En quelques années, Chrystelle Eid a fait d’Innerskin une référence dans l’univers de la médecine esthétique. À la tête d’une douzaine de centres répartis entre Paris, Londres et Dubaï, la fondatrice et CEO pilote une entreprise à croissance rapide tout en défendant une vision exigeante, méritocratique et profondément ancrée dans le soin. Entretien avec une dirigeante qui a trouvé sa place en bâtissant son entreprise.
Un article issu du numéro 31 – été 2025, de Forbes France
Qu’est-ce que cela change de s’être créé soi-même sa place de dirigeante ?
CHRYSTELLE EID : Je n’ai pas réfléchi à cette idée de « me créer une place de dirigeante. » Mon objectif, au départ, était simplement de créer Innerskin. Au fur et à mesure que l’entreprise a grandi, le leadership est devenu de plus en plus central. Et dans ce contexte, j’ai toujours tenu à maintenir une structure méritocratique. L’un des grands défis lorsqu’on devient dirigeant sans avoir été nommé, c’est que votre légitimité repose uniquement sur votre capacité à générer de l’impact, à convaincre les autres de vous suivre, souvent dans l’inconnu.
Quel regard portiez-vous, au départ, sur le rôle de CEO, et comment cette vision a-t-elle évolué ?
C.E. : Le rôle a évolué avec la croissance de l’entreprise. Au début, Innerskin, c’était une seule personne. Donc quand il fallait des stylos, « la CEO » allait les acheter au supermarché ! Aujourd’hui, nous avons beaucoup plus d’employés, mais l’état d’esprit est resté le même. On accorde toujours beaucoup d’importance aux petites choses, car elles peuvent faire une vraie différence. Sans ces stylos, on n’aurait jamais signé notre premier bail.
Votre façon de manager est-elle le reflet de votre parcours ?
C.E. : Oui, totalement. J’ai été formée à l’École polytechnique et au MIT, avant de travailler à Londres dans le private equity, chez Goldman Sachs puis Apollo. Ces environnements m’ont forgée. J’y ai appris la rigueur, l’attention au détail, la prise de décision rapide, même dans l’incertitude. Et cette exigence, je l’ai transposée chez Innerskin. Ce qui peut sembler éloigné de l’univers de l’esthétique partage en réalité le même niveau d’exigence absolue. On ne fait pas de l’à-peu-près quand il s’agit du visage d’un patient. Cette culture de précision guide notre manière de travailler, de progresser, et de manager.
En tant que femme CEO, avez-vous été confrontée à des stéréotypes ?
C.E. : Personnellement, j’ai eu la chance d’y échapper. Mon expérience a été globalement positive, avec du soutien aussi bien d’hommes que de femmes. Je me suis concentrée sur le travail, sur la construction d’une équipe solide et sur l’impact. En m’entourant de personnes qui valorisent les résultats plus que les apparences, j’ai évité certains obstacles auxquels d’autres sont confrontés.
Avez-vous déjà eu le sentiment qu’on attendait de vous une manière particulière de diriger, en tant que femme ?
C.E. : Pas vraiment. Je ne me suis jamais demandé ce qu’on attendait de moi en tant que femme CEO. J’ai toujours pris mes décisions dans l’intérêt d’Innerskin, selon mes valeurs. Pour moi, un leadership fort repose avant tout sur l’authenticité et l’adaptabilité, pas sur le fait de correspondre à une idée préconçue du rôle, quel que soit le genre.
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