êtes aidé par un courtier, mais négociez toutes les composantes de votre crédit. »

 

En résumé, la dégradation de la note française par Fitch ne déclenche pas de secousse immédiate sur les crédits immobiliers. L’OAT à 10 ans reste à surveiller, mais la perspective de stabilité domine pour l’instant. Les emprunteurs ont donc encore une fenêtre favorable pour concrétiser leurs projets, à condition de préparer soigneusement leur dossier.

 


À lire aussi : Les tarifs des assurances devraient augmenter en 2026 à cause de la multiplication des catastrophes climatiques – Forbes France

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC