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La maison qui surchauffe en été n’est pas une fatalité : il est temps d’adapter nos logements au changement climatique !

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La maison qui surchauffe en été n’est pas une fatalité - Il est temps d’adapter nos logements au changement climatique !

C’est l’histoire d’un monde qui avait trop chaud. Alors, il inventa une machine pour se rafraîchir. Puis une autre pour supporter la chaleur produite par la première. Et ainsi de suite. Jusqu’à ce qu’il comprenne que la véritable magie ne réside pas dans la lutte coûteuse contre la chaleur, mais dans l’art simple et intelligent de l’empêcher d’entrer.

Une contribution d’Audrey Mina, Directrice Marketing SOMFY France

 

Chaque été, on feint l’étonnement. Comme si le dérèglement climatique venait de
commencer. Comme si l’urgence thermique n’était pas déjà là, sous nos fenêtres. Et on
redécouvre inlassablement ces scènes qui défilent sur les chaînes d’infos : des Français qui se
précipitent en magasin pour acheter à tout prix des climatiseurs mobiles. Sans oublier les
influenceurs qui relaient des solutions de fortune, témoignages d’un bon sens populaire… qui
ne suffit plus. Car face à un climat qui s’emballe, le système D atteint ses limites.


 

La maison qui surchauffe, nouvelle fracture sociale

La canicule ne touche pas tout le monde de la même manière. Dans les appartements mal isolés, sous les toits, dans les grandes villes ou les territoires ruraux délaissés, chez les personnes âgées ou isolées, le logement n’est plus un refuge : il devient un piège calorifique. Été après été, une fracture silencieuse s’accentue : celle de l’insécurité thermique, devenue un véritable enjeu de santé publique. Le manque d’anticipation ne risque pas d’arranger les choses : nos logements actuels représenteront encore 80% du parc en 2050, et seule une infime minorité est adaptée à ces épisodes de forte chaleur.

Il est urgent de repenser notre riposte au réchauffement climatique. Non pas en rejetant la climatisation – elle est parfois nécessaire – mais en adoptant d’abord des stratégies passives : protections solaires (volets et stores), ventilation naturelle, gestion intelligente des ouvertures… autant de leviers qui réduisent considérablement le besoin de refroidissement. Gardons à l’esprit le principal : commençons par empêcher la chaleur d’entrer, avant de chercher à l’évacuer !

 

Le confort d’été commence par un réflexe oublié

À cet effet, il existe des gestes efficaces, peu coûteux et faciles à mettre en œuvre : fermer les fenêtres, les volets et les stores en journée, aérer la nuit, utiliser des brasseurs d’air… Ce bon sens thermique est souvent négligé, mais il reste redoutablement efficace. Car il faut savoir qu’une fenêtre exposée aux rayons du soleil peut avoir le même pouvoir calorifique qu’un radiateur. Essentielle en hiver pour réduire sa consommation de chauffage, cette chaleur devient insupportable en plein été. Les volets et les stores deviennent ainsi des « thermostats inversés », capables de réduire la température intérieure de 4°C à 7°C lors des pics de chaleur. Divers organismes, comme la Fondation pour le Logement des Défavorisés, mais aussi des élus, ont d’ailleurs proposé un « plan volet » pour aider les ménages les plus exposés à s’équiper.

Seulement voilà : cette approche ne suffit pas. D’abord parce qu’il faut intervenir manuellement pour empêcher les rayons solaires de pénétrer dans la maison, donc être présent dans les lieux. Certes, il est possible dans certains cas de programmer des tranches horaires, mais celles-ci ne tiennent pas toujours compte de l’ensoleillement ou de la température extérieure.

 

La maison intelligente : un allié discret mais redoutable contre la canicule

C’est là qu’interviennent les protections solaires intelligentes : des volets ou des stores extérieurs qui se ferment automatiquement selon l’ensoleillement ou la température, même en l’absence des habitants. Ce type d’équipement réduit le recours à la climatisation, voire permet de s’en passer. Et lorsqu’un système de refroidissement est installé, cette solution en améliore considérablement la performance.
La bonne nouvelle, c’est que la filière des protections solaires et de l’habitat connecté est déjà opérationnelle et bien développée dans notre pays. Des entreprises françaises et européennes innovent, produisent localement des solutions efficaces et abordables, et des milliers d’artisans sont formés pour intervenir rapidement et partout sur le territoire.

 

Une occasion manquée des politiques publiques

Et pourtant, les politiques publiques restent étrangement timides sur ce sujet. Alors que l’adaptation des logements devrait être une priorité nationale face à l’augmentation des épisodes de canicule.
Aujourd’hui, près de 40 % des logements en France ne disposent pas de protections solaires efficaces. Et sur les plus de 80 000 rénovations globales aidées par MaPrimeRénov’ en 2024, seules quelques dizaines incluaient des protections solaires ou des brasseurs d’air. Plus préoccupant encore, le taux de TVA réduit à 5,5% ne s’applique toujours pas aux protections solaires les plus répandues et les plus accessibles – volets roulants et stores extérieurs – alors qu’elles constituent le premier rempart contre la chaleur pour les ménages modestes.

Certes, la France s’est dotée d’un Plan National d’Adaptation au Changement Climatique. Mais ce plan reste largement sans traduction concrète et renvoie à des études d’efficacité ou de faisabilité, alors que des solutions existent déjà et ont fait leurs preuves. Il est temps d’intégrer la résilience face à la chaleur comme un critère de performance – énergétique et sanitaire – à part entière, au même titre que l’isolation ou le chauffage. On ne peut plus parler de rénovation performante sans y intégrer l’adaptation au changement climatique : comment expliquer qu’un logement pourrait être efficacement préparé aux rigueurs de l’hiver, mais malheureusement vulnérable aux grandes chaleurs estivales ?

Le confort d’été n’est ni un luxe ni un gadget. C’est une mesure de santé publique, de sobriété énergétique et de justice climatique. Il est urgent de sensibiliser nos dirigeants, mais aussi les professionnels et les particuliers à des solutions simples, passives, intelligentes et surtout disponibles. Les étés à venir seront de plus en plus chauds : c’est inévitable. Mais nous avons les moyens d’en atténuer les effets. À condition d’agir maintenant.

 


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