logo_blanc
Rechercher

Arnaque aux placements financiers : le cas cabanor.com

cabanor.com escroquerie dénoncée par l'AMFcabanor.com escroquerie dénoncée par l’AMF – Photo de Tima Miroshnichenko

Le 11 septembre dernier, l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) a encore épinglé une organisation non habilitée à proposer des services financiers en France et en Europe. En l’espèce, il s’agit de Cabanor International, qui sévit sous le nom de domaine cabanor.com.

Il y a eu d’autres organisations frauduleuses avant celle-ci et d’autres encore apparaitront dans la fameuse liste noire de l’AMF.

Depuis 2021, date à laquelle remonte l’historique archivé de leur site web, ce site propose des services financiers « offshore » (basés en Asie : Chine, Japon, Singapour…), mais intervenant sur les actions américaines essentiellement. Ils paraissent sérieux de prime abord et prétendent exister depuis 2005, mais malheureusement de nombreuses victimes se sont rapidement rendues compte de l’escroquerie. De nombreux dépôts de plainte s’accumulent.

Mais comment opèrent ces escrocs ? Portant de faux noms, sans trace aucune sur le web, Luc Brétillon (un français) et Olivier Bogemans (un belge) engagent des commerciaux pour démarcher les prospects. Cela commence par la réponse à une enquête sur les habitudes d’investissement par exemple. Puis l’organisation vous contacte, vous présente ses services. Leur site web semble sérieux. Aucune critique négative ou positive sur le web. Aucune alerte avant septembre 2023… L’organisation parle de ses performances mais sans non plus vendre des espoirs démesurés, tout au plus un rendement moyen de 10%. Ils invitent à tester leurs services sur 6 mois avec un ticket d’entrée à 7500 € minimum. Difficile de se méfier. Pourtant la première chose qui interpelle est le modèle économique qu’ils présentent : ils toucheraient 1% de commission sur les ordres passés en bourse. Donc placer 7500 € leur apporte au premier mouvement, 75 €. Il faut pouvoir justifier d’un portefeuille conséquent pour imaginer rémunérer toute l’équipe qu’ils disent posséder de par le monde.

Une fois le prospect séduit, Luc Brétillon l’accompagne pas à pas pour opérer son virement de 7 500 € auprès d’une organisation qu’ils présentent comme « un agent de transfert », domicilié en Chine par exemple (Waldron Solutions Limited). Cette organisation est également frauduleuse évidemment et le compte appartient in fine à Cabanor International. Ils ont ainsi divers comptes « de transfert » qu’ils prétendent sécurisés et sur lesquels ils n’ont pas la main, soi-disant.

Une fois la somme réceptionnée, le client se voit confier à un courtier. Comme par hasard, il a la chance d’être sélectionné avec 2 autres nouveaux clients pour être géré par le courtier senior en chef, Olivier Bogemans.

Cet argent est ensuite placé sur des ordres boursiers américains. Les actions existent. Vous pouvez suivre leur évolution sur leur plateforme et constater que c’est bien le cours rapporté par les sites d’informations boursiers. Toutes les victimes ont vu leur portefeuille bénéficier de hausses de cours incroyables (+40%, +150% voire + 1000 %). Ceci est possible sur la base de bonnes informations payées à prix d’or, qui peuvent laisser supposer du délit d’initiés, voire de la manipulation de cours en amont.

Les « clients » sont ravis et enthousiastes. Le courtier les incite lourdement et avec insistance à augmenter leur portefeuille pour que cela devienne encore plus intéressant. Certains suivent les conseils, d’autres attendent de voir la suite et notamment le retour de fonds pour s’assurer que tout ceci est conforme.

Les plus réticents des clients se voient forcer la main. Comment ? Et bien M. Bogemans passe un ordre de plusieurs dizaines de milliers d’euros sans leur accord. Même si le client est furieux, impossible soi-disant d’annuler l’ordre. Les sommes déjà confiées se voient bloquées et ne peuvent être débloquées que si l’ordre passé de force est régularisé (par le client bien évidemment). Certains le font sous la condition de vendre ensuite toutes les actions et de rapatrier leurs fonds. Bien entendu, la société se veut coopérative. Elle dit procéder au rapatriement et là, ça coince. La banque d’investissement américaine partenaire, sur laquelle aucune information n’est fournie bien sûr, aurait bloquer la somme sous le coup d’une procédure anti-blanchiment. Cabanor est contrit bien entendu, d’autant que cette somme peut être bloquée 1 voire 2 ans… Mais fort heureusement, une solution est proposée : payer une garantie de 7500 € ou plus selon la somme pour la débloquer. Certains suivent et s’endettent parfois même pour régler la somme… Et si le client décline l’offre flairant l’arnaque qui se précise encore, il se rend rapidement compte que les sommes placées ne lui appartiennent finalement plus alors il arrête l’hémorragie. Luc Brétillon et Olivier Bogemans se montrent très compréhensifs, empathiques, mais curieusement s’impatientent quand on évoque l’escroquerie patente. Toutefois ils ne démordront jamais de leur probité qu’ils sont néanmoins incapables de prouver par un quelconque élément tangible émanant d’un tiers de confiance.

Les victimes se sont ainsi vues extorquer des dizaines ou des centaines de milliers d’euros, sans réel espoir de retour.

Nous vous invitons donc à redoubler de vigilance sur les démarcheurs de produits financiers. Ils doivent obligatoirement vous fournir leur numéro d’agrément, vérifiable auprès de l’AMF.

Si vous êtes victime de cette société ou d’une autre (vuelex.com, belgius.com entre autres site cités par ADC France), allez porter plainte au commissariat ou à la gendarmerie. Si vous êtes contacté, passez votre chemin.

Attention aussi aux faux sites qui vous proposent d’œuvrer pour récupérer cet argent perdu, comme defense-arnaque.com, qui exploite la détresse des victimes pour également leur soutirer de l’argent.

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC