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Women in STEM Europe : l’urgence économique et sociale d’une inclusion durable

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Angélique Gérard (photo : Amélie Marzouk)
Maintenant reconnue sous le haut patronage du Président de la République, l’initiative Women in STEM, fondée par Angélique Gérard et Léna Touchard, se donne pour mission de corriger une incohérence économique et sociale : la sous-représentation des femmes dans les métiers scientifiques et technologiques, un enjeu de souveraineté pour la France et l’Europe.

Si l’Europe tente de renforcer son indépendance technologique, un constat s’impose : les femmes sont largement absentes des filières d’avenir. Les STEM, acronyme anglo-saxon qui désigne les disciplines scientifiques, technologiques, d’ingénierie et de mathématiques, restent dominés par les hommes, et la tendance, loin de s’inverser, se dégrade depuis près de trente ans. Face à ce constat, l’initiative Women in STEM Europe a été lancée pour contrecarrer cette marche arrière, avec un plan d’action concret et une reconnaissance institutionnelle de poids : le haut patronage récemment attribué par l’Élysée.

« Women in STEM Europe est une société à mission dont la raison d’être est de créer les conditions d’une inclusion durable des femmes dans les filières technologiques et scientifiques afin d’accompagner les mutations économiques et renforcer notre compétitivité nationale et européenne. », explique Angélique Gérard, cofondatrice de Women in STEM Europe.

Le diagnostic est sans appel. Selon une étude de McKinsey, les femmes ne représentaient que 22 % des effectifs tech en Europe en 2023, et pourraient tomber sous les 21 % d’ici 2027. En France, le manque de mixité dans ces secteurs stratégiques se traduit par une perte estimée à 12 milliards d’euros de richesse potentielle chaque année. « On laisse la moitié des talents sur le banc de touche. », résume Angélique Gérard. Un fait économique alarmant alors que l’Hexagone manque de quelque 20 000 ingénieurs par an. « Les femmes sont une solution à cette guerre des talents qui nous empêche d’innover et qui ne nous permet pas d’accélérer face à des géants technologiques mondiaux que sont la Chine et les États-Unis. », poursuit-elle.

 

 


Présenter des role models pour endiguer l’absence des femmes dans la tech

Pour inverser le cours des choses, l’initiative Women in STEM Europe mise sur une approche systémique dont le premier levier est la visibilité. À travers son média intergénérationnel STEM Up et des événements de terrain, l’association à but non lucratif montre que les femmes scientifiques, ingénieures ou entrepreneures existent et réussissent. « On souhaite accélérer la mixité dans toutes les étapes du parcours, depuis les bancs d’école jusqu’au comité de direction. », affirme Angélique Gérard. L’idée est de montrer aux jeunes filles qu’il existe des modèles de réussite féminins dans la tech : des role models. « On ne peut pas rêver de devenir ce que l’on ne voit pas. », poursuit la cofondatrice.

Le deuxième axe de l’organisation, c’est la formation. En 2025, 1 000 femmes seront formées gratuitement aux fondamentaux de l’intelligence artificielle, compétence désormais incontournable. En parallèle, 300 étudiantes bénéficient d’un accompagnement aux soft skills – audace, confiance en soi, adaptabilité –, des armes essentielles pour évoluer dans des environnements encore très masculins.

« Il faut fournir aux talents féminins les outils pour se distinguer dans les secteurs stratégiques. Et grâce à nos partenaires financiers que sont des entreprises privées telles qu’Engie ou Bayer, on peut proposer des formations gratuites aux femmes qui veulent entreprendre. », explique Angélique Gérard.

Outre la formation, l’ancrage territorial est également un fer de lance pour Women in STEM Europe. Si l’initiative est concentrée à Paris, elle a néanmoins lancé un « Tour de France » de l’inclusion. Après Paris et Lille, Lyon et Bordeaux sont prévues, avant Marseille, Toulouse et une capitale européenne en 2026. Pendant trois jours à chaque étape, l’équipe intervient dans les écoles, rencontre les associations locales, les institutionnels et les entreprises afin de construire un écosystème durable au plus près des talents.

Obtenu en septembre 2025, le haut patronage présidentiel n’est pas seulement symbolique : il consacre une légitimité et constitue un atout conséquent pour accélérer le déploiement de Women in STEM Europe et convaincre de nouveaux partenaires financiers, indispensables à sa pérennité. Car cette société à mission, fondée sur fonds propres, repose en grande partie sur l’engagement bénévole de ses fondatrices.

 

Une bataille pour la compétitivité de l’Europe

Derrière les actions concrètes de Women in STEM Europe apparaît un plaidoyer plus large. La mixité n’est pas un enjeu secondaire ou un « supplément d’âme », mais bien un impératif de compétitivité. En effet, une main-d’œuvre diversifiée est plus innovante, plus résiliente et plus performante. Se priver du potentiel féminin, c’est affaiblir la capacité de la France et de l’Europe à innover et à assurer leur souveraineté technologique.

« On suit des profils féminins, on les accompagne et on essaye de les propulser dans les organes de direction. La mixité durable ne se joue pas uniquement dans les recrutements de juniors. C’est bien d’ouvrir des portes, mais il faut ensuite s’assurer que les talents puissent aller jusqu’en haut, et tout le monde ne peut pas y prétendre. », insiste Angélique Gérard.

Pour la cofondatrice, l’ambition de Women in STEM Europe est claire : « libérer 100 % du potentiel d’innovation. » Un objectif qui dépasse largement la seule question de l’égalité des chances pour devenir un pilier de la construction économique de la France et de l’Europe.

 


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