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Pour atteindre les objectifs ESG, l’union fait la force

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Pour atteindre les objectifs ESG, l’union fait la force

Ne pas intégrer l’environnement dans sa stratégie, c’est ajouter de l’incertitude à l’incertitude et donc créer de nouveaux risques. Mais les approches doivent changer d’ambition, d’échelle et de vitesse d’exécution, et seront nécessairement collectives.

Une contribution de Jérémie Joos, Associé KPMG en France, Co-responsable du Centre d’Excellence ESG

 

Le monde économique est encore en état de sidération. La guerre tarifaire déclenchée récemment n’est pas seulement une affaire de droits de douane : elle provoque des remises en cause plus globales sur l’évolution des flux commerciaux mondiaux, sur la réorganisation des chaines de valeurs, la localisation des activités, les contours des supply chains. En parallèle, les questionnements et débats sur les trajectoires climatiques aux États-Unis et en Europe, mais aussi sur les valeurs fondant les démarches sociétales, ouvrent des abimes de perplexité dans les entreprises quant à leurs stratégies et pratiques ESG.


Le monde est en train de se redéfinir autour de la notion d’incertitude. Or l’incertitude est créatrice de risques face auxquels la tentation de l’inaction peut se faire jour. Y céder serait pratiquer la politique du pire, en particulier dans le domaine de l’adaptation aux dérèglements climatiques.

En décembre prochain, nous fêterons le dixième anniversaire de l’adoption finale de l’Accord de Paris, qui visait à contenir le réchauffement climatique largement en dessous de 2°C et à poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle. Nous n’y serons probablement pas, qu’il s’agisse des objectifs de baisse des émissions de CO2 ou de limitation de la hausse des températures. En 2024, pour la première fois, la hausse des températures du globe a dépassé le seuil des 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, selon le Rapport Copernicus du 10 janvier 2025. La hausse moyenne des températures de la planète entre 2013 et 2023 a été de 1,22°C.

Au cours des derniers mois, dans certains États membres et institutions européennes, les objectifs climatiques de l’UE ont été remis en cause et font l’objet de débats quant à leur ambition et à leur calendrier de mise en œuvre. Le 26 février, la Commission européenne a rendu publics deux projets de directives visant, dans un premier paquet, à simplifier les obligations de reporting et de diligence raisonnable en matière de durabilité prévues au titre de la CSRD, mais relançant, dans un deuxième paquet, les dispositifs de financement de la transition énergétique et annonçant la création d’une « Banque de la décarbonation ».

Les entreprises doivent-elles relâcher l’effort ? Certainement pas ! Pour au moins une raison : l’inaction va coûter de plus en plus cher et certaines entreprises commencent même à en payer le prix. Dans leurs approvisionnements ou dans la valeur de leurs infrastructures ou de leurs actifs physiques ce qui impactera leur capacité à investir demain. Les organisations ne peuvent travailler sur leur compétitivité sans penser leur résilience, explorer de nouveaux espaces de création de valeur sans soigner leur adaptation au dérèglement climatique et plus largement leur impact environnemental. L’élévation des températures est une menace de moyen et long terme, qui sera de plus en plus coûteuse et pourrait rendre des territoires entiers inassurables à cause de phénomènes météorologiques extrêmes. Selon un rapport de l’Institut britannique des actuaires (IFoA), sans réaction rapide, l’économie mondiale pourrait subir une perte de 50 % du PIB entre 2070 et 2090, du fait du réchauffement climatique.

Les approches doivent donc changer d’ambition, d’échelle et de vitesse d’exécution. Pour y parvenir et maintenir, puis régénérer notre capital naturel essentiel à toutes nos activités économiques, ces approches seront nécessairement collectives. D’abord, parce que les chaînes de valeur sont mondiales, complexes et souvent atomisées et que les solutions doivent être globales, car aucune entreprise ne dispose seule de l’ensemble des expertises ou des outils nécessaires. Ensuite, parce que les transformations à engager sont coûteuses, ce qui ne peut que nous inciter à privilégier la coopération à la compétition, à travailler au sein d’écosystèmes communs et de filières, à mutualiser des ressources financières. Enfin, parce que toute transformation est synonyme d’incertitude et qu’elle suppose donc de la confiance dans les solutions proposées.

 

En la matière, l’union fera la force. L’heure est à des standards communs, à des solutions qui passent à l’échelle, à des investissements partagés. Il est indispensable désormais de gommer les frontières entre le « business plan » de l’entreprise et sa stratégie RSE : ces deux approches ne doivent désormais faire qu’une.

 


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