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La forêt amazonienne au point de non-retour et en passe de devenir un gigantesque désert ?

La forêt amazonienne s’apprête à changer de paysage (Getty)

L’horloge tourne pour l’Amazonie, et pour nous. La forêt amazonienne a connu sa pire sécheresse jamais enregistrée en 2023. De nombreux villages sont devenus inaccessibles par voie fluviale, des incendies de forêt ont fait rage et la faune sauvage périt. La plus grande forêt du monde approche rapidement d’un point de non-retour. À ce stade, peut-elle en réchapper ?

Une part importante de la forêt amazonienne, régulatrice cruciale du climat et réserve précieuse de biodiversité, pourrait franchir « un point de rupture » d’ici à 2050 en raison de la sécheresse, des incendies et de la déforestation, avertit une étude publiée mercredi 14 février. « Entre 10 et 47 % » de la surface de l’Amazonie « seront exposés à des perturbations cumulées susceptibles de déclencher des transitions écosystémiques inattendues et d’exacerber le changement climatique régional », estime l’étude publiée dans la revue Nature par un groupe international d’une vingtaine de chercheurs.

 

Le « poumon » du monde en grave danger

Avec près de 390 milliards d’arbres, soit 13 % des arbres de la planète, la forêt amazonienne est l’une des trois plus importantes forêts primaires du monde. En effet, elle abrite « 10 % de la biodiversité de la planète », stocke une « quantité de carbone équivalente à quinze à vingt ans d’émissions » de l’humanité et produit un effet de « refroidissement net qui contribue à stabiliser le climat de la planète », rappelle l’étude.

La saison des pluies en Amazonie aurait dû commencer en octobre, mais le temps était encore sec et chaud jusqu’à fin novembre. Il s’agit d’un effet du phénomène climatique cyclique El Niño, amplifié par le changement climatique. El Niño provoque un réchauffement de l’eau dans l’océan Pacifique, ce qui pousse l’air chaud au-dessus des Amériques. Cette année, l’eau de l’Atlantique Nord a également été anormalement chaude et de l’air chaud et sec a enveloppé l’Amazonie.

Les saisons sèches passées donnent une indication des dégâts qui pourraient être causés. Selon certaines estimations, la « sécheresse Godzilla » de 2015 a tué 2,5 milliards d’arbres et de plantes dans une petite partie seulement de la forêt – et elle a été moins grave que la dernière sécheresse.

 

Tirer la sonnette d’alarme

En plus d’abriter une biodiversité étonnante, l’Amazonie stockerait environ 150 milliards de tonnes de carbone. De nombreux scientifiques craignent que la forêt ne se dirige vers un point de bascule théorique : un point où elle sèche, se désagrège et se transforme en savane. Dans l’état actuel des choses, l’Amazonie crée son propre système météorologique. Dans la vaste forêt tropicale, l’eau s’évapore des arbres pour former des nuages ​​de pluie qui se déplacent au-dessus de la canopée des arbres, recyclant cette humidité cinq ou six fois. Cela maintient la forêt fraîche et hydratée, lui fournissant ainsi l’eau dont elle a besoin pour maintenir la vie.

Mais si des pans entiers de la forêt disparaissent, ce mécanisme pourrait être brisé. Et une fois que cela se produira, il ne sera peut-être plus possible de revenir en arrière. Actuellement, 17 % de l’Amazonie a été déboisée et la température mondiale est de 1,1 °C à 1,2 °C au-dessus des niveaux préindustriels.

D’autres signes indiquent que l’écosystème est en grave difficulté. Dans deux lacs de la région, 276 dauphins ont été retrouvés morts en l’espace de quelques semaines. Et pour cause ? La hausse de la température de l’eau, bien au-dessus désormais de la température du corps des cétacés.

Si la sonnette d’alarme est tirée depuis des années en ce qui concerne la forêt amazonienne, il y a quelques lueurs d’espoirs à ne pas négliger. La déforestation a diminué dans tous les pays de l’Amazonie en 2023 et tous les pays concernés se sont engagés à la ramener à zéro d’ici 2030. Des recherches indiquent que certaines parties de la forêt survivront, en particulier celles ayant un accès facile aux eaux souterraines, comme les vallées.

 


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