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Actions européennes : une opportunité à la fois prometteuse et bon marché

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Modèle 3D de la Terre illustrant les lumières nocturnes du continent européen, réalisé à l'aide du logiciel Blender. Getty Images

Jusqu’à récemment, le Vieux Continent semblait en perte de vitesse, les actions européennes peinant à suivre le rythme effréné de Wall Street. En 2024, l’indice MSCI EAFE — qui regroupe les marchés développés hors États-Unis et Canada — n’avait gagné que 4,3 %, contre un bond de 25 % pour le S&P 500. Mais en 2025, la tendance s’est nettement inversée : le MSCI affiche désormais une hausse de 15,4 %, tandis que l’indice phare de Wall Street ne progresse que de 1,3 %.

 

Il y a de solides raisons de croire que les actions des marchés développés hors États-Unis — et notamment les européennes — pourraient bientôt repartir à la hausse. C’est l’analyse d’Elisa Mazen, responsable de la croissance mondiale chez ClearBridge Investments (groupe Franklin Templeton), dans une interview.

Selon Elisa Mazen, la combinaison entre la hausse des droits de douane américains et le renforcement des mesures de relance en Europe pourrait doper les bénéfices des entreprises européennes — une dynamique qui, en général, tire les actions vers le haut. À cela pourrait s’ajouter un assouplissement du cadre réglementaire, ce qui favoriserait, selon elle, « une accélération de la croissance des bénéfices et une revalorisation des actions dans la région ».


Dans une note de recherche cosignée avec ses collègues Michael Testorf et Pawel Wroblewski, l’équipe de ClearBridge souligne : « L’Europe présente aujourd’hui un terrain plus favorable pour une reprise des bénéfices, partis de niveaux historiquement bas, et une revalorisation des actions, à mesure que les investisseurs redécouvrent le potentiel de la région ».

Elisa Mazen reconnaît que les actions américaines bénéficient de solides atouts, comme leur avance technologique et un accès abondant aux capitaux. Mais elles ne sont pas exemptes de fragilités : déséquilibres commerciaux persistants, déficit fédéral en forte hausse… autant de facteurs qui pourraient peser sur l’attrait des marchés américains. L’instauration de nouveaux droits de douane par Donald Trump risque par ailleurs de freiner les flux d’investissement vers les États-Unis, alors que Washington ne prévoit, pour l’instant, aucune relance budgétaire d’envergure.

De leur côté, les actions étrangères regroupées dans l’indice MSCI EAFE — qui inclut, outre l’Europe, des économies majeures comme le Japon et l’Australie — affichent un net avantage en matière de valorisation. L’ETF iShares MSCI EAFE, qui réplique cet indice, présente un ratio cours/bénéfices de 16,9, contre 25,6 pour le SPDR S&P 500. Et certaines valeurs européennes individuelles sont particulièrement attractives : dans des secteurs comme la finance, la consommation ou la santé, les actions s’échangent à des niveaux bien inférieurs à ceux de leurs homologues américaines.

La relance budgétaire engagée en Europe constitue un autre facteur d’attractivité. Prenons l’Allemagne, troisième puissance économique mondiale derrière les États-Unis et la Chine : en mars, le Parlement a validé un vaste plan d’investissement, comprenant un fonds d’infrastructure de 500 milliards d’euros, un assouplissement du plafond des dépenses militaires, ainsi qu’une hausse des budgets alloués à la transition énergétique et aux semi-conducteurs, rappelle Elisa Mazen.

Ces choix reflètent un tournant politique. Comme le souligne une note de ClearBridge, coécrite par Mme Mazen, « face à la crainte d’une nouvelle agression russe et à la poussée de l’extrême droite lors des dernières élections allemandes, l’Allemagne a lancé un ensemble de mesures de défense et d’infrastructure d’une ampleur considérable ». D’autres pays européens pourraient suivre la même voie avec des hausses significatives des dépenses publiques.

À terme, la fin du conflit en Ukraine pourrait ouvrir un nouveau chapitre pour l’économie européenne, estime Elisa Mazen. La reconstruction d’après-guerre devrait générer une forte demande en équipements de chantier, acier et ciment. La Banque mondiale évalue ce chantier colossal à 480 milliards de dollars. Un retour progressif du gaz naturel russe vers l’Europe de l’Ouest et le Royaume-Uni permettrait par ailleurs d’alléger la facture énergétique des ménages comme des entreprises — un coup de pouce bienvenu pour la croissance.

Et les effets pourraient aller plus loin encore. Le rapport de ClearBridge évoque la possibilité d’un « réengagement de l’Occident en Russie » en cas de paix durable. Le retrait massif des investissements européens y a entraîné un manque à gagner estimé à 60 milliards de dollars. « Ces capitaux pourraient-ils revenir ? Nous pensons que cette éventualité est largement sous-estimée par les marchés », écrivent les auteurs.

Plus largement, Mme Mazen évoque un possible « retour à la moyenne » : alors que les valorisations des marchés développés sont restées quasi stables depuis vingt ans, les multiples américains ont bondi de 40 %. « Ce point de départ bas, combiné à de nouveaux catalyseurs politiques dans un paysage géopolitique en mutation rapide — notamment en Europe —, pourrait marquer le retour en force des actions mondiales hors États-Unis », conclut le document.

« Dans l’ensemble, un retour à la moyenne semble de plus en plus probable », estime Elisa Mazen. Dans une note publiée par son cabinet, on peut lire : « Les valorisations des marchés développés sont restées quasiment inchangées au cours des vingt dernières années, tandis que les multiples américains ont progressé de 40 %. Nous pensons toutefois que ce point de départ bas, associé à des catalyseurs politiques d’envergure dans un contexte géopolitique en pleine évolution — en particulier en Europe —, pourrait favoriser un rééquilibrage du leadership sur les marchés mondiaux. »

 

Une contribution de Larry Light pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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