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Inégalités Salariales : Des Écarts « Aberrants », Malgré Les Lois

Getty Images

Il a fallu attendre 1946 pour que les femmes et les hommes soient enfin reconnus comme des égaux. Depuis cette date, l’égalité est un principe constitutionnel. Pourtant, les lois s’enchaînent pour assurer aux femmes l’égalité salariale et professionnelle. En 2018, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes reste 23,8% tous postes confondus. Des mesures doivent être prises pour supprimer ces écarts d’ici 2022.  

« Cela fait 35 ans que la loi n’est pas respectée », « c’est inégal et c’est complètement aberrant », a déclaré ce mardi 6 mars sur France Info la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Mercredi, le gouvernement doit recevoir les partenaires sociaux pour recueillir leurs propositions sur le sujet. En France, une première loi de 1972 instaure le principe de l’égalité de rémunération pour un même travail. Puis, la loi Roudy de 1983 aménage une directive européenne et réaffirme le principe d’égalité dans tout le champs professionnel (recrutement, rémunération, promotion, formation). Malgré cela, les femmes ont un salaire inférieur de 23,8% à celui des hommes, selon l’Insee (sur les salaires de 2014). Et 9,3% à poste et situation équivalents. 

En Europe, les femmes touchent en moyenne 16,3% de moins que les hommes, selon les chiffres Eurostat de 2015. Les différences les plus importantes sont à noter en Estonie (26,9%), en République Tchèque (22,5%), en Allemagne (22%), en Autriche (21,7%) et au Royaume Uni (20,8%). A l’inverse, les champions de l’égalité salariale sont le Luxembourg et l’Italie (5,5%), la Roumanie (5,8%), la Belgique (6,5%) et la Pologne (7,7%).

Plus de temps partiel et moins d’heures supplémentaires pour les femmes

En France, l’Insee précise que le revenu salarial intègre deux dimensions différentes : le salaire en équivalent temps plein (EQTP), et le volume de travail réalisé au cours de l’année. La différence de volume de travail entre les femmes et les hommes de 7,8% n’explique donc que très peu l’écart de revenu salarial de 23,8% constaté en 2014. Principale explication, les temps partiels, plus fréquents chez les femmes, et d’autre part, une durée de travail à temps plein inférieure à celle des hommes qui effectuent plus d’heures supplémentaires que leurs homologues féminines.

L’écart de salaire en EQTP entre les femmes et les hommes atteint 17,4% et explique donc près des trois quarts de l’écart de revenu fiscal.

Autre enseignement de l’Insee, l’écart salarial est plus marqué chez les séniors (25%) que chez les 25-39 ans (12%). « Plus on s’élève dans la hiérarchie des salaires, plus les écarts sont importants », explique l’institut. Les femmes atteignent non seulement moins souvent les postes de directions les mieux rémunérés, et auraient tendance, même aux échelons les plus élevés à moins bien négocier leur salaire.

Les hommes se tournent vers les professions les plus rémunératrices

Les hommes auraient également tendance, plus que les femmes, à se diriger vers des professions plus rémunératrices. Interviewées par France Info, Isabelle Bensidoun, qui publie Choix professionnels et écarts de salaires hommes-femmes : quels rôles des différences de préférences et attitudes face au travail ? dans la revue Population, indique que des « aspects non cognitifs » qui « recouvrent les traits de personnalité, mais aussi des préférences ou des normes sociales » expliquent que même si les femmes sont souvent plus éduquées que les hommes elles demeurent moins bien payées. Elle explique également que les hommes, plus que les femmes, privilégient leur carrière, et « se dirigent vers des professions plus rémunératrices que les femmes ».

« Pour le rattrapage salarial, il faut que les employeurs se mobilisent », a ajouté Muriel Pénicaud. Car l’Etat met déjà à disposition de nombreuses mesures, avec par exemple en 2014 la loi sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes qui pousse ces derniers à prendre un congé parental, à conditionner l’accès au marché public à des entreprises respectant l’égalité, à protéger les mères célibataires, à étendre à tous les champs le principe de parité, et mieux lutter contre les violences faîtes aux femmes.

 

 

 

 

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