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Le Private Equity, un outil de croissance trop discret ?

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Le Private Equity est parfois considéré à tort comme un outil réservé à quelques acteurs. Et pourtant, investir de manière directe dans des entreprises non cotées offre à ces dernières de multiples avantages, notamment en matière d’innovation, de compétitivité, de création d’emplois et de transition énergétique. Johnny El Hachem, CEO d’Edmond de Rothschild Private Equity, revient sur la manière dont cette classe d’actifs stimule la croissance et la transformation durables des entreprises européennes. 

 

Un soutien vital pour le développement des entreprises 

Pour les entreprises qui cherchent à orienter leur modèle d’affaires vers plus de durabilité ou développer de nouveaux produits, technologies et services, le Private Equity peut jouer un rôle crucial. En effet, cette classe d’actifs présente le double avantage de fournir à la fois du temps et les fonds nécessaires pour mettre en œuvre un projet à long terme. Par ailleurs, si le Private Equity peut soutenir des start-ups et des entreprises à fort potentiel de croissance, il encourage également la création de sociétés innovantes. Sans compter que les réserves d’argent disponibles (dry powder) pour ce type de financement ont atteint un niveau record ces dernières années. 

Le Private Equity ne se résume toutefois pas à un service de financement. En effet, les équipes actives dans ce domaine se proposent également d’aider les entreprises à surmonter leurs défis initiaux, tels que le développement de produits, l’expansion commerciale et le recrutement de personnel qualifié. D’investisseuses, ces équipes deviennent alors conseillères puisqu’elles peuvent faire valoir une expertise en matière de gestion de l’innovation, de partenariats, de propriété intellectuelle et de commercialisation. Elles ouvrent également aux dirigeants les portes d’un réseau d’experts sur lequel ils pourront s’appuyer pour mieux se développer. 

Les équipes de Private Equity sont ainsi de plus en plus proches des opérations. Composées de spécialistes sectoriels, elles possèdent des capacités pointues qui permettent d’identifier des problèmes à un stade précoce pour une prise de décision rapide. Ce sont typiquement ce genre de compétences que les dirigeants recherchent pour activer des leviers tels que le développement commercial, l’amélioration opérationnelle et la croissance externe. Ces compétences sont également nécessaires pour évoluer efficacement dans des secteurs aussi incontournables pour notre économie que pour notre société, comme la transition énergétique, l’agroalimentaire, les enjeux démographiques, la relocalisation des savoir-faire, le raccourcissement des chaines de valeur ou encore le rapprochement Europe/ Afrique. 

À titre d’exemple, l’AgriFood Tech représente aujourd’hui un secteur en plein essor pour les investissements en Private Equity. Au cœur de l’innovation pour améliorer la production, la transformation, la distribution et la commercialisation de produits, les entreprises engagées dans ce domaine apportent des réponses concrètes aux défis complexes du secteur : demande croissante en produits alimentaires (en qualité et en quantité), population mondiale en constante expansion, impact de la production sur l’environnement, gestion des coûts de production, augmentation de la productivité. Pour répondre à ces problématiques, l’Agrifood Tech souffre pourtant d’un écart de financement. Un écart qui ne répond pas aux besoins et aux enjeux du secteur. 

Autre exemple. L’Europe accélère sa transition vers une économie bas carbone. Le 23 mars 2023, le Conseil et le Parlement européens ont conclu dans ce sens un accord visant à porter la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie de l’UE à 42,5 % en 2030. Un pas de géant par rapport à nos maigres 20 % atteints en 2020. S’ils jouent dans ce cadre un rôle majeur, les financements publics ne seront pas suffisants pour atteindre les objectifs ambitieux de cette transition énergétique. Dans ce contexte, le Private Equity peut parfaitement s’inscrire en complément des financements publics. Qui plus est, en apportant une valeur ajoutée et une vraie expertise dans l’accompagnement des entreprises en matière d’alternatives énergétiques ou de modernisation d’infrastructures. 

Restons toutefois vigilants ! Si le Private Equity sait se tenir à distance des effets de mode grâce à son optique de long terme, il n’est pas l’unique solution aux défis des entreprises européennes. Les banques, les business angels et les programmes gouvernementaux ont également leur part à jouer aux côtés de cette classe d’actifs. 

 

Un accélérateur de compétitivité, dédié à l’emploi et l’innovation 

Le Private Equity s’est également donné pour objectif de soutenir la compétitivité des entreprises européennes sur les marchés nationaux et internationaux. Raison pour laquelle, les équipes d’investissement aident les entreprises à identifier de nouvelles opportunités commerciales, à développer leur présence sur les marchés émergents et à améliorer leur position concurrentielle. 

Selon une étude récente d’EY France, le Private Equity est également un moteur important de création d’emplois ; les effectifs des start-ups, PME et ETI soutenues par des investisseurs en capital privé ont augmenté de 46 % au cours des cinq dernières années, soit une croissance annuelle de 7,1 % en moyenne. Parmi ces emplois, soulignons ici que 41 % d’entre eux ont été créés à partir de zéro, tandis que le solde provient de l’acquisition d’entreprises et de la réorganisation des effectifs. En outre, ces mêmes équipes peuvent aider les entreprises à renforcer leur position sur le marché en encourageant une gestion des coûts et une stratégie commerciale plus efficace. 

Les fonds d’investissement encouragent également l’innovation en Europe en finançant des projets de recherche et développement, en aidant les entreprises à collaborer avec des partenaires industriels et universitaires ou encore en facilitant l’accès à des compétences et des ressources en gestion. 

En plus de les stimuler, ces fonds protègent les innovations et leur développement en Europe afin d’éviter que les entreprises ne se tournent vers les États-Unis, où les financements sont plus importants. Voilà pourquoi, il est essentiel de mettre en valeur le rôle moteur du Private Equity dans le financement et le soutien à la croissance. 

 

Pour un usage responsable de l’investissement 

Au-delà des nombreux avantages présentés ici, il est important de garantir aux investisseurs comme aux bénéficiaires une utilisation responsable des capitaux disponibles en Private Equity. Car la croissance soutenue par ce type d’investissement ne sera durable qu’à ce prix. Les acteurs engagés dans cette classe d’actifs doivent donc être encouragés à adopter des pratiques responsables pour ne pas nuire in fine aux entreprises qu’ils financent. 

Pour les accompagner, les gouvernements et les autorités de réglementation doivent s’engager aujourd’hui à mettre en place des cadres juridiques et réglementaires. Parallèlement, les investisseurs doivent adopter des pratiques de gouvernance solides, mais aussi favoriser la transparence tout en évitant les conflits d’intérêts et en se protégeant des fonds qui chercheraient à profiter de la situation fragile de certaines entreprises. 

Enfin, pour jouer pleinement ce rôle essentiel d’acteur économique durable, le Private Equity doit veiller à sélectionner les « bons » projets : ceux qui visent à répondre concrètement aux enjeux économiques, environnementaux et sociaux de notre temps, en visant une création de valeur réelle à long terme. 

Les besoins de financement pour accompagner les transformations sociétales sont immenses. Les moyens pour les financer doivent l’être tout autant ! Il est donc de notre responsabilité à tous, acteurs du Private Equity et investisseurs privés, d’y contribuer.

Une tribune rédigée par: Johnny El Hachem – CEO d’Edmond de Rothschild Private Equity 

 

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